Synode: la vocation ne se fait pas dans un laboratoire mais dans les communautés
Isabella Piro – Cité du Vatican
Lorsqu’on évoque le sujet «Église et jeunes», le «et» semble superflu, parce que les jeunes sont pour l’Église le présent actif et pas simplement le futur espéré : c’est de cette réflexion qu’a démarré la huitième congrégation générale du synode des évêques, le 10 octobre après-midi. D’où l’exhortation de l’assemblée à soutenir le génie de la jeunesse, mais aussi l’appel à une culture vocationnelle renouvelée. La pastorale des jeunes doit en effet, selon les pères synodaux, aider les jeunes à discerner les désirs de leur cœur et à découvrir quel est le «trésor» qui le fait battre.
Un dialogue en symbiose entre les anciens et les jeunes
La vocation ne se fait pas dans un laboratoire, mais elle survient dans les communautés, a-t-on aussi souligné. Pour être véritablement un «hôpital de campagne», et non une clinique exclusive, l’Église devra s’enrichir par de vraies relations, être un espace de communion, être pleine de sens. Le discernement vocationnel doit alors inclure une rencontre des regards, et la pastorale des jeunes ne jamais perdre de vue l’élément «avec», autrement dit le rapport direct avec les jeunes, le fait de parler avec eux et pas seulement à propos d’eux. C’est seulement de cette manière que ce dialogue entre les rêves des anciens et les visions des jeunes, rappelé par le prophète Joël, aura lieu en symbiose : l’Église en effet se regarde elle-même lorsqu’elle regarde les jeunes, et sa force réside justement dans le fait d’être lieu où les jeunes peuvent rencontrer le Christ Ressuscité.
Les jeunes ne doivent pas être «sous contrat» mais responsabilisés
De là, un appel à penser hors des schémas habituels, en visant un discernement vrai et une écoute réciproque, afin que le message salvateur soit transmis de manière compréhensible et attrayante pour les nouvelles générations. Celles-ci, en effet, ne doit pas être «mises sous contrat» de façon paternaliste, mais responsabilisées et impliquées dans la vie de l’Église, afin de pouvoir nourrir de grands rêves.
Éduquer à l’amour pour les pauvres
L’éducation à l’amour pour les pauvres constitue le point nodal de la vocation : pas de pauvre, pas de vocation chrétienne, ont affirmé les Pères synodaux, car le p du pauvre aide à comprendre le p de la Parole. Il est donc nécessaire que l’Église parle aussi avec les classes les plus faibles de la jeunesse, car elles aussi sont essentielles pour le jeu d’équipe plus large, celui de suivre Jésus. Dans cette optique, l’appel du Synode consiste à forger un monde plus humain face à un individualisme exacerbé, en ayant pour horizon la justice sociale, le respect des droits humains et la consolidation d’une culture de la vie.
La famille, berceau de la vie et des vocations
L’assemblée synodale a ensuite rappelé que la famille, Église domestique, demeure le berceau de la vie et des vocations : c’est en effet dans la famille que l’Église perçoit, avec joie et espérance, les premiers balbutiements d’une vocation, et c’est à l’Église qu’il revient de la consolider dans la foi et dans la joie de la mission. Les premiers signes d’une vocation se manifestent souvent dans les jeux des enfants : pour cette raison, il est bon que les parents jouent avec leurs enfants, pour ainsi les aider à comprendre leur vocation.
Le modèle de Jésus et ses disciples à Emmaüs
En se référant ensuite au monde actuel qui tourne parfois en dérision les valeurs de l’Évangile, les pères synodaux ont ensuite réfléchi au sujet de ces jeunes qui s’éloignent de l’Église pour se réfugier dans de faux paradis. Que peut-on faire pour eux ? Tourner les yeux vers la rencontre de Jésus avec ses disciples à Emmaüs, voilà la réponse, autrement dit marcher avec les jeunes est nécessaire, à condition de devenir «un des leurs».
L’accompagnement d’égal à égal
Être avec les jeunes sans condamner leur comportement, mais en se plaçant à leurs côtés, en perdant du temps avec eux, en enflammant leur cœur : voilà donc le noyau du véritable accompagnement pastoral. Sans oublier que les jeunes recherchent également l’accompagnement de leurs contemporains, dans un but de partage d’égal à égal de leurs expériences respectives. Dans cette optique, quelques intervenants ont proposé un pèlerinage des pères synodaux et des jeunes participants au synode, afin de marcher ensemble, de façon concrète, vers des lieux saints de la ville de Rome.
La vraie liberté, c’est d’être soi-même dans le cœur de Jésus
Par ailleurs, la proposition du synode est de mieux connaître le monde digital, pour que même un téléphone portable puisse devenir pour les jeunes un chemin vers le Christ, le véritable boussole de la vie. Souvent les jeunes cherchent des réponses sur les moteurs de recherche, a-t-il été rappelé, mais ils trouvent seulement des informations techniques ou scientifiques, et non l’amour, la compréhension, l’empathie, ou un guide spirituel adéquat, telle l’Église, qui les aide à mettre leurs choix en pratique. Au fond, les jeunes cherchent la liberté authentique, a affirmé l’assemblée, c’est-à-dire le fait d’être soi-même dans le cœur de Jésus, là où ils peuvent se sentir accueillis, aimés, vraiment à la maison.
En outre, les nouvelles technologies, quand elles aident à réduire la consommation, par exemple celle de papier, répondent à la sensibilité des jeunes plus attentifs à la protection de la Création.
L’importance de la maturité affective
En salle du synode, on a aussi insisté sur l’importance de la maturité affective, c’est-à-dire de cette conscience de la centralité de l’amour dans l’existence humaine. L’éducation sexuelle correctement entendue doit tendre à la compréhension et à la réalisation de cette vérité, en faisant aussi place à l’amour de la chasteté, une vertu qui rend capable de respecter et de promouvoir la signification «sponsale» du corps. Les pensées des pères synodaux ont enfin rejoint les jeunes chrétiens persécutés et les nombreux prêtres morts dans différentes parties du monde, parfois tués en raison même de leur engagement à défendre les jeunes : pour eux, ce sont non seulement des aides matérielles mais aussi et surtout une proximité et un soutien spirituel qui sont espérés.
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