Père Cantalamessa: Marie, Mère de Dieu, nous conduit à Noël
La méditation sur la foi de Marie nous a conduits au mystère de l’Annonciation; celle sur le Magnificat, au mystère de la Visitation; celle sur Marie Mère de Dieu nous conduit à présent à Noël, a expliqué le père Cantalamessa au début de sa prédication. Ce fut en effet à Noël, au moment où «elle enfanta son fils premier-né» (Le 2, 7) que Marie devint vraiment et pleinement Mère de Dieu.
En parlant de Marie, l’Écriture met constamment en relief deux éléments ou moments fondamentaux, qui correspondent d’ailleurs à ceux que l’expérience humaine commune considère aussi comme essentiels pour une vraie et pleine maternité. Ce sont la conception et l’enfantement. Le premier moment, a précisé le père Cantalamessa, relève à la fois du père et de la mère; le second, l’enfantement, n’appartient qu’à la mère.
“Mère de Dieu” est un titre qui exprime un des paradoxes les plus profonds du christianisme, a poursuivi le prédicateur de la Maison pontificale. Il s'agit du plus ancien et plus important titre dogmatique donné à la Vierge Marie, défini par l’Église au Concile d’Ephèse en 431, comme vérité de foi à croire par tous les chrétiens. Il est le fondement de toute la grandeur de Marie. Autrement dit, a précisé le père Cantalamessa, Marie entre dans la réflexion même sur Dieu, parce que Dieu est directement impliqué dans la maternité divine de Marie.
La proclamation de Marie Mère de Dieu dans l'histoire
Au cours de son histoire, l’Église prend pleinement conscience de cette vérité et prend position à son propos. À l’origine, la maternité de Marie est envisagée presque uniquement comme maternité physique. Les hérétiques niaient que le Christ ait eu un véritable corps humain, ou, s’il l’avait eu, que ce corps fût né d’une femme. Il fallait donc affirmer que Marie était vraiment et selon la nature mère de Jésus. La maternité de Marie servit ainsi dans un premier temps à démontrer la véritable humanité de Jésus.
Dans cette ancienne période, apparaît (déjà avec Origène) le titre Theotôkos et ce sera l’emploi de ce titre qui va conduire l’Église à la découverte d’une maternité divine plus profonde, celle que nous pourrions appeler maternité métaphysique, a poursuivi le père Cantalamessa. La maternité de Marie n’est pas comprise seulement en référence à la nature humaine du Christ, mais de manière plus juste, en référence à l’unique personne du Verbe fait homme. Et comme cette unique personne engendrée selon la chair n’est autre que la personne divine du Fils, Marie apparaît comme véritable “Mère de Dieu”.
Entre Marie et le Christ la relation n’est ainsi plus seulement d’ordre physique, mais aussi métaphysique. Après le niveau physique et le niveau métaphysique, un autre niveau restait à découvrir de la maternité divine de Marie, celui d'une maternité spirituelle, que les auteurs latins ont développée, en particulier Saint Augustin.
Le titre de “Mère de Dieu” est aussi aujourd’hui le point de rencontre et la base commune à tous les chrétiens, d’où nous pouvons repartir pour retrouver un accord sur la place de Marie dans la foi, a encore expliqué le père capucin. C’est l’unique titre œcuménique car il est reconnu par toutes les Églises, luthériennes ou orthodoxes.
Enfanter le Christ par les œuvres
Comment imiter les pas de Marie dans nos vies? a demandé le prédicateur. C’est Jésus lui-même qui commence cette application du titre de “Mère du Christ” à l’Église, lorsqu’il déclare: «Ma mère et mes frères ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique» (Lc 8, 21; Mc 3, 31 s; Mt 12, 49). Par la foi, comme le rappellent les Pères de l'Eglise, nous pouvons chacun de nous être “Mère de Jésus”. Comment Jésus nous enseigne-t-il à devenir sa mère? A travers une double opération, a précisé le père Cantalamessa: en écoutant la Parole et en la mettant en pratique. En poursuivant sa réflexion sur la maternité, le religieux franciscain a expliqué aussi les formes de maternités interrompues par l'homme. Il y a celle d'abord connue et ancienne de l'avortement, celle aujourd'hui de l'enfantement sans l'avoir conçu, comme le cas «infiniment triste et misérable d’un utérus donné en prêt pour héberger, avec paiement s’il le faut, une vie humaine conçue ailleurs».
Ces deux tristes possibilités se retrouvent aussi malheureusement sur le plan spirituel, a poursuivi le père Cantalamessa. Conçoit Jésus sans l’enfanter celui qui accueille la Parole sans la mettre en pratique, en somme, celui qui a la foi, mais qui n’a pas les œuvres. Par contre, enfante le Christ sans l’avoir conçu celui qui réalise beaucoup d’œuvres, même bonnes, mais qui ne viennent pas du cœur, de l’amour pour Dieu et d’une intention droite, en somme, celui qui a les œuvres mais qui n’a pas la foi.
Ressembler à Marie en concevant le Christ
Pour développer une maternité vraie et complète qui nous fait ressembler à Marie, il faut se tourner vers Saint François d’Assise, a indiqué le prédicateur: nous concevons le Christ, dit Saint François, quand nous l’aimons dans la sincérité de notre cœur et par la rectitude de notre conscience, et nous l’enfantons lorsque nous accomplissons de bonnes actions qui le manifestent au monde.
Saint Bonaventure explique pour sa part que l’âme conçoit Jésus lorsque, insatisfaite de la vie qu’elle mène et se détachant enfin résolument de ses vieilles habitudes et de ses défauts, elle est comme fécondée spirituellement par la grâce de l’Esprit Saint . Cela doit se traduire, sans retard et par un geste concret, par un changement, autant que possible extérieur et visible, dans notre vie et dans nos habitudes, a insisté le religieux capucin. Si la résolution ne passe pas par les actes, Jésus en effet est conçu mais il n’est pas enfanté, par conséquent, jamais on ne célébrera «la seconde fête» de l’Enfant Jésus qui est la naissance, Noël ! Ce sera un de ces multiples renvois à plus tard dont notre vie est peut-être marquée. Voilà une des raisons principales pour laquelle si peu atteignent la sainteté.
Pour être à l'image de Marie, à savoir ne chercher qu’à trouver grâce auprès de Dieu, sans se soucier de plaire aux hommes, il faut s'armer de courage et croire en la puissance de Dieu et de son Esprit. Dans ces méditations d’Avent et cette préparation à Noël, à l’école de la Mère de Dieu, a conclu le père Cantalamessa, il ne nous reste qu'à nous unir a elle dans une contemplation silencieuse et adorante du Dieu fait homme pour notre salut.
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