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Synode Amazonie: l'appel à se sentir gardiens de la création

Chaque homme est appelé à prendre soin de la Maison commune, à faire un examen de conscience, à ne pas alimenter les péchés écologiques qui dévastent non seulement l’Amazonie, mais la planète tout entière : voilà l’appel lancé lors de la conférence de presse du synode de ce vendredi 11 octobre 2019.

Amedeo Lomonaco- Cité du Vatican

Répondant aux questions des journalistes, Mgr Pedro Brito Guimaraês, archevêque de Palmas au Brésil, a rappelé combien il était urgent de changer les modes de vie : «nous commettons des péchés contre le Créateur, contre la nature et nous ne faisons aucun examen de conscience». «Le concept de péché écologique est quelque chose de nouveau, même pour l'Église : nous devons commencer à le confesser », a-t-il précisé avant de poursuivre : «si nous commencions à penser à un mode de vie plus simple, plus cohérent et à vivre de l'essentiel, nous changerions la configuration du monde. La question écologique, a-t-il ajouté, ne concerne pas seulement les écologistes et les ONG mais tout le monde : chaque homme doit se sentir responsable de l'avenir de la planète. Les hommes, a encore observé l'archevêque de Palmas, ne sont pas propriétaires de la nature. Au contraire, ils sont appelés à être «les gardiens de la création» et à défendre ce don de Dieu. «Il y a un besoin de formation écologique» : il faut apprendre à respecter la Maison commune.

Terre de martyre et d’esclavage

Cette exhortation s’inscrit dans un contexte précis : celui d’un monde toujours plus défiguré par les intérêts économiques. Se référant au territoire de son diocèse, Mgr Guimarâes a souligné quelques phénomènes inquiétants, notamment l'expansion vertigineuse de la culture du soja et le processus de déforestation qui en résulte. Un autre risque vient de l'expansion incontrôlée de l'agriculture industrielle qui, même dans une région de la planète riche en rivières, porte atteinte à une ressource fondamentale comme l'eau. Les dommages causés par les péchés écologiques dans son pays et dans d'autres régions de l'Amazonie sont des blessures permanentes. Mgr Joaquín Pertíñez Fernández, évêque de Rio Branco, a rappelé les pages dramatiques de l'histoire de la région amazonienne. Dans ce territoire, a-t-il expliqué, beaucoup de sang a été versé. C'est la terre des martyrs missionnaires, mais c'est aussi le lieu où de nombreux ouvriers sont devenus esclaves et ont trouvé la mort. On dit, rapporte l'évêque de Rio Branco, que sous chaque arbre à caoutchouc, il y a un mort. Cet arbre, dont on obtient une résine naturelle en faisant des incisions dans l'écorce des arbustes, est lié à une souffrance profonde. «Il y a des blessures que nous voudrions effacer, a souligné Mgr Fernández, nous aimerions écrire une histoire différente».

Les deux dimensions du synode

Le cardinal Carlos Aguiar Retes, archevêque de Mexico, a pour sa part, souligné que le synode a deux dimensions. La première concerne l'Amazonie et son immense patrimoine naturel et culturel. La seconde touche la planète entière. Ce sont deux niveaux qui se croisent et ne peuvent être séparés. L'Amazonie, a déclaré le cardinal, doit nous faire prendre conscience du fait que nous mettons en péril l'équilibre de la Maison commune. C'est pourquoi il est essentiel de changer les modes de vie de nos sociétés et de s'opposer, - comme le Pape François l'a souvent dit-, à la culture du rejet.

L’Amazonie et le «transit religieux»

L'évêque de Rio Branco, Mgr Fernández, s'est également attardé sur le phénomène qu'il a appelé «transit religieux». Il y en a beaucoup, dit-il, «qui passent d'une Église à l'autre». «En raison du manque de prêtres, nous n'avons pas les conditions pour être présents partout. Ce sont des vides que nous, catholiques, sommes incapables de remplir et que d'autres viennent occuper». «Faute de culture, les gens croient aux fausses promesses et finissent par y adhérer ; il est alors difficile de s'en sortir. Ils sautent d'une Église à l'autre, à la recherche d'une solution plus pratique que spirituelle».

Peuples isolés

Répondant à une question sur l'isolement des peuples amazoniens, l'archevêque de Palmas, Mgr Guimarâes, a déclaré qu’ils étaient «souvent contraints de s'isoler», de se replier dans la forêt pour «fuir ceux qui occupent leur territoire». C'est une «forme de légitime défense». «Parfois, il est impossible de les atteindre, et quand c'est le cas, il faut s'y préparer». Ce sont des peuples «très fragiles» qui se sentent menacés.

La contribution des femmes au synode

La contribution des femmes au synode a également été mentionnée. Sœur Birgit Weiler, de la Congrégation des Sœurs Missionnaires Médicales, collaboratrice de la pastorale pour la Création de la Commission pour l'Action Sociale de la conférence épiscopale péruvienne, a résumé son expérience en cercle mineur : «il y a une atmosphère très ouverte : nous, les femmes, nous nous sentons acceptées, nous avons une grande liberté de parole. Beaucoup d'évêques partagent nos préoccupations et nos souffrances, et ils veulent que les choses changent». «Nous avons besoin de plus de femmes aux postes de direction» et il est important, a-t-elle ajouté, que les femmes soient «associées aux décisions importantes». Au Pérou, a rappelé la religieuse, «les femmes théologiennes travaillent avec les femmes indigènes pour le développement de la théologie indigène». Interrogée par les journalistes sur l'absence de droit de vote des femmes présentes au synode, Sœur Birgit a exprimé un espoir : «nous espérons, nous voulons arriver au point où nos supérieures puissent voter, tout comme nos supérieurs de congrégations masculines peuvent le faire. Je suis très reconnaissante au Pape François pour toutes les étapes qui ont conduit à la présence au synode de 35 femmes. C'est déjà un grand pas en avant », a-t-elle conclu.

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11 octobre 2019, 17:29