Inculturation: le défi de la transmission de l’Évangile en Amazonie
Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican
L’objectif de ce synode est clair : avoir une Église avec un visage amazonien. Le père Agenor Brighenti, président du l’Institut national de la pastorale de la Conférence épiscopale du Brésil le rappelle d’emblée. Lui qui a longtemps travaillé sur les questions d’inculturation souligne que l’évangélisation doit se faire en respectant les cultures et les interlocuteurs.
Il faut ainsi «prendre ses distances avec un modèle d’évangélisation très lié à la colonisation, qui regardait les populations avec lesquelles on travaillait comme Église comme objets d’évangélisation» explique le père Brighenti. Ces dernières décennies, les études sur l’inculturation ont fait prendre conscience que «l’Évangile va s’incarner dans le contexte, pas par un effort de ceux qui l’apportent mais par un effort de ceux qui le reçoivent et qui ont le droit d’incarner l’Évangile selon leur culture et leur mode de vie». C’est ainsi que l’Église aura un visage propre, estime le prêtre brésilien.
Ce processus se base sur «une évangélisation implicite» qui consiste à «accueillir toutes les semences du Verbe qui sont présentes dans la culture et la religion de l’autre». Cela passe aussi, explique le père Brighenti, par un dialogue qui permet d’expliciter ensuite l’Évangile. «On accueille ce que l’Esprit a déjà fait dans ce contexte».
En Amazonie, les pentecôtistes et les évangéliques semblent mieux porter la parole de l’Évangile. Ils sont en effet davantage présents que les catholiques. «Nous les catholiques, nous avons un problème de cadres, de ministres, de prêtres, de laïcs qu’il faut former», admet le président du l’Institut national de la pastorale de la Conférence épiscopale du Brésil.
Mais pour le père Brighenti, les évangéliques ont adopté finalement les techniques d’évangélisation liées à la colonisation. Or, la transmission de la Parole de Dieu «doit toujours être une proposition gratuite». Gare au prosélytisme. Autre différence majeure entre catholiques et évangéliques: le rapport avec les religions non-chrétiennes. Là où les pentecôtistes n’y voient que des œuvres du diable ou quelque chose à rejeter absolument, les catholiques admettent que ces religions «reçoivent des rayons de la même lumière qui a brillé de la plénitude de Jésus».
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