Abus: un fléau universel perçu différemment dans le monde
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
Les scandales d’abus sexuels ont jusqu’à maintenant touché principalement les pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis. Exception notable, l’affaire Karadima au Chili. Mais cette concentration des dénonciations, des procès et des enquêtes dans une certaine aire culturelle, ne doit pas faire oublier que ce problème des abus concerne l’ensemble du monde et que toutes les conférences épiscopales doivent y faire face.
Pourtant la perception des abus n’est pas la même d’un continent à l’autre. Pour la théologienne belge Karlijn Demasure, professeur de théologie, dont le champ d’étude depuis 25 ans est l’abus sexuel sur mineurs, il n’est qu’à voir la différence d’appréciation qui existe sur les mariages précoces. Dans certains d’Afrique ou d’Asie, ils sont encore courants alors qu’en Europe, entre autres, ils ne sont plus permis.
Autre différence, la façon dont l’inceste, dont le tabou est universel, est géré : s’il relève exclusivement de la justice dans les pays occidentaux, il peut être réglé en famille dans certaines sociétés, notamment en Afrique.
La figure du prêtre
Karlijn Demasure, qui a travaillé plusieurs années en Afrique, note également que la façon dont les sociétés perçoivent le prêtre compte aussi dans la manière dont le problème des abus est affronté. Le prêtre est encore vu comme «l’alter christus », un autre prêtre dont la figure est révérée et au fort pouvoir tant temporel que spirituel. Il est difficile dans ces conditions de le mettre en cause ou tout simplement d’imaginer qu’il puisse faire du mal.
L’Église catholique doit maintenant faire prendre conscience du problème à l’ensemble des évêques et des prêtres du monde entier. Elle doit aussi apporter une réponse commune : le code de droit canon doit, pour la théologienne, être appliqué partout. Les facteurs de risque sont certes différents d’un pays à l’autre, mais la réponse doit être universelle.
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