Consistoire: biographies des nouveaux cardinaux
Au sein de la Curie romaine, trois prélats ont reçu la barrette rouge.
Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot est président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux. Né à Séville (Espagne) en 1952, il est ordonné prêtre en 1980 au sein de la congrégation combonienne avant d’être envoyé comme missionnaire en Égypte où il fut curé au Caire, puis au Soudan lors de la guerre civile. Spécialisé en études arabes et en islamologie, -qu’il a d’ailleurs enseignée à Khartoum-, Mgr Ayuso est nommé en 2006 recteur du Pisai, l’Institut pontifical d'Etudes Arabes et d'Islamologie. En 2012, le Pape Benoît XVI le nomme secrétaire du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux. Mgr Ayuso devient alors le plus proche collaborateur du cardinal français Jean-Louis Tauran, décédé le 5 juillet 2018. C’est sur les traces de cette éminente figure qu’il place son action à la tête de ce même dicastère, où l’a nommé le Pape le 25 mai dernier. Le dialogue interreligieux est une des priorités du pontificat du Pape François, comme en témoigne ses déplacements en Egypte, aux Émirats arabes unis ou au Maroc.
Autre cardinal membre de la curie, le jésuite Michael Czerny, actuel sous-secrétaire de la section Migrants du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Né à Brno dans l’ancienne Tchécoslovaquie en 1946, sa famille immigra au Canada deux ans plus tard. Ordonné au sein de la Compagnie de Jésus en 1973, le jésuite canadien fondé et présidé pendant dix ans à Toronto le Centre des jésuites pour la foi et la Justice sociale. Il a effectué des missions en Tchécoslovaquie et en France, notamment dans la communauté de l’Arche de Jean Vanier. Choqué par la mort de plusieurs de ses frères au Salvador, il demande à être envoyé sur place où il prit part aux négociations qui mirent fin à la guerre civile en 1992. Il participa à une autre mission onusienne en Haïti après le coup d’état de 1995. Appelé à Rome, le père Michael Czerny est resté jusqu’en 2002 au Secrétariat pour la justice sociale au sein de la curie généralice des jésuites. Il est ensuite envoyé au Kenya, en Afrique, où il fonda un réseau de soutien aux jésuites combattant la pandémie du Sida. En 2016, le Pape François en fait son collaborateur au sein de la section Migrants du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Nommé Secrétaire spécial du Synode pour l’Amazonie, le Pape l’a ordonné évêque ce vendredi en la basilique Saint-Pierre.
Dernier membre de la Curie à recevoir la barrette cardinalice ce samedi, Mgr José Tolentino Calaça de Medonça est depuis juin 2018 archiviste et bibliothécaire de la Sainte Église Romaine. Ce Portugais né à Madère a effectué une longue carrière au sein du milieu universitaire catholique. Il est l’auteur de nombreux volumes sur la théologie et l’exégèse.
Ces créations de cardinaux témoignent du «visage missionnaire de l’Église». Mgr Jean-Claude Hollerich, l’actuel archevêque de Luxembourg fut missionnaire pendant 17 ans au Japon. Il y étudia quatre ans avant son ordination sacerdotale au sein de la Compagnie de Jésus en 1990. Il se spécialise dans la langue et la littérature allemande en Bavière pendant quatre ans, et repart pour le pays du soleil levant en 1994. Enseignant d’allemand et de français à l’Université Sophia de la capitale japonaise, chapelain de la paroisse allemande à Tokyo, puis de l’université, il fut recteur de la communauté jésuite de l’université ou encore membre du Conseil pour les œuvres missionnaires et pastorales du diocèse de Tokyo. En 2011, il quitte le Japon; Benoît XVI le nomme archevêque de Luxembourg la même année. Il est attentif à une plus grande implication des laïcs et des jeunes dans l’Église. En 2018, il est élu pour un mandat de 5 ans à la tête de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (COMECE). Depuis le 3 avril dernier, Mgr Hollerich est également président de la Coetus internationalis ministrantium, l’association internationale des enfants de chœur.
À l’instar de son prédécesseur le cardinal Laurent Monsengwo, l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo Besungu est à son tour appelé au cardinalat. Né en 1960 à Boto, dans le diocèse septentrional de Molegbe. C’est au sein de l’Ordre des Frères mineurs capucins qu’il est ordonné prêtre en 1988. Il fut prêtre et enseignant de théologie morale tout en occupant plusieurs fonctions au sein de sa congrégation, dont il sera supérieur général. Nommé évêque en 2005, il sera, entre autres, président des commissions Justice et Paix et Ressources naturelles, puis vice-président de la conférence épiscopale congolaise (CENCO). En octobre 2018, le Pape le nomme archevêque co-adjuteur de Kinshasa, un des plus grands diocèses d’Afrique, dont il deviendra finalement le titulaire après le départ à la retraite du cardinal Monsengwo.
Le Pape François a également choisi d’honorer l’archevêque de Rabat au Maroc, pays qu’il a visité en mars dernier. Mgr Cristobal Lopez Romero, salésien, prend soin depuis deux ans d’une communauté de 20 000 catholiques dans un pays où l’islam est religion d’État. Il devient le premier cardinal du royaume. Né en 1952 dans le diocèse d’Almeria en Espagne, ordonné prêtre en 1979 dans la famille salésienne, Mgr Cristobal Lopez Romero s’occupa des déshérités de Barcelone, avant d’être envoyé au Paraguay pendant près de vingt ans. Il s’engagea dans la pastorale des jeunes, dirigea le journal salésien local, avant d’être nommé, notamment, supérieur provincial de la Société salésienne. Mgr Cristobal Lopez Romero fut également supérieur de la province salésienne de Bolivie (2011-2013) et de la province de Maria Auxiliadora (2014-2017), avant d’être rappelé dans le Royaume chérifien où il s’était occupé pendant sept ans de la communauté d’un centre de formation. En 2017, le Pape le nomme archevêque de Rabat où il fut ordonné évêque en mars 2018.
Mgr Matteo Zuppi figure également parmi les futurs cardinaux. L’archevêque de Bologne, pilier de la Communauté de Sant’Egidio, était auparavant incardiné au diocèse de Rome, dont il fut même l’évêque auxiliaire jusqu’en 2015. Réputé pour sa simplicité et sa proximité, Mgr Zuppi est aussi connu sur la péninsule italienne pour prôner un accueil digne des migrants et des réfugiés.
Parmi les autres cardinaux, Mgr Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, archevêque de Jakarta depuis 2010 et président de la conférence épiscopale indonésienne depuis 2012 ; un mandat renouvelé par trois fois manifestant l’estime de ses frères évêques. Né en 1950 dans le diocèse de Semarang sur l’île de Java, il ordonné en 1976. Longtemps professeur de catéchétique et de philosophie, il fut nommé archevêque par Jean-Paul II en 1997, s’engageant aussitôt au sein de la Commission pour le dialogue interreligieux de la conférence épiscopale d’Indonésie, le plus grand pays musulman au monde. A Jakarta, son ministère repose sur trois piliers : la foi, la fraternité et le service. Il est un tenace promoteur du pluralisme et de la coexistence fraternelle des religions dans le pays. Il a ainsi inclus il y a quatre ans dans la pastorale de son diocèse, la redécouverte du Pancasila, les cinq principes fondateurs de l’État, garants d’unité et de paix dans le pays.
Mgr Juan de la Caritad Garcia Rodriguez, archevêque de la Havane à Cuba depuis 2016. Le jour de son ordination sacerdotale, le 25 janvier 1972, il promit à l’âge de 23 ans d’aller à la rencontre de tous ceux que Dieu mettra sur sa route. En dépit des contrôles du régime castriste qui interdit de prêcher en dehors de
églises, «padre Juanito» va de maison en maison pour distribuer des dépliants pour raffermir les principes chrétiens de ses fidèles. Il fonda une école missionnaire dans le diocèse de Ciego de Ávila. «Va et annonce l’Evangile», telle est la devise qu’il choisit lors de son ordination épiscopale à la tête du diocèse de Camagüey, en juin 1997. Il développe un programme d’évangélisation qui valorise le rôle des grands-parents dans la formation religieuse ; crée également une pastorale dédiée aux prisonniers. En 2007, il participe à la conférence d’Aparecida en tant que président de la conférence épiscopale cubaine. La même année, il est nommé au conseil pontifical Justice et paix. Il est actuellement président de la Commission de la mission et de la famille au sein de la conférence épiscopale.
Dernier archevêque à être créé cardinal électeur, Mgr Alvaro Ramazzini Imeri, archevêque de Huehuetenamgo au Guatemala, un diocèse frontalier avec la région du Chiapas au sud du Mexique et qui compte près d’un million de fidèles. Ce petit fils d’immigrés italiens, formé dans son pays, au Mexique et à Rome, est ordonnée en 1971, il enseigna et prêta service à différentes paroisses jusqu’à son ordination épiscopale en 1988. Dans le diocèse de San Marcos, il fonde la pastorale de la terre, et la maison du migrants, défendant les revendications des étrangers et des populations indigènes descendantes des maya contre les injustices perpétrées par des multinationales souhaitant s’emparer des ressources naturelles se trouvant sur leurs terres. Président de la Caritas, il fut également en charge de la pastorale sociale au sein de la conférence épiscopale guatémaltèque, ainsi que président de la commission pour les communications sociales, pour la justice et la solidarité. Les évêques en firent leur délégué pendant quatre ans à la Commission multipartite pour mettre fin à la guerre civile (1990-1996). En 2011, il reçut le prix Pacem in terris, et fut nommé archevêque de Huehuetenamgo par Benoît XVI en 2012.
Le Souverain Pontife a aussi décidé d’adjoindre au collège cardinalice 2 archevêques et un évêque «qui se sont distingués par leur service à l’Église»: Mgr Michael Louis Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux et ancien nonce en Égypte; Mgr Sigitas Tamkevicius sj, archevêque émérite de Kaunas en Lituanie, qui souffrit la persécution communiste durant l’ère soviétique et enfin Mgr Eugenio Dal Corso, évêque émérite de Benguela en Angola où il se dévoua auprès des plus pauvres.
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