Synode: que l'Église aide les jeunes à réaliser leurs rêves
Isabella Piro - Cité du Vatican
Quelle est la volonté de l'Église à se laisser «déranger» par les rêves des jeunes et de marcher avec eux pour les réaliser, avec nouveauté et beauté ? C'est ce qu'on demande aujourd'hui au Synode, à l'issue de la réflexion sur la troisième partie de l'Instrumentum laboris. L’Église a besoin d’une conversion pastorale et missionnaire qui n’est pas un simple exercice technique, mais une exigence de la sequela Christi; une conversion visant le renouveau de l'Église elle-même pour aspirer à être plus, à servir plus. En effet, le rêve du Synode est une Église plus conforme à l'Évangile. Les jeunes apportent une contribution essentielle à la mise en œuvre de cette conversion : ils soulignent, comme le notent les Pères synodaux, qu’ils doivent être non seulement un objet «destinataire» préférentiel de l'action pastorale, mais également des acteurs et des participants actifs aux processus décisionnels, en vue de la coresponsabilité et la collégialité, car ils ont quelque chose de précieux à offrir, avec lesquels le Seigneur peut faire des miracles.
Les défis des jeunes aujourd'hui
Cependant, les jeunes font face à de nombreux défis: la marginalisation, en particulier des femmes victimes du machisme et des inégalités; les dépendances; la question des personnes homosexuelles qui doivent être accompagnées pastoralement pour pouvoir grandir dans la foi et ne pas faire l'objet de discrimination, parce que l'Église s'oppose à la discrimination à l'encontre de toute personne ou de tout groupe; le chômage; les questions éthiques sur le thème de la sexualité et de l'avortement qu'il convient d'explorer pour éviter toute confusion; l'influence de l'occultisme; le drame des abus, contre lequel l’Église peut et doit être réformée, de sorte qu’elle constitue vraiment un environnement sûr et digne de confiance. Le Synode note que l’Église a pour tâche principale de transmettre le don de la foi avec accompagnement, discernement et intégration, en mettant l’accent sur le primat de l’écoute de l’Évangile et en recherchant des formes plus efficaces de confrontation avec les jeunes, comme la musique ou le sport. L'Église - dit encore le Synode - doit être «sortante» et une nouvelle spiritualité missionnaire est urgente.
Que le ministère de la jeunesse ne soit pas séparé du ministère de la famille
Au centre aussi de la réflexion sur la famille, «petite Église», école de l'amour et de l'humanité, point de départ pour se rendre au Christ: voilà pourquoi, disent les Pères synodaux, le ministère des jeunes ne peut être considéré comme détaché du ministère de la famille. À côté de la famille, la paroisse devrait également être repensée comme un lieu d’écoute, de communion et de mission : on a besoin de communautés fraternelles, joyeuses et contagieuses - explique le Synode - dans lesquelles les jeunes peuvent assumer leurs responsabilités, voire connaître des échecs, qui sont, si bien accompagné, toujours une source de croissance. En résumé, notent les Pères, les jeunes doivent s’habituer à mettre leur confiance en Dieu, grâce à une pastorale de fraternité déclinée sous des formes spécifiques telles que l’oratoire ou le service.
Une «citoyenneté numérique responsable» s'impose
De plus, une attention particulière doit être portée sur le monde numérique, à la fois pour ses aspects positifs dans le domaine de l'évangélisation et pour ses aspects négatifs, tels que la pornographie et la cyberintimidation, en réponse à l'élaboration de protocoles adéquats pour la promotion d'une «citoyenneté numérique» responsable. Et encore une fois, les cercles mineurs rappellent la nécessité d'encourager les écoles et universités catholiques, capables d'une formation intégrale de la personne qui soit de qualité, interdisciplinaire et promotrice de la «culture de la rencontre», car éduquer est un acte d'amour et de fermentation, de communion.
L'engagement pour la justice sociale
Les rapports des cercles mineurs insistent également sur l'urgence d'un engagement accru en faveur de la justice sociale : l'option préférentielle pour les pauvres - lieu théologique de rencontre avec Dieu - coïncide souvent avec celle réservée aux jeunes, souvent démunis. Et c’est dans ce contexte que les jeunes catholiques peuvent créer une alliance œcuménique, interreligieuse et en dialogue avec des non-croyants, car c’est seulement en partant des pauvres que l’on peut rêver d’un monde plus juste. La formation de la jeunesse pour la doctrine sociale de l'Église, ou plutôt son inculturation - ajoutent les Pères -, devient essentielle pour contrer, par exemple, la corruption et promouvoir la paix et la sauvegarde de la Création. En fait, les jeunes peuvent être les bâtisseurs de la civilisation de l'amour, les gardiens de la maison commune, se transformant de l'intérieur, avec les valeurs de l'Évangile et la miséricorde de Dieu, le monde de la politique, de l'économie, de la santé, médias et santé. En substance, il s’agit d’assumer l’engagement de «sanctifier» l’arène laïque.
Les jeunes, «apôtres des migrants»
Le Synode demande une meilleure attention aux chrétiens victimes de la persécution, dont les témoignages ont résonné ces jours-ci dans la salle du Synode, ainsi qu'aux migrants, qui doivent être accueillis, protégés et intégrés. Dans le même temps, l’Assemblée suggère la promotion de l’aide aux migrants dans leur pays par le biais des Églises particulières. Dans ce contexte, les jeunes peuvent être un soutien valable, devenant de véritables «apôtres des migrants», car il y a souvent beaucoup de jeunes parmi eux. De plus, l’Assemblée se concentre sur les différentes expressions de la piété populaire - par exemple les pèlerinages - puisqu'elles aident parfois les jeunes à faire un voyage de découverte de la doctrine et de la moralité chrétiennes, grâce à la «force évangélisatrice» qu'elles renferment.
L'appel à la sainteté
Ensuite, le Synode réfléchit à l'appel à la sainteté : les jeunes aspirent à une vie sacrée et souhaitent recevoir des conseils pratiques pour les aider dans cette voie. Pour cette raison, il est important de ne pas négliger la dimension spirituelle, car elle permet aux enfants de discerner le chemin que Dieu leur ouvre. D'une part, des aides compétentes sont nécessaires pour aider les jeunes à faire les bons choix. D'autre part, il est nécessaire d'élaborer un style de vie chrétien propre aux jeunes : par exemple, un style de prière, une lectio divina ou un modèle de célébration eucharistique qui leur est propre. En fait, il est nécessaire d’enseigner aux jeunes que la messe est une rencontre avec Dieu, un moment dans lequel nous sommes touchés par le Christ. Et en tant que lieu privilégié pour l'évangélisation, le mystère eucharistique et son enchantement devraient être rendus plus accessibles aux enfants, grâce à un langage adapté, une musique artistique et poétique. Enfin, divers rapports suggèrent que le Synode n’est que le début d’un processus qui, à l’instar d’une flamme, devrait être poursuivi, nourri et diffusé au niveau local.
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