Les Musées du Vatican mettent en valeur leur collection d’art contemporain
Paolo Ondarza – Cité du Vatican
L’émotion du dévoilement d’un trésor caché, habituellement éloigné du regard du public : c’est que l’on éprouve face aux dessins de la Collection d’Art Contemporain des Musées du Vatican, exposés pour la première fois dans les espaces du Bras de Charlemagne.
Il s’agit d’une sélection de près de 150 œuvres, sur les 4000 au total qui constituent la collection de dessins des musées, née à partir de l’inauguration, en 1973, par la volonté de Paul VI, de la section dédiée à l’art contemporain. Ces œuvres ont été offertes par des artistes à ce Pape qui avait tenu à redynamiser le lien historique entre l’art et l’Église.
Un patrimoine éloigné des projecteurs
Depuis cette époque, ce riche patrimoine au Vatican est cultivé dans des casiers, éloignés de la lumière et dans des conditions de température et d’humidité idoines pour une correcte conservation du papier, sous la supervision d’experts en restauration : certaines de ces feuilles de grande valeur sont exposées par rotation périodique dans la salle 17 de la Collection d’Art Contemporain, en faisant du musée un lieu toujours nouveau pour ceux qui viennent le visiter.
L’exposition au Bras de Charlemagne est une occasion unique pour faire connaître un précieux fond d’œuvres d’art, souvent méconnu. Des artistes aussi divers que Edvard Munch, Paul Klee, Otto Dix, Max Ernst, Oskar Kokòschka, Umberto Boccioni, Giorgio Morandi, Mario Sironi, Felice Casorati, Marc Chagall, Joan Mirò, ou encore Henri Matisse ont des dessins dans la réserve d’art contemporain. Parfois, il s’agit de simples ébauches, d’une valeur intrinsèque moindre que celle d’une œuvre aboutie et finalisée, mais qui témoignent néanmoins de la genèse de l’art, quand une idée commence à prendre forme sur une feuille.
La Collection d’Art contemporain des Musées du Vatican
Constituée au total de 8600 œuvres, la collection est encore peu connue, malgré son indiscutable valeur. Sa responsable, Micol Forti, explique que «dans l’exposition, les arts considérées comme “majeurs” sont mis en dialogue avec les chefs d’œuvre graphiques, sélectionnés pour raconter comme les peintres du XXe siècle ont expérimenté de nouveaux langages et des formes d’expression».
Toutes ces œuvres ne sont pas forcément à caractère religieux, mais toutes «racontent la tension et la recherche de l’homme dans la direction de ce qui est bon, juste, honnête, vrai». La figure du Christ apparait d’ailleurs dans des œuvres liées à la blessure des deux guerres mondiales, ou, au drame des migrants morts en mer.
Conservation et restauration
Le travail de conservation des dessins est confié au “Laboratoire de restauration des œuvres sur papier”, dont la responsable est Chiara Fornaciari da Passano. «Nous nous occupons principalement de conservation préventive, c’est-à-dire de choisir les matériaux utilisés spécifiquement pour le stockage et la conservation en dépôt. Nous choisissons pour chaque œuvre sa condition de conservation parce que chaque cas est différent».
Pour toutes les œuvres sur papier vaut la règle de tenir compte de paramètres déterminés de température, d’humidité et d’exposition à la lumière, mais le support papier contemporain est par nature plus fragile par rapport à celui ancien, artisanal et de composition plus pure, explique la spécialiste. «L’artiste contemporain, en effet, utilise différents types de techniques et le support n’est quasiment jamais fait à la main. Dans le cadre de la conservation des œuvres sur papier, il y a encore beaucoup de bonnes pratiques à diffuser», précise-t-elle, en faisant remarquer par exemple qu’un simple morceau de scotch peut provoquer des dégâts irréversibles sur le papier, car la colle pénètre dans les fibres de la feuille.
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