Migration: Mgr Gallagher appelle à une réponse humaine et chrétienne
Un entretien réalisé par Cecilia Seppia – Cité du Vatican
Selon le rapport annuel de l’Agence onusienne pour les réfugiés, 68,5 millions de personnes vivent actuellement loin de chez elles, un record. Ce sont 40 millions de déplacés au sein de leur propre nation, 25,4 millions de personnes ayant cherché refuge dans un pays tiers, et 3,1 millions de demandeurs d’asile. Entretien avec Mgr Gallagher, Secrétaire pour les Rapports avec les États du Saint-Siège.
Comment les aider, quelle est la position du Saint-Siège à leur égard et vis-à-vis des États ?
Je crois que le message du Saint-Siège en ce moment consiste à dire que nous reconnaissons qu’il n’est pas facile pour les pays de gérer la situation migratoire et, qu’ensemble, nous devons affronter une réalité difficile; une réalité qui ne disparaîtra pas en une nuit. Nous devons ainsi répondre à cette crise de manière humaine et de manière chrétienne. Nous devons chercher de faire le bien des personnes et non l’inverse.
Comment le Saint-Siège collabore-t-il avec les autres États sur la question des migrants ?
Nous sommes membres d’instances internationales et prenons part aux tables de discussions. Nous cherchons à contribuer à la mise en œuvre des «Pactes mondiaux» et nous sollicitons et poussons à l’accueil les organisations catholiques du monde entier. Ensuite, évidemment, nous avons cette section au sein du Dicastère pour le développement humain intégral qui s’occupe en particulier des phénomènes migratoires et des réfugiés et dont le Saint-Père a voulu prendre la charge personnellement.
Le Pape fait souvent mention de 4 verbes : accueillir, promouvoir, protéger et intégrer. Et pourtant, force est de constater que souvent, même en Europe, on continue à ériger des murs…
C’est vrai, mais nous cherchons à poursuivre le dialogue avec nos amis de l’Europe entière, en encourageant des réponses qui puissent être des solutions pratiques, qui respectent la souveraineté des pays, et qui néanmoins tiennent aussi en compte que la réalité est ce qu’elle est, que les nombres sont ceux qu’ils sont, qu’il convient de faire face à la situation et que nous devons aider. Il est évident que les conflits actuels, les difficultés liées à l’environnement, la pauvreté extrême sont des éléments qui ne changeront pas d’un jour à l’autre et qu’ainsi, nous devons continuer probablement durant de nombreuses années à nous agir de façon solidaire, plein d’un amour fraternel vis-à-vis de ces personnes.
Vous parliez de politiques à court, moyen et long termes afin de faire face au phénomène migratoire. Votre espoir à long terme de voir le droit des personnes à vivre en paix et en sécurité dans leur propre pays, a-t-il selon vous une chance de devenir réalité ?
Certainement. J’ai été nonce apostolique et j’ai collaboré au sein de nonciatures pendant de nombreuses années dans des pays d’Amérique latine et en Afrique. J’ai une connaissance de terrain. Je me rends bien compte que ce droit n’est pas encore atteint. Nous devons en engager plus encore. Mais, plus positivement et si l’on tâche de ne pas se concentrer sur l’obscurité et la crise, il y a également des opportunités. Nous aussi en Europe, nous avons nos problèmes : un problème démographique, un besoin de main d’œuvre pour nos industries… c’est pour cette raison qu’une approche équilibrée est nécessaire, qui nous permette en mettant en pratique certaines manœuvres de nous rendre plus humains. En effet, si un individu traite mal d’autres personnes, qui en sort diminué ? C’est bien cet individu.
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