Le Vatican dément toute protection accordée au fondateur du "Sodalitium"
Luis Fernando Figari n’est pas caché ni protégé par le dicastère en charge de la vie consacrée. Pour couper court aux rumeurs, la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique a diffusé un communiqué, diffusé sur le site de la conférence épiscopale péruvienne, et clarifiant sa position vis-à-vis de celui qui a fondé en 1971 le "Sodalitium Christianae Vitae", un mouvement devenu très puissant en Amérique latine, où il fut perçu comme un levier idéologique pour contrer l'influence de la théologie de la libération.
Le dicastère rappelle que dès janvier 2017, il a adressé une lettre au supérieur général du mouvement pour déterminer le «possible fondement, en particulier mais pas exclusivement, des dénonciations d’abus sur mineurs», qui constituaient l’accusation principale portée contre Luis Fernando Figari. Par la suite, d’autres dérives ont été dénoncées : violence psychologique, mauvais traitements, abus de pouvoir, irrégularités et manque de transparence dans la gestion du Sodalicio, utilisation de méthodes de formation inadéquates.
La Congrégation explique sa demande d’éviter un retour du fondateur au Pérou non par une volonté de faire obstacle aux procédures judiciaires, mais au contraire par une intention d’en garantir le bon déroulement, car s’il retournait au Pérou, où il dispose de nombreux appuis, il risquerait de «causer d’autres dommages, surtout aux personnes, d’occulter ou de détuire des preuves contre lui», ou de faire obstacle au cours normal de la justice ecclésiastique ou de l’État.
Il ne s’agit toutefois pas d’une demande absolue mais d’un simple conseil adressé aux responsables actuels du mouvement. Son éventuel retour au Pérou, par exemple pour répondre à des juges, pourrait tout à fait être autorisé par le commissaire apostolique. Il est par ailleurs précisé dans ce communiqué que Figari n’a jamais résidé au Vatican, mais que des recours juridiques sont encore en cours dans son dossier, qui n’est donc pas canoniquement clos.
Cette association reconnue par le Vatican comme "société de Vie apostolique" depuis 1997 est dans la tourmente depuis la révélation en 2011 d'une affaire «d'abus très graves», selon les termes même du Supérieur général, Alessandro Moroni, qui a remis sa charge dans les mains du Saint-Siège. Beaucoup d'observateurs comparent cette affaire à celle qui a éclaboussé les Légionnaires du Chrsit, compte tenu du système de dissimulation des abus longtemps assumé par les responsables de cette communauté, et de comportements semblant relever de l'emprise sectaire.
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