Le cardinal Sandri souhaite que le Liban demeure un laboratoire de fraternité
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Joseph-Simon Assemani, né en 1687 à Hasroun (Liban), dans une famille maronite, a laissé à la Bibliothèque apostolique vaticane - dont il fut le premier custode de 1739 jusqu’à sa mort, en 1768 - un précieux héritage: la Bibliothèque orientale, ou catalogue de manuscrits orientaux (syriaques, arabes, persans, égyptiens, malabars, entre autres) imprimé à Rome entre 1719 et 1728 et divisé en quatre volumes. Le Pape Clément XI encouragea l’édition de ce travail monumental, qui faillit disparaître fin août 1768, lors de l’incendie de l’appartement d’Assemani. Mais les manuscrits ne subirent que quelques dégradations.
C’est cette Bibliothèque orientale, constituée il y a tout juste 300 ans, qui est précisément l’objet du congrès “The Christian East in the Latin West” (L’Est chrétien dans l’Ouest latin). La session d’ouverture s’est tenue hier à la Bibliothèque apostolique vaticane. Dans son allocution, le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, a salué le «dialogue fécond» suscité par le travail d’Assemani entre l’Orient chrétien et l’Occident. Ses recherches ont permis de mettre en valeur la diversité des cultures et des peuples de l’Orient.
L’humilité, un facteur d’ouverture aux autres
«Nous venons d’une histoire riche qu’il est de notre devoir de connaître, et dont devons diffuser les connaissances», a souligné le cardinal Sandri. Joseph-Simon Assemani représente à ses yeux l’archétype d’un «savoir encyclopédique et érudit, mais toujours humble». Il n’a pas mis au centre sa propre personne, mais «le trésor de sagesse qu’il découvre chaque jour et dont il approfondit la connaissance». Le prêtre libanais, passé du rite maronite au rite latin en 1711 avec la permission du Pape, nous montre que le savoir «ne devient pas un pouvoir pour opprimer les autres», mais se fait «service pour redécouvrir des ponts et des liens parfois oubliés ou dont quelqu’un veut peut-être nier l’existence».
Le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales est revenu sur l’histoire récente du Proche et du Moyen-Orient. «Les faits dramatiques» qui s’y sont déroulés ont «ouvert les yeux» des Occidentaux, qui envisageaient peut-être «la présence chrétienne dans ces terres comme un élément étranger qui est venu plus tard, alors qu’au contraire nos frères et sœurs sont des citoyens originaires de ces zones».
Un modèle pour le Pays du Cèdre
Le cardinal Sandri a espéré que le travail et le style personnel d’Assemani constitue «un rappel et une responsabilité» pour les étudiants d’aujourd’hui, «appelés à s’engager pour servir et non pas pour être des personnes autoréférentielles qui se complaisent de leur propre connaissance». Il a ensuite évoqué le peuple libanais, «troublé en ce moment par des mouvements de contestation qui demandent la justice, la paix sociale, l’équité dans la distribution des ressources». «Assemani indique la voie pour le Pays du Cèdre», a déclaré le cardinal Sandri, «où ceux qui ont des responsabilités (…) doivent être d’humbles serviteurs du bien commun de toute la population, sans aucune distinction». Il a souhaité que la figure du savant suscite un «sursaut renouvelé d’humanité, de compétence et d’honnêteté», qui permette au Liban de rester un «laboratoire» de fraternité, respectant «la dignité inviolable de chaque être humain», la «liberté religieuse», et la «justice dans la société».
Ce congrès international est organisé par la Bibliothèque apostolique vaticane, l’Institut pontifical oriental, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban), l’Université du Saint-Esprit de Kaslik (Liban), la Société italienne d’études syriaques. Sa deuxième partie se tiendra à Beyrouth et Kaslik du 28 au 30 novembre prochain.
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