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Signature des Accords du Latran, le 11 février 1929 Signature des Accords du Latran, le 11 février 1929  Éditorial

Les Accords du Latran, "une satisfaisante composition"

Le 11 février marque le 90ème anniversaire des Accords du Latran, grâce auxquels fut résolue la question romaine, refermant ainsi une blessure de plus d’un demi-siècle.

Andrea Tornielli - Cité du Vatican

Le 10 octobre 1962, à la veille de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, le cardinal Giovanni Battista Montini, alors archevêque de Milan, tint un discours au Capitole, inaugurant un cycle de conférences sur les conciles. Le futur Paul VI, rappelant la fin du pouvoir temporel du Pape, survenue avec la brèche de Porta Pia en 1870, déclara: «Cela paraissait un écroulement, et pour la souveraineté territoriale, ce fut le cas; et il semblait alors, au cours des années suivantes, pour de nombreux ecclésiastiques et catholiques que l’Église romaine ne pouvait renoncer à ce pouvoir, et en cumulant la revendication historique de la légitimité de son origine avec l’indispensabilité de sa fonction, on pensa à récupérer et reconstituer le pouvoir temporel».

 

Mais, continua le cardinal Montini, «la Providence, nous le voyons bien maintenant, avait arrangé les choses différemment, presque de manière dramatique, en jouant dans les évènements». Et, notait encore l’archevêque de Milan, la papauté «reprit avec une vigueur inhabituelle ses fonctions de maitre de vie et de témoin de l’Évangile, et ainsi, le gouvernement spirituel de l’Église et son rayonnement moral sur le monde ont été portés haut comme jamais auparavant».

Pendant près de 60 ans, cette blessure n’avait jamais complètement guérie. Montini faisait observer que «quelque chose manquait à la vie italienne (…), rien de moins que son unité intérieure, sa consistance spirituelle, son humanité patriotique, et par conséquent, sa pleine capacité à résoudre les problèmes d’une société inégale, nécessitant de nouveaux systèmes, et agitée à l’époque par des courants agitateurs et subversifs. Par chance, nous sommes parvenus à une composition satisfaisante avec la fameuse conciliation de 1929 et avec l’affirmation de la liberté et de la démocratie dans notre pays».  

Lors de la signature des Accords du Latran, le jeune Montini, déjà pleinement inséré dans la vie de la Secrétairerie d’État, n’avait pas accueilli la nouvelle avec le même enthousiasme. Les négociations étaient entrées dans le vif en 1926. Pie XI s’était appuyé sur l’avocat romain Francesco Pacelli, –frère ainé d’Eugenio, futur Secrétaire d’État puis Pape, qui était alors nonce à Berlin-, qui rédigea la mouture du traité destiné à clore le conflit entre le Pape et l’État italien.

Les Accords du Latran sont composés de deux documents distincts: le Traité qui reconnait l’indépendance et la souveraineté du Saint-Siège en créant l’État de la Cité du Vatican, et le Concordat, qui définit les relations civiles et religieuses en Italie entre l’Église et le gouvernement  italien; ils seront signés le 11 février au palais Saint Jean de Latran par le cardinal Pietro Gasparri et Benito Mussolini. Ils furent accueillis avec un soupir de soulagement par une bonne partie du monde catholique. Ce que n’avaient pas fait les gouvernements libéraux successifs durant presque 60 ans, fut accompli par un gouvernement fasciste présidé par l’ancien socialiste Benito Mussolini.

Le Pape redevint véritablement souverain, bien que d’un kilomètre carré de territoire: un mouchoir de poche et rien de plus, mais qui signifiait son indépendance et son autonomie de toute autre autorité. L’évêque de Rome n’avait plus, comme ce fut le cas jadis, un domaine territorial à administrer, mais l’autonomie et la souveraineté de ce kilomètre carré représentait, au fond, une victoire posthume du Bienheureux Pie IX; ce dernier affirmait en effet que pour mener pleinement sa mission spirituelle, le Souverain Pontife ne devait être sujet d’aucun État.

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11 février 2019, 12:29