Saint-Siège : la liberté religieuse reste menacée dans le monde
Sergio Centofanti – Cité du Vatican
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès des agences onusiennes de Genève est intervenu ce vendredi 2 mars lors de la 37ème session du Conseil pour les Droits humains, dénonçant avec énergie les violations faites à la liberté religieuse aujourd’hui dans le monde.
Mise à l’écart et persécutions
De nombreux Etats « semblent être dans une attitude de refus vis-à-vis de la liberté religieuse, adoptant un comportement de marginalisation et parfois même de persécutions ouvertes des minorités », a expliqué Mgr Ivan Jurkovič. Il souligne que les lois et les politiques discriminant les minorités religieuses et limitant la liberté de religion et de croyance, comme celles sur le blasphème ou punissant la conversion, sont encore présentes dans le monde d’aujourd’hui. « D’autres Etats ne protègent pas leurs citoyens appartenant à des minorités religieuses quand ils sont la cible de violences ou alors ils les empêchent d’avoir accès à la justice et ne leur garantissent pas de procès équitables. »
Par ailleurs, dans les Etats qui promeuvent « une idéologie de sécularisation radicale niant les sentiments religieux de leurs citoyens », on remarque des « formes plus silencieuses et sophistiquées de préjudices et d’opposition envers les croyants et les symboles religieux », en particulier dans l’éducation des jeunes et concernant l’objection de conscience.
Pour une société ouverte à la transcendance
Mgr Ivan Jurkovič répète qu’une « société basée sur le respect de la liberté religieuse et de confession est plus forte, et non plus faible ». Respecter les convictions les plus profondes des membres d’une société est, en effet, la condition préalable sur laquelle peut être construite une authentique culture des droits humains. Chaque société, en tant « qu’expression de la personne et de l’ensemble de ses composantes, doit vivre et s’organiser de telle manière que soit favorisée l’ouverture à la transcendance ». Pour cette raison, les lois et les institutions d’une société ne peuvent être configurées en ignorant la dimension religieuse des citoyens, estime le prélat.
« Malheureusement, a-t-il regretté, ce comportement réducteur est parfois perçu dans certains milieux », au sein des agences et organisations internationales par exemple , « comme des idéologies et des notions controversées qui ne sont pas en lignes avec les instruments internationaux ». A l’instar du Pape François, il observe qu’il peut y avoir « le risque, d’une certain manière, paradoxal, qu’au nom des droits humains, des formes modernes de colonisations idéologiques se voient instaurées, celles des plus forts et des plus riches sur les plus faibles et les plus pauvres ». Un tel positionnement, loin d’être rare, ne peut qu’affaiblir ces institutions, juge-t-il, en rendant inutiles le système multilatéral des droits humains, alors qu’il est déjà critiqué.
Une vision réductive de la personne humaine
Le Saint-Siège juge aussi « extrêmement préoccupant » le fait que le Rapporteur spécial de l’ONU ait utilisé l’expression « liberté vis-à-vis de l’Eglise », un concept qui n’existe pas dans les instruments internationaux et qui révèle une idée paternaliste de la religion.
Citant le Pape François, Mgr Jurkovič a répété avec force que « la dimension religieuse est pas une sous-culture, mais une partie prenante de chaque peuple et de chaque nation ». Ne pas prendre en compte l’importance des religions, « nier ou limiter de manière arbitraire » la liberté religieuse signifie cultiver une vision réductive de la personne humaine et, en dernière analyse, cela signifie rendre impossible une paix authentique et pérenne de toute la famille humaine ».
Fondamentalisme et laïcisme, ennemis de la laïcité
Dans une seconde intervention, en date du 1er mars, le prélat a répété la nécessité de respecter l’identité culturelle des peuples qui est étroitement liée à la liberté de pensée de conscience et de religion. « Même la religion est une dimension essentielle de la culture , et en effet, la distinction entre l’Etat et la religion est d’une importance centrale. Trouver le juste équilibre entre Etat et religion exige que la sûreté de l’Etat et de ses peuples ne soit pas menacée par le fondamentalisme religieux, ni que la religion ne soit écrasée par le sécularisme ». Comme l’a dit Benoît XVI « le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes spectaculaires de refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité », a-t-il conclu.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici