Le père Lombardi revient sur une «expérience d’Église universelle» marquante
Entretien réalisé par Hélène Destombes – Cité du Vatican
«Une expérience d’Église universelle», qui a rassemblé des participants aux expériences et compétences variées, mais unis par le même désir d’aller de l’avant pour que la situation change. C’est ainsi que le père Federico Lombardi, président de la Fondation Joseph Ratzinger- Benoît XVI et modérateur de la rencontre, résume les quatre intenses journées de travail, de témoignages et de prière pour la protection des mineurs dans l’Église. Le sommet s’est achevé dimanche, mais le chemin continue, à commencer par ce 25 février. Comme l’a annoncé le père Lombardi, «le Comité organisateur rencontrera les responsables de la Curie romaine qui ont participé à la Rencontre, afin de définir désormais le travail nécessaire pour donner suite, selon le désir du Saint-Père, aux propositions et aux idées qui ont mûri ces derniers jours», notamment trois initiatives présentées dimanche.
«J’ai eu vraiment l’impression de faire une expérience d’Église universelle. Il y avait des personnes qui avaient déjà une grande expérience, qui avaient déjà travaillé beaucoup dans ce sens. Il y en avait d’autres qui venaient de régions ou de diocèses dans lesquels on a vraiment encore un bon chemin à faire. Mais il y avait une unité de sentiments, de disponibilité, de désir d’apprendre et de faire des pas en avant qui était vraiment positive. On a fait un chemin. On a noté la participation de personnes qui étaient peut-être au commencement un peu sceptiques ou pas bien informées sur la question, et qui ont fait un chemin important. Un grand nombre de personnes m’ont dit que vraiment, pour eux, c’était une très belle expérience; l’écoute des victimes… On a eu des moments très intenses et très forts qui nous ont aidés à changer intérieurement.
Les trois thèmes qui ont été déclinés pendant cette rencontre: responsabilité, reddition des comptes et transparence. Il y a eu sur ces questions des prises de paroles très remarquées, mais les victimes ne veulent plus de paroles, aussi pertinentes soient-elles. Les victimes veulent des actes. Quels seront les premiers gestes qui seront accomplis pour répondre à cette interminable attente des survivants?
Il faut bien comprendre qu’il y a des situations, des diocèses, des pays, dans lesquels on a déjà fait beaucoup d’actes, on a déjà une grande expérience. Mais il faut la partager, et il faut faire en sorte qu’elle soit présente dans tous les coins du monde. Ça, ce sont les pas concrets qui sont à faire, et il faut les faire partout.
Et précisément pour aider les diocèses qui sont en difficulté, vous avez annoncé la création d’équipes spéciales qui viendront soutenir ces diocèses. Quelles seront les personnes qui composeront cette équipe? Des professionnels, des juristes, des théologiens, des pédopsychiatres… mais aussi des femmes, dont les interventions ont été particulièrement louées pendant cette rencontre?
Oui, naturellement, il y a des personnes compétentes dans les différents champs dans lesquels il faut travailler: soit la psychologie, soit le droit, soit une autre initiative pastorale et spirituelle. Et les personnes compétentes sont des hommes et des femmes, naturellement! Je suis convaincu que la place des femmes dans ce champ est très importante, doit être très importante, surtout pour la sensibilité et la capacité d’écoute. Je suis vraiment convaincu que la grande richesse des compétences est très précieuse pour la constitution de ces task forces, de ces groupes.
Vous avez également annoncé la publication prochainement d’un Motu Proprio sur la protection des mineurs, qui concernera la Cité du Vatican. Cela témoigne d’une volonté de purifier l’Église, à commencer par le Saint-Siège?
Oui, naturellement. Si l’on dit que dans les diocèses, les différentes parties du monde, il faut avoir des bonnes lignes-guide ou des bonnes lois, alors naturellement il faut donner le bon exemple. À commencer par la Cité du Vatican, la communauté ecclésiale et la communauté de la Curie romaine, qui sont les collaborateurs du Pape, et qui ont aussi des lois à suivre. On avait déjà, dans des lois de la Cité du Vatican, des normes pour la protection des mineurs. Mais c’est un renouvellement assez significatif je pense, pour donner des standards et des orientations pour d’autres parties de l’Église. Et aussi pour bien insérer le Vatican comme État, comme petit État, dans le système international des lois pour la protection des mineurs.
Ce sommet avait été présenté comme une étape dans un parcours qui a débuté il y a de nombreuses années. Peut-on malgré tout, au regard de ce qui vient de se vivre au Vatican, considérer qu’il y aura un avant et un après cette rencontre?
Cette rencontre était particulière. C’était la première fois qu’on avait une rencontre universelle. On avait déjà essayé, il y a six ans je pense, à l’université Grégorienne, d’avoir des représentants de toutes les conférences épiscopales, et la grande partie étaient présents, mais ce n’était pas les présidents, ils n’étaient pas convoqués par le Pape. L’expérience était différente, et elle était utile naturellement. Mais ici, c’était un moment de conscience et d’expérience ecclésiale universelle particulier, sûrement. C’est pourquoi nous espérons vraiment que la rapidité du chemin et le partage des problèmes et des solutions soient plus efficaces, plus rapides et plus profonds après cette rencontre.»
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