Anniversaire de la mort de Michel-Ange: le génie d’un artiste chrétien
Colombe de Barmon – Cité du Vatican
C’était il y a 455 ans: le grand Michel-Ange mourait à Rome, âgé de 89 ans, au terme d’une vie riche et féconde pour l’art de la seconde Renaissance. Au cœur du Cinquecento italien, contemporain de Raphaël, Vinci, Bramante ou encore le Titien, c’est avec la grande famille mécène des Médicis puis avec l’ensemble des papes de la Renaissance qu’il mènera une collaboration aussi âpre que féconde. Toujours en quête de beau, Michel-Ange s’est illustré dans la peinture et la fresque, l’architecture et même la poésie. Né dans une famille ruinée, Michel-Ange n’était pas initialement destiné à la carrière artistique. Il parvient cependant à se former pendant un an à Florence dans l’atelier du fresquiste Domenico Ghirlandaio et à faire ses premières armes dans le casino San Marco grâce au soutien de Laurent Ier de Médicis. Il fréquente alors le milieu humaniste, ce qui aura une influence décisive sur sa formation spirituelle et sur son ambition artistique. En 1492, il quitte le palais Médicis, voyage à Venise puis à Bologne avant d’arriver à Rome, c’est alors qu’il sculpte sa célèbre Pieta. C’est le début d’une grande carrière qui ne sera à partir de là qu’ascendante. Les fresques de la chapelle Sixtine seront la pièce majeure de l’artiste.
La Pieta: quand la tendresse jailli du marbre
On l’oublie bien souvent , Michel-Ange est aussi un sculpteur. Il s’est toujours senti et voulu sculpteur. La Pieta, aujourd’hui visible dans la basilique Saint-Pierre, est une œuvre de jeunesse, Michel-Ange ayant seulement 23 ans lors de sa réalisation. Elle représente le thème biblique de la «Vierge douloureuse» qui tient sur ses genoux le Christ descendu de la croix avant d’être déposé au tombeau. C’est en partie à la France que l’on doit ce chef d’œuvre, puisqu’elle a été commandé par le cardinal Jean Bilhères de Lagraulas, abbé de Saint-Denis et ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. Ce dernier la commande pour la chapelle Sainte Pétronille de l’ancienne basilique, dite «chapelle des rois de France». Sculptée en un seul bloc de marbre, la sculpture est imposante: elle mesure 1,74 mètre de haut et 1,95m de large. Scène dramatique, c’est pourtant la douceur et la sérénité qui se dégagent de cette œuvre dont la virtuosité est à couper le souffle. Le visage de la Vierge Marie, d’une grande jeunesse, n’exprime aucune douleur, elle soutient à peine son fils couché sur ses genoux, entièrement abandonné. Ce n’est pas le mort que l’artiste cherchait à représenter mais bien cette sérénité et cet abandon du fils. «Chaque colère, misère et violence, qui d'amour s'arme vainc le sort», écrivait Michel-Ange dans l’un de ses poèmes en 1623. C’est bien ce qui ressort de cette œuvre.
La chapelle Sixtine : un catéchisme en image
Comment parler de Michel-Ange sans parler de ce chef d’œuvre connu dans le monde entier, admiré par près de 20 000 personnes chaque jour l’été: les fresques de la chapelle Sixtine ? Qu’il s’agisse de la voûte ou de la fresque du Jugement Dernier, le génie de Michel Ange y est éclatant, d’abord pour son sens de la couleur et des dimensions mais aussi pour son interprétation spirituelle. Le but des fresques est en effet de résumer en sa totalité le message chrétien de la Rédemption, de faire une sorte de compendium de la chrétienté, depuis la création du monde et le premier péché jusqu’à la fin du monde et la résurrection des morts. C’est à l’origine pour sculpter son tombeau que le pape Jules II avait fait appel aux services de l’artiste florentin. Le projet étant abandonné, c’est finalement pour peindre le plafond chapelle Sixtine qu’il sera employé. Plus de 300 personnages sont ainsi peints en moins de quatre ans, sans aucune aide. L’histoire de l’humanité est représentée avec trois grands événements bibliques: la Genèse, la Création et le Déluge. Alliant le dessin linéaire florentin et la monumentalité romaine, c’est aussi une parfaite maîtrise de l’anatomie humaine qui font de ces fresques une œuvre exceptionnelle. Paul III Farnèse refait appel à Michel-Ange en 1535 pour peindre le Jugement dernier sur le mur de l’autel de la chapelle Sixtine. Crainte et effroi sont au cœur de cette immense fresque au style presque baroque. Michel-Ange cherche en effet à représenter la crainte de la damnation et l’espoir du Salut, cœur du message catéchétique de l’Église catholique.
«Celui qui d’entre les morts et les vivants détient la palme, celui qui les domine tous, c’est le divin Michel-Ange Buonarroti. Non seulement il excelle dans un des trois arts (sculpture, peinture, architecture) mais dans les trois à la fois. Il surpasse non seulement ceux qui égalèrent presque la nature mais encore les Anciens qui la dépassèrent si magnifiquement» disait de lui Vasari, un de ses contemporains… Reprenons ces termes élogieux avant de dire «chapeau l’artiste !».
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