Le père Michaeel Najeeb nommé archevêque chaldéen de Mossoul
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Né en 1955 à Mossoul, dans une famille de rite chaldéen, le père Michaeel Najeeb fait des études scientifiques. Diplômé de l’Institut supérieur du pétrole à Bagdad, il orchestre des forages pétroliers, avant son appel. En 1979, il est saisi par la manière d’être, de prêcher et de vivre, des frères dominicains français du couvent de Mossoul, et souhaite les imiter. Il part faire son noviciat en France, à Lille et Strasbourg. Il étudie la théologie et la communication notamment avant d’être ordonné prêtre le 16 mai 1987 par le bienheureux Mgr Claverie, alors évêque d’Oran en Algérie.
Le père Najeeb rentre ensuite en Irak, dans sa ville natale. Il devient en 1988 archiviste de la bibliothèque du couvent des Dominicains. Un poste important pour l’ordre, présent depuis 1750 à Mossoul, et qui a fait de la préservation du patrimoine un cheval de bataille. Le couvent des Dominicains avait alors recueilli et préservé en ses murs des milliers des manuscrits rares, en écriture cunéiforme, en araméen, en phénicien, en nabatéen, en arabe et en hébreu.
Sauver d'antiques manuscrits
Afin de mieux les protéger, le père Najeeb fonde en 1990 le Centre de numérisation des manuscrits orientaux (CNMO). Un long travail commence à Mossoul, puis à Qaraqosh, la grande ville chrétienne du nord de l’Irak où les dominicains se sont réfugiés en 2007 pour des raisons de sécurité. C’est là que se trouve le père Najeeb quand les djihadistes de Daesh prennent peu à peu le contrôle de la plaine de Ninive.
Après la conquête de Mossoul et d’autres localités du nord irakien en 2014, des milliers de chrétiens, de yézidis et membres d’autres minorités présentes depuis des siècles dans la région, se lancent dans une fuite éperdue. Certains arrivent à Qaraqosh, avant de devoir à nouveau s’échapper.
Dans la nuit du 6 août 2014, le dominicain est occupé à numériser des livres anciens lorsqu’il réalise que quelque chose d’anormal est en train de se produire: Daesh était en train d’entrer dans la ville. Avec d’autres dominicains, à toute vitesse, ils entassent dans deux voitures le plus de manuscrits possible, et prennent la direction du nord pour se réfugier au Kurdistan irakien.
La fuite vers Erbil
Ils ne sont pas les seuls à fuir, en pleine nuit, dans l’espoir de rejoindre Erbil, la capitale de la région autonome protégée par les peshmergas. Parmi les milliers de personnes en fuite, des personnes âgées, des enfants et des femmes enceintes, certains sont à pieds. Les dominicains ouvrent les portes de leurs voitures, et font asseoir les familles sur les manuscrits. Une nuit terrible que le père Najeeb a racontée dans un livre intitulé «Sauvez les livres et les hommes» paru chez Grasset, en 2017.
Réfugié depuis à Erbil, le frère Najib se partage entre l'assistance aux réfugiés chrétiens de la plaine de Ninive et la numérisation des manuscrits. Grâce à son travail de restauration et ces opérations de sauvetage in extremis, certains documents ont pu être exposés en France, aux Archives nationales puis à l’Institut du monde arabe, ou encore en Italie.
Outre ce travail de «frère numérisateur», le père Najeeb a été membre pendant plusieurs années, à partir de mars 2001, de la Commission œcuménique des évêques de Ninive.
Il est donc nommé aujourd’hui archevêque chaldéen de Mossoul, un poste inoccupé depuis 2015. Il succède à Mgr Amel Shimoun Nona qui avait été nommé après l’enlèvement et l’assassinat en 2008 de Mgr Paulos Faraj Rahho. Une enquête en vue d’un procès en béatification a été ouverte en 2016 sur volonté du patriarche chaldéen, Mgr Louis Raphaël Sako.
En 2003, avant l’arrivée des troupes américaines, 35 000 chrétiens vivaient à Mossoul. Onze ans plus tard, 3 000 jusqu’en 2014.
Aujourd’hui, il est difficile d’avoir une idée précise de leur nombre, cependant très réduit.
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