Le père Lombardi invite l’Église à affronter la question des abus
Cyprien Viet – Cité du Vatican
L’ancien directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, qui avait été confronté à la crise de 2010 durant le pontificat de Benoît XVI, lorsque des affaires avaient notamment touché de nombreux diocèses en Irlande ainsi que les Légionnaires du Christ, a observé avec attention les évènements de ces derniers mois, bien qu’il ne soit plus en responsabilité directe dans la communication du Saint-Siège. Pour le père Federico Lombardi, la rencontre inédite des présidents de conférence épiscopale en février prochain au Vatican sera l’occasion de «donner une impulsion pour de nouveaux pas urgents en avant».
Si la prise de conscience est forte dans certains épiscopats, d’autres semblent encore réticents à affronter cette réalité. Parfois, «on continue à croire de façon illusoire qu’il s’agit d’un problème principalement occidental, ou même américain ou anglophone», mais il ne faut pas négliger la possibilité de nouvelles «éruptions dramatiques» concernant d’autres aires géographiques ou culturelles, souligne-t-il dans cet article de La Civiltà Cattolica intitulé “Vers la rencontre des évêques sur la protection des mineurs”.
Ne pas sous-estimer la question des abus
Le père Lombardi regrette une certaine tendance au relativisme au sein même de l’Église catholique. «Même dans des environnements d’Église, on entend dire que c’est le moment de changer de sujet, qu’il n’est pas juste de donner trop de poids à ce thème». Mais cette attitude est une mauvaise voie, affirme-t-il, car si la question «n’est pas affrontée jusqu’au fond dans ses différents aspects, l’Église continuera à se trouver devant une crise après l’autre», la crédibilité des prêtres sera «blessée» et surtout, la substance de la mission de l’Église dans l’annonce de l’Évangile et dans le travail éducatif pour l’enfance et la jeunesse en souffrira.
Le père Lombardi rappelle aussi dans cet article les différentes leçons à tirer des crises qui ont éclaté depuis le début des années 2000, d’abord à la fin du pontificat de saint Jean-Paul II avec les affaires touchant le diocèse de Boston. Cette première crise avait mis en lumière la nécessité de repenser «avec soin et avec rigueur» la sélection et la formation au sacerdoce. Par ailleurs, l’attitude d’occultation menée par certaines autorités ecclésiastiques est «indéfendable», souligne le père Lombardi, car elle ont sous-estimé «la gravité des souffrances des victimes». Dans ce contexte douloureux, les médias jouent un rôle important, et l’Église doit répondre à l’exigence de transparence et collaborer avec les autorités civiles.
Avec Benoît XVI, un renouvellement des normes canoniques
Avant même son élection au pontificat, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, s’était engagé avec force pour affronter la question. Son effort s'est amplifié à partir de son élection en 2005. Son pontificat sera notamment marqué par la promulgation de nouvelles “Normes sur les délits les plus graves” puis en 2011 par une Lettre aux conférences épiscopales du monde entier pour aider à préparer des Lignes directrices dans le traitement des cas d’abus sexuel de la part de membres du clergé.
Ces lignes directrices sont devenues «le document de référence nécessaire pour la conversion et le renouvellement de la communauté ecclésiale à partir de la dramatique expérience des abus». L’engagement personnel assumé par Benoît XVI dans ces affaires dramatiques a aussi été «mis en lumière par ses rencontres répétées avec les victimes au cours de ses différents voyages apostoliques dans différents pays».
Le combat de François contre les abus sexuels, de pouvoir et de conscience
François, peut-on lire dans l’article du père Lombardi, continue avec décision «sur la voie tracée par son prédécesseur». Lui aussi s’est impliqué personnellement, en rencontrant des victimes d’abus, et en instituant dès la première année de son pontificat, en 2013, la Commission pontificale pour la Protection des Mineurs, présidée par le cardinal O’Malley. Cet organisme organise notamment des cours de formation pour les nouveaux évêques.
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