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Le cardinal Sandri lors du symposium organisé à l'Université de la Sainte-Croix à Rome, ce lundi 25 juin Le cardinal Sandri lors du symposium organisé à l'Université de la Sainte-Croix à Rome, ce lundi 25 juin  

La défense inlassable du Saint-Siège pour la liberté religieuse

Un grand colloque organisé sous la houlette de l’Aide à l’Église en détresse, de la communauté Sant ’Egidio et de l’ambassade des États-Unis près le Saint-Siège, dans la perspective d’une rencontre sur ce même thème à Washington à la fin du mois de juillet, a réuni plusieurs figures de proue diplomatiques, politiques et ecclésiastiques engagées pour les droits humains, lundi 25 juin à l’université pontificale Sainte-Croix dans le centre de Rome.

Des propos recueillis par Delphine Allaire et Devin Watkins -  Rome

«La liberté religieuse est le fondement de toutes les autres libertés». Par ce postulat, le cardinal Sandri, préfet du dicastère pour les Eglises orientales, plante le décor. Selon lui, le combat de l’Église envers cette liberté particulière fait partie de «sa mission prophétique», c’est un «service à l’humanité souffrante». Il incombe donc aux gouvernants de faire de la Raison d’Etat une raison humaine, recentrant leur actions sur la dignité des personnes, car «même dans nos pays dits évolués, il existe un risque latent d’empêcher l’exercice de la liberté religieuse, ou en tout cas de la limiter». Lors de ce symposium, auquel prenait également part le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Parolin a cité le Pape François pour mettre en garde contre «les tyrannies modernes qui veulent supprimer la liberté religieuse ou cherchent à la réduire à une sous-culture sans droit d’expression dans la sphère publique, ou qui cherchent à utiliser la religion comme prétexte pour la haine ou la brutalité».

Au nom du Saint-Siège, après les événements dramatique de l’été 2014 dans la plaine de Ninive en Irak, le cardinal Sandri considère les débats croissants dans le monde musulman «avec espérance».

Cette garantie d’une liberté religieuse aux quatre coins du monde passera nécessairement par l’engagement de tous, notamment des chrétiens et de leur union, a-t-il également glissé aux participants, mentionnant la prochaine rencontre de Bari (sud de l’Italie), le 7 juillet.

Ce sommet qui prendra la forme d’une prière pour la paix au Moyen-Orient du Pape avec les Patriarches des Églises d’Orient devrait redonner un nouveau souffle à la cause des chrétiens d’Orient, principales victimes de persécutions religieuses.

Entretien avec le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales

Avant de conclure son intervention, le préfet pour la Congrégation pour les Eglises orientales s’est prononcé en faveur de la préservation du modèle libanais, «coûte que coûte». Concernant l’Irak, il a jugé qu’un retour des chrétiens dans la plaine de Ninive, comme celui des autres minorités, doit passer par la reconstruction non seulement matérielle mais également des consciences blessées. Il juge avec suspicion «des zones protégées» pour les chrétiens et appelle à une collaboration renouvelée entre Bagdad et Erbil pour garantir une cohabitation stable et une citoyenneté commune à tous les Irakiens, peu importe leur confession.

Lors de ce symposium, un Yézidisirakien a offert son témoignage tout comme l’archevêque de Karachi au Pakistan, Mgr Joseph Coutts qui sera créé cardinal le 29 juin prochain. La Constitution de son pays à 95% musulman garantit la liberté religieuse. Les chrétiens représentent 2,5% de la population pakistanaise, sans être pourtant une minorité cachée ou invisible mais, au contraire, elle est engagée dans la vie du pays. Leurs écoles ou hôpitaux sont appréciés par les autorités, mais pas par tous.

Entretien avec Mgr Coutts, archevêque de Karachi

 «Selon la Constitution, nous bénéficions de la liberté religieuse, et au Pakistan, vous verrez beaucoup d’églises, beaucoup d’institutions catholiques. L’Eglise a des écoles, des hôpitaux, et des institutions pour fournir un travail aux personnes handicapées, aux drogués. Nous avons aussi la Caritas Pakistan et lorsqu’il y a une catastrophe naturelle, avec l’aide de Caritas Internationalis nous avons toujours été en première ligne. Tout cela fait de nous une communauté visible. Même si nous représentons un petit pourcentage de la population, nous ne sommes pas une minorité silencieuse ou cachée. Nos engagements sont visibles. Le gouvernement apprécie ce que l’on fait, tout comme nombre de nos frères et sœurs musulmans. Mais nous avons nos difficultés.

Nous faisons encore face à de nombreuses discriminations, et il y a d’autres défis depuis une décennie avec l’émergence d’un nouveau phénomène, une forme d’Islam militant. Plus que militant. C’est une forme extrémiste de l’Islam comme Al Qaeda, les talibans ou l’Isis qui a probablement des liens avec des groupes extrémistes locaux. Ce sont ces groupes qui ont attaqué certaines de nos églises. Ce n’était pas le cas avant. Le gouvernement nous offre une protection à toutes nos églises, en particulier le dimanche et quand nous le demandons. Quand il y a un rassemblement, le gouvernement nous suggère de demander une protection policière. Ce sont certains des problèmes que nous rencontrons, mais c’est notre responsabilité en tant que chrétiens et qu’Eglise de de témoigner de notre foi. C’est ce que nous faisons en nous engageant comme nous le faisons. Comme le Christ en donna l’exemple avec le bon Samaritain. Toutes nos institutions sont ouvertes à tous. Ce n’est pas limité aux chrétiens ou aux catholiques. Tout ce que nous faisons est ouvert à tous. Et de cette manière, nous vivons comme une communauté chrétienne comme le sel dans la société, en donnant nous l’espérons de la lumière aux autres. »

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25 juin 2018, 19:03