Des religieuses du Vatican alertent sur leurs conditions de travail
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Une confusion entre la notion de service et la gratuité. C’est en substance ce que dénonce l’enquête parue ce 2 mars dans le supplément de L’Osservatore Romano, "Donne, Chiesa. Mondo" ("Femmes, Église, Monde") dirigé par Lucetta Scaraffia, historienne et journaliste italienne.
Un travail de domestique qui n’est pas reconnu
Dans le petit état de la Cité du Vatican, c’est une coutume pluriséculaire. Évêques et cardinaux ont chacun à leur service plusieurs religieuses. «Elles se lèvent aux aurores pour préparer le petit déjeuner et se couchent une fois que le diner a été servi, la maison remise en ordre, le linge blanchi et repassé», raconte l’enquête basée sur des témoignages anonymes de sœurs.
«Sœur A», par exemple, regrette de ne jamais être invitée à la table qu’elle sert: «Est-il normal pour un consacré d’être servi par un autre consacré de cette manière ?».
«Elles se sentent redevables, alors elles se taisent»
Cette situation crée en elles «une forte rébellion intérieure» qui ne peut qu’être étouffée…En effet, ces religieuses, blessées, ont pour la plupart des histoires compliquées. «Elles se sentent redevables, alors elles se taisent».
En outre, cette asymétrie entre religieux et religieuses pose de nombreux problèmes logistiques. «Sœur C» perçoit l’absence ou le peu de rémunération dont elles bénéficient, comme un grand problème pour faire vivre les communautés religieuses auxquelles chacune appartient.
Asymétrie entre la figure du prêtre et de la sœur
En filigrane, ce manque de considération patent démontre que la femme est moindre que l’homme, et que surtout, «le prêtre est tout et la sœur n’est rien dans l’Église».
Une sorte de consensus tacite qui revient à confondre la notion chrétienne de service avec la servitude. Ironie des agendas, le Pape François rendait publique le jour même sa lettre de remerciement à l’écrivaine espagnole María Teresa Compte, auteur du livre Dix choses que le Pape François propose aux femmes. Une lettre dans laquelle le Pape s’inquiétait justement d’un tel glissement symbolique dans les consciences.
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