Synode : relancer l’alliance Église-famille pour accompagner le discernement des jeunes
Isabella Piro – Cité du Vatican
«Beaucoup aujourd’hui parlent des jeunes, mais peu parlent aux jeunes» : voilà ce qu’affirmait Paul VI, bientôt saint, et ce que le Synode nous redit aujourd’hui. Le thème de l’écoute occupe donc une place centrale dans la Congrégation générale de ce 5 octobre au matin.
Il y a d’abord la nécessité d’écouter les jeunes dans le monde digital, où la boulimie informatique côtoie souvent l’anorexie des rêves, avec le risque de produire des jeunes «obèses de l’info». Mais il faut aussi regarder le côté positif de la jeunesse, dotée de grandes ressources humaines et spirituelles, parmi lesquelles l’amitié, la solidarité, le volontariat, l’authenticité du témoignage, la demande de cohérence adressée à la société civile, l’appel à une Église plus joyeuse et évangélique.
L’utilité d’un rapprochement constructif avec les adultes
Les jeunes cherchent l’écoute d’un adulte, qui leur consacre du temps, qui les accueille avec empathie et respect, qui ne les juge pas et les accompagne dans leur discernement, même vocationnel. Une nécessité encore plus grande aujourd’hui, étant donné la tendance de certains adultes au "jeunisme", un comportement qui désoriente les jeunes en les privant de points de repères.
L’importance de la liturgie et des sacrements
Les pères synodaux rappellent aussi l’importance de revitaliser la Messe, les prières quotidiennes, les sacrements, qui sont une manière d’attirer les jeunes et d’en faire des membres actifs de la vie de l’Église en favorisant leur implication. Dans les célébrations liturgiques, l’attention sera donc dirigée vers un usage plus prenant de la musique, mais aussi des catéchèses et des homélies : la mémorisation des prières et des formules ne suffit pas, une prédication joyeuse et inspirante est utile, car les jeunes doivent comprendre avec leur tête et croire avec leur cœur. C’est seulement de cette manière qu’ils pourront être les premiers apôtres de leurs contemporains. Agent du changement, constructrice de la paix et de l’unité du monde, la jeunesse est considérée comme un lieu théologique, où l’Église se reconnaît.
La «solitude en abondance»
En même temps, les prêtres ne doivent pas se contenter d’attendre les jeunes dans les paroisses : le vrai défi est celui d’être une «Église en sortie» pour rejoindre les jeunes là où ils se trouvent. Nombre d’entre eux ont beaucoup d’amitiés virtuelles mais aucun ami véritable subissant alors la «solitude en abondance» à laquelle l’Église peut offrir une réelle réponse. Dans le domaine de la formation, on rappelle en ce sens l’importance de la Doctrine Sociale de l’Église, boussole valide qui peut orienter la jeunesse dans ses choix de vie, ainsi que le rôle des écoles catholiques, considérées comme d’excellents centres éducatifs, mais peut-être pas en mesure d’impliquer complètement les jeunes dans la vie ecclésiale.
Une alliance Église-famille
Le rappel de l’alliance Église-famille tient lui aussi une place centrale : premier éducateur des enfants, en particulier dans l’accompagnement vers l’âge adulte, le noyau familial fondé sur le mariage chrétien est actuellement remis en question. Une réflexion sur la figure paternelle, pilier de la transmission de la foi et de la maturation de l’identité des enfants, semble donc aujourd’hui nécessaire. Le rôle du père, entend-on dans la salle du Synode, doit être envisagé en collaboration et non en concurrence avec la celui de la mère.
Accueillir les réfugiés et les migrants
De la part des Pères synodaux vient aussi un appel en faveur de l’accueil des réfugiés et des migrants, souvent jeunes, et dont la dignité est fréquemment mise à mal. La parole clé est la solidarité, afin que les jeunes réfugiés se sentent vraiment accueillis et intégrés. L’accent est aussi mis sur la nécessité d’agir afin que les populations ne soient pas contraintes à migrer, mais puissent rester dans leur pays d’origine.
Le «ministère de l’accueil»
Frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé, prend ensuite la parole pour rappeler l’importance du «ministère de l’écoute», à confier peut-être aussi aux laïcs. «Quand l’Église écoute, elle devient ce qu’elle est : une communion d’amour», affirmait autrefois frère Roger.
Puis viennent les interventions des auditeurs et auditrices : les jeunes ne sont pas une simple catégorie statistique, peut-on entendre, mais ils désirent faire partie de la solution aux difficultés de leurs contemporains. D’où cet appel à ce que le monde fasse un choix préférentiel pour eux : blessés par des systèmes qui excluent, qui ne favorisent ni l’égalité ni la justice, les jeunes doivent être écoutés et aidés d’une manière concrète, parce qu’ils risquent de devenir comme les pauvres, des victimes de la «culture du déchet».
Les «nés liquides»
Être jeune semble en effet garantir aujourd’hui, presque automatiquement, l’inscription dans une catégorie des «mis à l’écart» : déracinés et «nés liquides», les jeunes de l’époque actuelle sont indécis et fragiles, souvent instrumentalisés par la politique, privés de futur. Ils rêvent néanmoins d’un monde qui les inclue et leur permette d’être des acteurs de l’Histoire, constructeurs au sens du service et non du pouvoir. De la part d’un auditeur, relevons aussi l’appel à la fermeté et à la transparence dans la lutte contre les abus, afin que l’Église se révèle davantage crédible. On demande enfin la valorisation du rôle de la femme dans la vie de l’Église, pour qu’elle se sente encouragée à grandir dans la liberté de la foi au Christ.
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