Messe d’action de grâce pour la canonisation de saint Barthélemy des Martyrs
Marie Duhamel et Roberta Barbi – Cité du Vatican
«Ni la rudesse de la région de Trás-os-Montes, ni la chaleur étouffante, ni le froid intense ou le mauvais temps ne l'ont arrêté dans sa démarche de pasteur vigilant de son église». Le cardinal Angelo Becciu a repris les paroles d'un jésuite contemporain du nouveau saint pour évoquer la figure de saint Barthélemy des Martyrs, l’évêque de Braga décédé en 1590 et dont le culte est aujourd'hui reconnu et étendu à l'Église universelle.
Un érudit, source d’inspiration
Dans son homélie, le préfet décrit une personnalité «de la plus haute importance pour la profondeur de sa culture théologique et de son enseignement, en tant que maître érudit et exemplaire, de l'Ordre des Prêcheurs».
Saint Barthélemy nous a laissé 32 œuvres littéraires, parmi lesquelles "Catéchisme ou doctrine chrétienne et pratiques spirituelles", dont la 15ème éditions a été publiée en 1962, et "Stimulus Pastorum", une œuvre où l'on souligne la responsabilité des évêques dans la tâche de préserver les coutumes et le salut de l'âme, ce texte qui compte 22 éditions faisait partie des textes de réflexion des Pères conciliaires lors du Concile Vatican I et Vatican II.
Entré au sein de l’Ordre des Prêcheurs en 1528, il fallut 31 ans plus tard la bulle de Paul IV “Gratiae divinae praemium”, en 1559, pour convaincre le dominicain d’accepter, en obéissance à son supérieur, sa nomination comme archevêque de Braga, au Portugal. À ce poste, il fut particulièrement attentif à la sanctification de ses prêtres, en ouvrant plusieurs écoles de théologie morale et d’évangélisation.
Un réformateur de l’Église
Ce dimanche, le cardinal Becciu a également souligné l’engagement «fort» du saint «pour la réforme de l'Église et le renouveau de la vie chrétienne», manifesté lors du Concile de Trente, le principal événement ecclésial du XVIème siècle auquel il participe de manière active. Entre 1561 et 1563, Barthélémy y présente au moins 268 pétitions pour la réforme de l'Église. Puis, de retour au Portugal, il convoqua un Synode diocésain en 1564 et un Synode provincial en 1566 pour appliquer les dispositions du Concile.
Dans une «réalité marquée par l'esprit du monde», saint Barthélemy a demandé «aux prêtres et aux fidèles laïcs plus de cohérence et de fidélité à l'Évangile».
Tant dans le domaine doctrinal que pastoral, son message reste d'une grande pertinence. Prêtre et pasteur, saint Barthélemy des Martyrs a su unir «l'amour pour la science et celui pour la piété».
Un pasteur, déjà saint pour ses contemporains
«Homme de prière et grand évangélisateur», lorsqu'il a été élu dans le diocèse de Braga, il fut «un évêque totalement dévoué aux personnes qui lui sont confiées», grâce probablement à son expérience de prieur dans le couvent de Benfica où il s'était distingué par sa spiritualité, en véritable «maître de la vie intérieure».
En 1570, lorsqu'une épidémie de peste éclate, «il montre une proximité paternelle avec les maux de la société, avec une attention toujours vigilante pour les pauvres». Refusant d'obéir à la fois au roi et au cardinal qui lui avait ordonné de quitter la ville, le saint «préfère mettre sa vie en danger plutôt que d'abandonner les victimes de la peste et les personnes non atteintes isolées», poursuit le préfet.
Tous les trois ans, rappelle le cardinal Becciu, saint Barthélemy des Martyrs effectuait une visite pastorale sur son territoire, s'arrêtant dans chacune des 1 300 paroisses qui en faisait partie.
Amour pour la vérité
«Contemplatif et missionnaire » à la foi, c'est son amour incroyable pour la Vérité qui lui permet de transmettre «généreusement» sa foi à ses frères, ajoute le cardinal. Saint Barthélémy incarne pour lui parfaitement le charisme dominicain tel que défini par saint Thomas d’Aquin : "Contemplari et contemplata aliis tradere", contempler et enseigner aux autres.
L’homme canonisé a donc «fait de sa vie et de son ministère une offrande incessante au peuple confié à sa pastorale, non pas en gouvernant de loin le troupeau, mais en allant à la rencontre des autres avec une immense ardeur apostolique», a conclu le cardinal Becciu.
Un long processus
La cause en béatification de Barthélemy des Martyrs fut ouverte en 1643. Il fut déclaré vénérable par Grégoire XVI, le 23 mars 1845. La guérison prodigieuse par son intercession, le jour de l'Exaltation de la Sainte Croix en 1964, d'une jeune Portugaise souffrant d'une méningo-encéphalite irréversible, fut reconnue. Barthélemy des Martyrs fut ainsi proclamé bienheureux par Jean-Paul II place Saint-Pierre, le 4 novembre 2001, jour où l'Église commémore la mémoire liturgique de saint Charles Borromée, que Barthélemy a connu et avec lequel il s’entendit à merveille lors du Concile de Trente. Finalement, l'évêque de Braga a demandé au Pape François de procéder à la canonisation équipollente de son prédécesseur, en se dispensant d’un second miracle, ce que fit le Saint-Père. François proclama la canonisation équipollente de Barthélemy des Martyrs, 5 juillet dernier.
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