«Chacun de nous est appelé à agir» pour le climat, rappelle le cardinal Turkson
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Dans son message, le cardinal Peter Turkson mentionne d’abord le seuil de 1,5°C qui, en octobre dernier, faisait l’objet d’un rapport spécial du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC). Depuis l’accord de Paris sur le climat signé en 2015, de nombreux pays tendent à poursuivre leurs efforts pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Selon les experts du GIEC, il ne reste qu’une décennie pour effectivement contenir le réchauffement global. Au rythme actuel des émissions, le seuil de 1,5°C serait franchi entre 2030 et 2052.
D’après le cardinal Turkson, il s’agit à la fois d’un «seuil physique critique», d’un «seuil moral» - la «dernière possibilité» de sauver certains pays et des «millions de personnes vulnérables qui se trouvent dans les régions côtières» - et d’un «seuil religieux». «Le monde que nous sommes en train de détruire est le don de Dieu à l’humanité, véritablement cette maison sanctifiée par l’Esprit divin (Ruah) au début de la création, le lieu où Il a planté sa tente parmi nous», explique à cet égard le prélat ghanéen.
«La crise climatique atteint des proportions sans précédent. L’urgence, par conséquent, ne pourrait être plus grande», s’inquiète-t-il par ailleurs.
Les jeunes générations à l’œuvre
Mais d’après le préfet du Dicastère pour le Service du développement humain intégral, le cri d’alarme de la communauté scientifique trouve un relai dans l’«appel très puissant qui vient des jeunes générations, dont le futur est menacé». Il y a «un mouvement actif d’élèves et d’étudiants qui se lève dans le monde entier», remarque-t-il, citant par exemple le Manifeste des jeunes lors de la Journée Mondiale de la Jeunesse 2019 pour le soin de la maison commune: conversion écologique en action, publié à Panama le 21 janvier dernier. Ou encore les «imposantes “grèves pour l’environnement”», qui montrent que «leur frustration et leur colère envers notre génération est manifeste». «Nous risquons de finir par leur voler leur futur, prévient le cardinal Turkson, mais aussi de “laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines générations” (Laudato Si, 161)».
Pour une mobilisation collective, soutenue par des ressources économiques
«Chacun de nous est appelé à agir», poursuit le prélat, qui plaide pour une action globale et concertée, «à partir des gouvernements et des institutions, jusqu’aux familles et aux personnes: nous avons besoin de tous les bras disponibles», peut-on lire. Une telle implication permettra de «combattre les intérêts puissants qui font obstacle à notre réponse collective». Le cardinal Turkson soutient qu’il faut «appeler les responsables politiques à être beaucoup plus courageux et à écouter le cri dramatique qui se lève de la communauté scientifique et du mouvement des jeunes pour le climat».
Il évoque également le prochain Sommet des Nations-Unies sur le climat, qui se tiendra en septembre 2019 au Siège de l’ONU à New York. D’après lui, les participants «devront produire de solides planifications nationales pour l’application de l’accord de Paris, surtout les “pays les plus puissants et les plus pollueurs” (Laudato Si, 169)». «Pour affronter cette crise climatique alarmante il faut mobiliser la volonté et la décision, mais aussi des ressources économiques à vaste échelle», souligne aussi le préfet. «Cela a déjà été fait à l’occasion de la crise financière de 2007-2008 pour sauver les banques», fait-il remarquer, «n’est-il pas possible de le refaire à présent pour sauver notre maison commune, le futur de nos enfants et des générations futures ?».
L’amour de Dieu ouvre de nouveaux chemins
Le cardinal Turkson termine son message par une note d’espérance chrétienne. «Il y a encore de l’espérance, tant d’espérance, peut-on lire, il y a encore du temps pour agir et éviter les pires effets des changements climatiques». «Nous devons “renouveler” les meilleures ressources de notre nature humaine, les vertus innées que sont l’amour, la compassion, la générosité et l’altruisme», explique-t-il, avant de conclure: «la meilleure ressource de l’homme est que le Seigneur de la vie ne l’abandonne pas, ne le laisse pas seul, parce qu’il s’est uni définitivement avec lui et avec la terre, et son amour porte toujours à trouver de nouveaux chemins».
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