Synode sur l’Amazonie : l’Eglise appelée à se faire «le cri des pauvres»
Olivier Bonnel et Cristiane Murray –Cité du Vatican
Tout d’abord, une donnée géographique et naturelle: l’Amazonie c’est 5,3 millions de kilomètres carrés de forêts et 40% de la surface totale des forêts tropicales de la planète, un véritable poumon qui, on le sait, ne cesse d’être menacé.
Ce document de travail s’articule en trois parties, « la voix de l’Amazonie », « le cri de la terre et des pauvres » et « Eglise prophétique en Amazonie: défis et espérances ».
La première partie présente toute la richesse de la zone amazonienne et rappelle combien la vie dans cette région qui s’étend sur neuf pays est menacée: par l’exploitation des ressources, celle des sols, des rivières et de la végétation par les industries extractives, exploitation aussi des peuples qui vivent dans la région.
Une nature défigurée
En préparant ce synode, les communautés autochtones consultées par l’Église n’ont pas caché leur préoccupation face à la déforestation et à l’impunité dont font preuve les acteurs qui exploitent économiquement l’Amazonie. Sont recensés par exemple les assassinats des défenseurs de la biodiversité ou encore les exemples de privatisation des biens naturels comme l’eau, au mépris de toute convention internationale.
Les grands projets comme les barrages, le déboisement pour la monoculture ou la pollution générée par les industries sont autant de menaces qui ont un impact direct sur les populations indigènes: violence au travail, alcoolisme, destructions des liens sociaux et des cultures d’origine etc.
L’Eglise aux côtés des plus vulnérables
Dans la deuxième partie de l’Instrumentum Laboris, la réflexion se développe autour de l’idée d’écologie intégrale, déjà au cœur de l’encylique Laudato Si' du Pape François. Dans la phase préparatoire de ce document, les Églises locales parlent de l’Amazonie comme d'une «beauté blessée», devenue un espace de douleur et de violence pour de nombreux peuples de la région.
Les peuples originels ont beaucoup à nous enseigner, explique d'ailleurs le document. Depuis des générations, ils prennent soin de la terre, de l’eau et de la forêt afin que l’humanité bénéficie de la joie des dons gratuits de la Création. Les communautés locales sont des interlocuteurs indispensables, souligne l’Instrumentum Laboris.
Le document met aussi la lumière sur ces peuples indigènes (110 à 130 communautés) qui vivent «en isolement volontaire», en profond lien avec la nature, et qui ont décidé de vivre à l’écart de la civilisation car ils ont subi de nombreux traumatismes par le passé.
Des pistes d’espérance
Dans la troisième et dernière partie, les pères synodaux sont invités à réfléchir sur les nouveaux chemins à explorer pour établir une Église à l’identité amazonienne, selon le souhait du Pape François.
L'on met en exergue le besoin d'une Église participative, présente dans la vie sociale, politique, économique, culturelle et écologique de ses habitants; d'une Église accueillante envers la diversité culturelle, sociale et écologique afin de pouvoir servir les individus ou les groupes sans discrimination; d'une Église créative qui puisse accompagner avec son peuple la construction de nouvelles réponses aux besoins urgents; enfin, d'une Église harmonieuse, porteuse des valeurs de paix, de miséricorde et de communion.
Les défis sont nombreux pour cette Église d’Amazonie, à commencer par les distances et l’isolement des communautés. Il est important, précise le document de passer d’une «Église qui visite» à une «Église qui reste» au plus près des communautés.
De nouveaux charismes pour les Eglises locales
Si le célibat est évoqué comme un «don pour l’Eglise», la question de l’ordination sacerdotale d’hommes mariés, dans les zones les plus reculées, de préférence des indigènes, est posée à condition qu’ils aient une famille stable et qu’ils puissent assurer les sacrements et le soutien à la vie chrétienne.
L’accent est mis enfin sur le rôle des femmes, rappelant leur place centrale dans l’Église d’Amazonie aujourd’hui. Le document demande ainsi de réfléchir à comment les faire devenir «leaders» que ce soit en théologie, en catéchèse ou en liturgie, mais aussi dans le champs de l’éducation ou en politique.
Les nouveaux chemins de l’Église en Amazonie demandent audace, ainsi que «des propositions courageuses» précise le document de travail du synode, rappelant ce que disait le Pape François lui-même devant les évêques du Brésil en 2013: l’évangélisation de l’Amazonie est un banc d’essai pour l’Eglise et la société toute entière.
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