Cinquième prédication de Carême: saint Jean et saint Paul, deux approches du mystère pascal
Le prédicateur de la Maison pontificale a initié son adresse en présentant les deux approches complémentaires du mystère du Christ, celle de Jean et de Paul. La vision johannique est ancrée dans l’incarnation, le «logos» fait chair, tandis que la paulinienne dans «l’œuvre du Christ», c'est-à-dire le mystère pascal de sa mort et de sa résurrection, explique-t-il. Aucune dichotomie parmi ces deux pôles, mais une continuité, un chemin de foi, estime-t-il.
Théologie orientale et occidentale
Dans ce contexte, il est important d’en tenir compte pour comprendre la différence et la complémentarité entre la théologie orientale et la théologie occidentale, souligne le prédicateur de la Maison pontificale.
«Les deux perspectives, la paulinienne et la johannique, tout en se fondant l'une dans l'autre (comme on le voit dans le symbole de Nicée-Constantinople), conservent leur accentuation différente, comme deux fleuves qui, se coulant l'un dans l'autre, conservent chacun la couleur propre de ses eaux sur un long parcours. La théologie et la spiritualité orthodoxes se fondent principalement sur Jean ; l’occidentale (la protestante encore plus que la catholique) se fonde principalement sur Paul», poursuit-t-il avant de préciser: «au sein de cette même tradition grecque, l’école alexandrine est plutôt johannique, l’antiochienne plus paulinienne. L'une fait consister le salut dans la divinisation, l'autre dans l'imitation du Christ».
Amour ascendant et amour descendant
Et le prêtre italien de citer Benoît XVI et son encyclique Deus caritas est, où le Pape émérite montre les conséquences de cette vision différente à propos de l'amour.
«Eros et agapè - amour ascendant et amour descendant- ne se laissent jamais complètement séparer l’un de l’autre. La foi biblique ne construit pas un monde parallèle ou un monde opposé au phénomène humain originaire qui est l’amour, mais qu’elle accepte tout l’homme, intervenant dans sa recherche d’amour pour la purifier, lui ouvrant en même temps de nouvelles dimensions», expliquait-il.
La bienfaisance se fait souffrance
Dans la création, Dieu nous a remplis de dons, dans la rédemption, il a souffert pour nous. La relation entre les deux est donc celle d'un amour de bienfaisance qui se fait amour de souffrance, selon le père Cantalamessa.
Ainsi apparaît-il pour lui que la créature humaine cherche instinctivement Dieu dans le domaine de la puissance. Le titre qui suit le nom de Dieu est presque toujours « omnipotent ». «Et voilà qu’en ouvrant l'Évangile, nous sommes invités à contempler l'impuissance absolue de Dieu sur la croix. L'Évangile révèle que la vraie toute-puissance est l'impuissance totale du Calvaire», ou la révélation de Dieu comme amour. Dans son livre sur Jésus de Nazareth, Benoît XVI écrivait: «L'injustice, le mal en tant que réalité ne peut pas être simplement ignoré, on ne peut le laisser tomber. Il doit être digéré, vaincu. C'est là la vraie miséricorde. Et que maintenant, puisque les hommes n'en sont pas capables, Dieu le fait lui-même - c'est la bonté inconditionnelle de Dieu».
Une bonté inconditionnelle
Le motif traditionnel de l'expiation des péchés conserve, comme on peut le constater, toute sa validité, mais ce n'est pas la raison ultime. La raison ultime est «la bonté inconditionnelle de Dieu», son amour, en conclut-il.
Et le père Cantalamessa d’espérer à l’approche de la Semaine Sainte: «Ne laissons pas passer Pâques sans avoir fait, ou renouvelé, le coup d'audace de la vie chrétienne suggéré par saint Bernard. Saint Paul exhorte souvent les chrétiens à “revêtir le Christ”. L'image de se dévêtir et de se revêtir n'indique pas seulement une opération ascétique consistant à abandonner certains ‘’habits’’ et à les remplacer par d'autres, c'est-à-dire à abandonner les vices et à acquérir les vertus».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici