Le Nicaragua au centre d'un appel entre le cardinal Parolin et le vice-président américain
Manuella Affejee- Cité du Vatican
Répondant aux sollicitations des journalistes, le Bureau de presse du Saint-Siège a donc confirmé la conversation téléphonique advenue vendredi entre le secrétaire d’Etat du Saint-Siège et le vice-président américain sur la situation au Nicaragua, sans fournir plus de détails.
Dans un communiqué publié vendredi, la Maison-Blanche affirmait que Mike Pence reconnaissait le travail de l’Eglise nicaraguayenne en faveur du dialogue, de la protection des droits de l’Homme et de la liberté religieuse ; et louait son engagement dans les négociations de paix.
L'Eglise engagée coûte que coûte au service du dialogue
La conférence épiscopale, conduite par le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua, s’est en effet portée «garante et témoin» du dialogue national entre le président Daniel Ortega et ses opposants. Mais les prises de parole courageuses de plusieurs évêques face à la dureté de la répression n’ont pas pas eu l’heur de plaire au président Ortega. Dans une violente diatribe, il les a qualifiés de «putschistes», de «satanistes», les accusant même de comploter contre lui.
Les menaces et actes d’intimidations envers l’Eglise n’ont dès lors cessé de croitre. Plusieurs lieux de culte ont été profanés, des religieux et laïcs malmenés ; le 9 juillet, des militants pro-gouvernementaux prenaient à partie le cardinal Brenes, son évêque auxiliaire, Mgr José Silvio Baez, et le nonce apostolique Mgr Waldemar Stanislaw Sommertag dans la cathédrale de San Sebastian. Une semaine plus tard, un autre évêque échappait par miracle à une attaque préméditée de paramilitaires.
Nonobstant les circonstances difficiles, l’épiscopat affiche une sereine détermination, prônant la nécessité d’un dialogue sincère et authentique, seule voie possible pour la réconciliation. Les évêques nicaraguayens ont d'ailleurs reçu le soutien de leurs confrères mexicains, argentins, panaméens ou costaricains. Au cours de l’Angélus du 3 juin dernier, le Pape François disait prier pour la fin des violences dans le pays. «L'Eglise est toujours favorable au dialogue mais pour cela elle demande l'engagement effectif à respecter la liberté, et avant tout, la vie», avait-il déclaré en écho aux positions affichées par l’épiscopat local.
317 morts depuis 3 mois
Depuis plus de 3 mois, le gouvernement Ortega fait face à une contestation populaire sans précédent. Les manifestations ont débuté avec l’annonce d’une réforme de la sécurité sociale, qui a été abandonnée par la suite. Le mouvement a pris de l’ampleur et a revu ses revendications. Les manifestants, issus de l’opposition et de la société civile demandent à présent le départ de Daniel Ortega, accusé de dérive autoritaire, et la convocation rapide d’élections. Mais l’ancien révolutionnaire sandiniste a opté pour une ligne dure, rejetant toute doléance et réprimant durement toute manifestation. Selon des organisations de défense des Droits de l’homme, les violences commises par les forces de police et les milices paramilitaires ont fait au moins 317 morts, de nombreux blessés et disparus.
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