Synode: une déprogrammation de notre modèle "nécessaire"
En Salle du Synode, puis dans le cercle mineur de langues française et anglaise, Josianne Gauthier a suivi l’ensemble des interventions depuis l’ouverture des travaux du Synode lundi 7 octobre. Elle a été saisie par les «témoignages de terrain» des pères Synodaux. À l’exception de certains occidentaux, ce sont essentiellement des évêques, missionnaires, religieuses qui ont d’abord pris la parole. Les voix des autochtones ont commencé, dit-elle, à émerger. Elle souligne combien la présence du Pape, de cardinaux et d’évêques dans un cadre si formel peut être impressionnant.
De leurs récits, elle retient une «douleur sincère palpable, crue» qui lui «donne la force» de poursuivre son travail de plaidoyer pour la justice sociale auprès de l’Union européenne ou de l’ONU.
Nombre d’entre eux évoquent «la destruction sauvage» de leur territoire «par intérêt». Mais de qui ? En réalité, Josianne Gauthier condamne le mode de vie occidental. Elle aimerait que tous voient que «notre confort de tous les jours se fait aux dépens des communautés qui perdent leur culture et dont les ressources sont ravagées» ; «un bien commun dont nous nous accaparons» alors que ces «gardiens de la planète» sont dépositaires d’un savoir ancestral et témoigne d’un véritable respect pour la Création. «Or, nous ne les écoutons pas», déplore-t-elle.
Elle espère que forte de son expérience au CIDSE, elle pourra aider les pères synodaux à agir concrètement car, note-t-elle, eux manifestent leur volonté «très affirmative» de s’engager politiquement pour reconnaître et défendre les droits de ces populations. Un engagement qui va toujours de pair avec l’accompagnement spirituel.
Le Pape François voudrait une Eglise au visage amazonien, «une provocation à se regarder dans le miroir, si on voit un modèle occidental de croissance, c’est qu’on est dans l’erreur», explique Josianne Gauthier. Pour évangéliser ces peuples, sans plaquer «ce modèle qu’on vit et pratique tous les jours», elle juge qu’une «déprogrammation est nécessaire». Voilà aussi de quoi parle le Pape en parlant de conversion, estime-t-elle. Elle invite à changer de terminologie et d’approche pour passer de la pitié à la solidarité et la justice.
Comment l’Église peut accompagner les populations d’Amazonie ? Les communautés sont nombreuses, et toutes n’ont pas les mêmes souhaits, précise-t-elle. Plus qu’une réponse, là encore elle estime qu’il faut trouver une approche et pour l’instant il faut se mettre à l’écoute de manière «décentralisée» de chaque réalité là où elle se trouve.
Enfin en Salle du Synode, les appels à renforcer la mission des laïcs et des femmes sont nombreux. A ce sujet, Josianne Gauthier, femme laïc catholique engagée dans l’Église, souligne qu’il ne s’agit pas en l’occurrence d’accroitre les responsabilités des femmes car c’est déjà «une réalité». Il faut maintenant le reconnaitre, non pas à un niveau affection mais au niveau officiel et structurel. Ces femmes qui assurent une présence de l’Eglise en Amazonie le demandent.
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