Mgr Fernando Chica Arellano, observateur permanent du Saint-Siège auprès de la FAO, en décembre 2018 Mgr Fernando Chica Arellano, observateur permanent du Saint-Siège auprès de la FAO, en décembre 2018 

Agriculture: le Saint-Siège invite à «mettre la personne humaine au centre»

Mgr Fernando Chica Arellano s'est exprimé à l'occasion de la 41ème session de la Conférence de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur le thème: "Migration, agriculture et développement rural". L’observateur permanent du Saint-Siège auprès de la FAO a expliqué de quelle manière l’agriculture peut devenir un secteur respectueux de la dignité humaine et facteur de développement durable.

Manuel Cubías - Cité du Vatican

Au début de son intervention, Mgr Chica Arellano  a rappelé que les personnes concernées par le thème du jour «sont des êtres humains, comme nous, mais qui se voient obligés d'abandonner leurs terres et leurs maisons pour échapper à la pauvreté, aux conflits, aux persécutions, aux effets néfastes du changement climatique et aux catastrophes naturelles».

Le représentant du Saint-Siège, soulignant que le nombre de ces réfugiés et déplacés ne cesse de croître, a évoqué les causes de la migration: «Ils ne partent pas par libre choix, mais poussés par le découragement et le désespoir, souvent mus par l'impossibilité d'avoir ce pain quotidien qui fait partie intégrante du droit fondamental à la vie». Il s'est désolé que les objectifs fixés par l'Agenda 2030 de l'ONU en matière d'éradication de la faim semblent toujours moins susceptibles d'être atteints. «Nous continuons de constater l'augmentation du  nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde», a-t-il ainsi affirmé.

Des propositions en faveur d’une agriculture durable

Mgr Chica Arellano a ensuite émis plusieurs recommandations. La première est de promouvoir des initiatives efficaces qui tiennent compte des besoins de la personne humaine.

La deuxième est de ne pas oublier le rôle central de l'agriculture dans les problèmes de migration, de faim et de pauvreté. «Il est donc essentiel, a affirmé le prélat espagnol, d'investir dans une agriculture durable», qui permette la création d'infrastructures adéquates, ainsi que l'utilisation de technologies innovantes valorisant les ressources locales.

Puis, citant le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière, Mgr Chica Arellano a rappelé à l'assemblée la nécessité de «travailler ensemble pour créer les conditions qui permettent aux communautés et aux individus de vivre dans la sécurité et la dignité dans leur propre pays». Le développement ne consiste pas à réduire les migrations, a-t-il aussi estimé. C'est pourquoi l'on ne peut se soustraire à «l'obligation d'accueillir, de protéger, de promouvoir et d'intégrer ceux qui arrivent quotidiennement des pays en développement, à la recherche d'une existence plus digne et plus sereine».

Il est par ailleurs important de promouvoir des politiques de protection des migrants employés dans le secteur agroalimentaire. En effet, d’après le prélat, «les témoignages fréquents et très nombreux d'immigrés victimes d'embauches illégales, qui ne jouissent pas des droits les plus élémentaires et les plus fondamentaux, et qui sont contraints d'accepter des conditions de travail vraiment inhumaines et portant atteinte à leur dignité, sont préoccupants».

Mgr Chica Arellano a ensuite alerté sur les personnes déplacées à l'intérieur des pays: «Ce sont des personnes qui se déplacent souvent des zones rurales vers les villes. Cependant, faute de préparation nécessaire ou des compétences professionnelles requises dans les villes, ils sont contraints de rester dans le cercle vicieux de la pauvreté». Il a enfin insisté sur l'importance du développement rural, élément pouvant permettre la sécurité alimentaire dans les villes. Le «travail des jeunes dans l'agriculture, en plus de lutter contre le chômage, peut donner un nouvel élan à un secteur qui devient stratégique pour l'intérêt national de nombreux pays», l’observateur permanent du Saint-Siège, citant le Pape François dans son message du 29 mai dernier à la FAO.

Encourager les familles et les jeunes générations

Aux yeux de Mgr Chica Arellano, il est donc essentiel de «promouvoir des politiques visant à développer l'esprit d'entreprise des jeunes dans le secteur agricole, par exemple en facilitant leur accès à la terre, la protection de leurs droits de propriété et la sécurité foncière, ainsi que l'accès au crédit et aux marchés locaux».

Citant à nouveau le Pape François, il a invité les jeunes des communautés indigènes à revenir aux cultures d'origine, à «prendre en charge les racines, parce que des racines vient la force qui les fera grandir, fleurir et porter du fruit». La FAO devrait donc encourager les «politiques qui soutiennent et soutiennent les familles rurales, afin qu'elles ne perdent pas leur identité en tant que transmetteurs de valeurs aussi fondamentales que la garde des savoirs traditionnels, le respect intergénérationnel et le renforcement du rôle irremplaçable des femmes dans le secteur agricole et l'élevage».

En conclusion de son discours, Mgr Chica Arellano a mis l'accent sur «l'importance de promouvoir une vision éthiquement fondée de l'économie et de la société». Cela permettra «la coexistence juste et pacifique entre les nations» et la réalisation d'un «développement durable et intégral qui place la personne humaine au centre».

 

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26 juin 2019, 13:53