Synode: les jeunes sont les leaders de demain
Isabella Piro – Cité du Vatican
Cette congrégation générale a eu pour prologue un cadeau offert au Pape François : un panier contenant 1500 cartes écrites par des jeunes lycéens français ayant pris part à une rencontre pré-Synodale à Lourdes, dans le cadre du “Frat”, une initiative de prière et de rencontre née il y a 110 ans et dédiée aux jeunes entre 15 et 18 ans, provenant des huit diocèses de l’Ile-de-France. Le cadeau a été remis au Saint-Père par les quatre évêques français présents au Synode.
«Un bond en avant dans l’amour»
Les travaux de l’assemblée se sont concentrés sur la troisième partie de l’Instrumentum Laboris, centrée autour du verbe “choisir”. Le cardinal da Rocha, rapporteur général, en a expliqué brièvement le sens : choisir veut dire convertir le cœur et l’esprit pour renouveler les pratiques pastorales, c’est-à-dire, selon les termes du Pape François, accomplir «un bond en avant dans l’amour » pour être vraiment une «Église en sortie», qui soit un signe de fraternité dans un monde déchiré, missionnaire d’une façon intégrale et désintéressée, avec un style ouvert et accueillant pour tous.
Les jeunes, une «flamme ardente» à la recherche du Christ
Il est revenu au jeune auditeur indien Percival Holt de témoigner des jeunes comme une «flamme ardente», mais parfois solitaire et triste. La jeunesse contemporaine cherche un vrai Pasteur, elle cherche le Christ, elle peut être égoïste comme Pierre l’a été, mais elle peut aussi avoir le potentiel pour devenir une pierre d’angle, comme l’Apôtre.
Que le leadership de demain ait une formation de qualité
Les participants au Synode se sont penchés sur le thème du leadership : il y a un besoin urgent de préparer les jeunes d’une façon adéquate, afin que grâce à une vision biblique du monde, ils soient les leaders de demain, en mesure d’écouter avec un juste sens critique, de s’engager dans l’édification d’une société moins corrompue et plus juste. La formation des jeunes doit donc être renforcée, et ne pas se situer dans une logique de production de masse. Certains pères synodaux ont alerté sur la dégradation du système éducatif. Dans certains pays, l’école n’est plus en mesure d’assumer son rôle de formation, et l’Église doit donc s’engager dans ce secteur. Les jeunes attendent une parole de lumière, des réponses claires, des vérités qui ne soient pas annihilées et qui les aident à développer la capacité de jugement pour prendre des décisions mûres, au service du bien commun. Même si l’école ne doit pas être comprise comme un réservoir de vocations religieuses, le cours de religion doit permettre aux jeunes de trouver des réponses aux questions sur le sens de la vie, en créant un rapport de confiance avec l’Église.
Le «futur hypothéqué» des jeunes générations
Aujourd’hui, en effet, a souligné le Synode, le miracle de l’amour désintéressé apparait absurde, la solidarité arrive moins, le sens de la justice est perçu avec indifférence. Et face à un réductionnisme anthropologique, dans lequel l’homme est réduit à la consommation, les jeunes ne réussissent plus à prendre en main leur propre destin, en voyant leur futur “hypothéqué”, vivent toujours dans la pauvreté et subissent l’échec des gouvernances locales. Mais l’amour pour le prochain ne peut pas se limiter à la sphère privée : il doit se réaliser dans les secteurs sociaux, politiques et institutionnels. L’Église doit donc soutenir les jeunes, leur parler, les rendre protagonistes de l’évangélisation, afin qu’ils soient des “ambassadeurs de la foi” pour leurs camarades. Le Synode suggère aussi de pointer sur le travail en volontariat international, une opportunité à offrir aux jeunes générations pour renforcer la foi dans l’action et créer des liens entre les différentes conférences épiscopales du monde.
Migrations et dialogue interreligieux
Le Synode a aussi réfléchi sur le thème des migrations, en rappelant la nécessité d’accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants, mais aussi de maintenir leur identité d’origine, afin qu’ils puissent enrichir les sociétés d’accueil avec leur patrimoine culturel et spirituel. Dans le même temps, le Synode a lancé un appel contre l’indifférence face au sort des jeunes migrants qui se noient dans la Méditerranée. Les pères synodaux ont aussi évoqué un autre thème lié aux migrations : le dialogue interreligieux, en particulier avec l’Islam. Le dialogue est essentiel pour ne pas se fermer en soi-même, et éviter ainsi que l’Église ne s’asphyxie. Il ne pas faire de prosélytisme, mais apporter un témoignage attrayant et cohérent, en étant conscients que les religions différentes ne sont pas un obstacle insurmontable, mais un chemin qui, par diverses routes, mène vers le même Dieu.
Relancer les paroisses et la piété populaire
L’Église donc, doit être capable de sortir avec humilité des schémas, d’être authentique, d’accepter le changement par amour du Christ et des jeunes. Si les enfants voient les évêques sortir, ils auront le courage de «se lever du canapé» et de se mettre au service du bien commun, surtout des périphéries, des pauvres et des exclus. Il faut donc relancer les paroisses, des lieux dans lesquels les jeunes puissent développer un juste sens civique et social, grâce à une catéchèse renouvelée. D’où l’idée de créer, au niveau diocésain, un Conseil pour les jeunes, qui puisse donner un espace d’écoute et de discernement, afin que la jeunesse contribue à l’inculturation du message chrétien dans le monde. Le Synode suggère en outre de ne pas abandonner la piété populaire, un trésor des Églises locales, car il permet d’approfondir la foi d’une façon joyeuse. Les participants au Synode ont aussi évoqué l’importance de la musique comme un espace d’implication des jeunes.
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