Avant le synode sur l’Amazonie, le Saint-Siège accélère sur la diplomatie écologique
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Les forêts sont un «un trésor irremplaçable», elles «méritent notre attention, notre étude et notre protection». C’est par ces paroles laudatrices que le Libanais maronite, Mgr Simon Kassas, a défendu les 4 milliards d’hectares de forêt qui verdoient la planète.
Il s’exprimait dans le cadre d’une session de travail onusienne sur les forêts à horizon 2017-2030.
La lucre, responsable de la déforestation
L’«obsession pour le profit», «certaines formes de développement industriel» et le poids de la dette extérieure des pays pauvres, sont coupables de ces déforestations qui se multiplient, a-t-il pointé. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), depuis 1990, le nombre d’hectares occupés par les forêts est en diminution de 129 millions.
Le principe de justice, règle d’or des forêts
Le diplomate a donc plaidé pour que les communautés locales deviennent enfin «protagonistes de la conservation de l’environnement», et que leurs droits et valeurs soient naturellement respectés : «Les forêts ne seront gérées de manière durable qu’avec l’implication constante et active des populations locales dans leur propre culture», a-t-il soutenu.
Dans pareil contexte, l’approche écologique doit être accompagnée d’une approche sociale, les questions de justice et de répartition des terres lui étant indissociable.
L’effet Laudato Si’
Depuis l’élection de François en 2013, le Saint-Siège est devenu expert de la diplomatie écologique. Le fait que le continent sud-américain, dont est originaire le Souverain pontife, soit le plus affecté par la déforestation - environ 4,3 millions d’hectares détruits par an – n’y est pas étranger. La parution de l’encyclique Laudato Si’ en mai 2015 représente l’acmé et le texte de référence de cette dynamique écologique promue par le Saint-Siège.
C’est d’ailleurs en réponse à cette encyclique écologique que les évêques d’Angola et San Tomé avaient créé une forêt «Laudato Si», composée de 400 types d’arbres différents, en mars dernier. L’Angola faisant partie du Bassin du Congo, 60 millions d’hectares de forêts et second poumon écologique du monde après l’Amazonie, l’initiative fut remarquée.
Vers le synode
Outre Laudato Si’, les discours pontificaux font très fréquemment allusion à la défense de la terre; les derniers exemples en date étant ceux du Souverain pontife lors de son voyage apostolique à Puerto Maldonado, en Amazonie péruvienne en janvier dernier.
En prélude au prochain synode sur l’Amazonie en octobre 2019, le Pape y avait souligné les problèmes découlant du «néo-extractivisme et de la pression exercée par de grands intérêts commerciaux qui veulent s’emparer du pétrole, du gaz, du bois, de l’or et de formes de monoculture agro-industrielle ». D’autre part, avait-t-il dit, « ses terres sont menacées par la déformation de certaines politiques visant à la “conservation” de la nature sans tenir compte des hommes et des femmes […] qui l’habitent ».
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