Synode Amazonie: le témoignage d'un jésuite péruvien
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Le père Fernando Roca Alcazar enseigne à la faculté catholique de Lima. Il a vécu pendant 15 ans dans la forêt amazonienne et a pu observer les nombreuses menaces qui pèsent sur les populations autochtones au Pérou: la déforestation, le trafic de drogue, les excès de l’exploitation minière mais aussi l’orpaillage illégal. Un fléau «qui touche en particulier le sud du pays et qui a pour conséquence la corruption, la prostitution de femmes d’hommes et d’enfants».
Le père Fernando Roca Alcazar s’alarme également face à la présence de mafias qui contrôlent certains territoires où l’exploitation minière illégale est en train de se développer. Les peuples qui vivent dans les forêts ne sont pas épargnés et des mafias «sont en train de pénétrer dans des territoires isolés où les peuples ne souhaitent pas avoir de contacts avec la société» mais «ils sont attaqués par ces mafias».
Réfléchir à la création de nouvelles formes de ministères
Comme plusieurs participants à cette assemblée spéciale, le père Fernando Roca Alcazar met en relief une autre problématique en Amazonie: «le manque de membres de l’Église, des prêtres, des religieuses qui puissent être présents sur tout le territoire». Il salue dans le même temps la présence croissante «de laïcs engagés dans l’Église» et évoque «la présence des femmes dans la pastorale, de plus en plus importante» en Amazonie.
Pour ce professeur à la faculté catholique de Lima, qui a longtemps vécu dans la forêt amazonienne, «le sujet principal est de réfléchir à la création de nouvelles formes de ministères». «Légitimer le travail qui est en train de se faire permettrait encore plus d’efficacité».
Alors que lors des Congrégations. certains participants ont exhorté à promouvoir le rôle des femmes et le style de l'annonce de l'Évangile faite par les femmes amazoniennes, le père Fernando Roca Alcazar cite le cas des femmes de catéchistes indiens qui ont demandé à avoir la parole et à participer aux réunions. Leur présence «en tant qu’épouses de catéchistes et catholiques» est une «richesse pour la mission pastorale dans la région».
L’Église doit accompagner tous les peuples d’Amazonie
Autre défi qui se pose à l’Église: être attentive à la fois aux «peuples originaires de la forêt» mais aussi aux populations des grandes villes et villages. L’enjeu est d’«avoir une Église plus présente» auprès de chacun, qui accompagne et apporte un soutien à ces peuples «dans le domaine de la foi mais également en terme de qualité de vie».
Et pour trouver les meilleures réponses, le père Fernando Roca Alcazar rappelle que le Pape François a invité à l’écoute. «Il a insisté toute cette première semaine sur l’importance de l’écoute, le fait de savoir écouter, être patient et garder le silence avant d’apporter des réponses concernant l’Amazonie».
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