Le Pape François ouvre l'année judiciaire au Vatican
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
L'année judiciaire 2020 s'est ouverte ce samedi au Vatican avec une rencontre solennelle du Pape François dans la salle royale du palais apostolique avec les membres des différentes structures de justice du petit État (Tribunal de la Rote romaine, Tribunal suprême de la Signature Apostolique) ainsi que les forces de la gendarmerie vaticane. Dans son salut au Pape, le Promoteur de justice du Vatican Gian Piero Milano a souhaité mettre en avant les réformes engagées par le Vatican en matière notamment de transparence financière.
«Le système judiciaire du Vatican a entamé, en particulier ces dernières années, un important processus de conformation aux réglementations supranationales, en signant d'importants traités internationaux dans le domaine humanitaire et en promouvant des accords de coopération et de sauvegarde de la légalité, notamment dans le secteur financier.»
«Besoin de modernisation»
Des mots qui font écho à ceux du Pape, qui en saluant les différents magistrats et fonctionnaires de la justice vaticane, est revenu également sur ces récentes réformes. «À la base de ces importants changements, il y avait non seulement un besoin naturel de modernisation, mais aussi et surtout la nécessité de respecter les engagements internationaux que le Saint-Siège a également pris au nom de l'État du Vatican. Engagements concernant avant tout la protection de la personne humaine, menacée dans sa dignité même, et la protection des groupes sociaux, souvent victimes de nouvelles formes odieuses d'illégalité», a noté François.
Le Pape s'est réjoui des progrès effectués ces dernières années par le Saint-Siège dans sa conformité aux normes internationales, notamment par la création de structures de contrôle en matière financière. François a d'ailleurs fait allusion à une enquête sur des mouvements financiers suspects ouverte par le Promoteur de justice du Vatican. «Cela démontre l'efficacité et l'efficience des actions répressives, comme l'exigent les normes internationales» s'est félicité le Pape.
De nouvelles normes
«Le Saint-Siège est fermement résolu à poursuivre sur la voie entreprise, non seulement en termes de réformes législatives, qui ont contribué à une consolidation substantielle du système, mais aussi en initiant de nouvelles formes de coopération judiciaire tant au niveau des organes d'enquête que des instances d'instruction, dans les formes prévues par les normes et pratiques internationales.»
Le Saint-Père avait commencé son discours en rendant hommage au travail des responsables de l'administration judiciaire et ceux de l'orde public, un travail «qui prend une valeur précieuse, car il est une garantie non seulement d'ordre, mais surtout de responsabilité dans la qualité des relations interpersonnelles vécues sur notre territoire».
Conversion personnelle
Pour mieux comprendre la mission de la justice, le Pape a invité à revenir à l'Évangile. On y voit en effet, a t-il souligné, «que la justice proposée par Jésus n'est pas un simple ensemble de règles appliquées techniquement, mais une disposition du cœur qui guide ceux qui ont des responsabilités.» En ce sens, le Souverain pontife a pointé la vigilance à avoir sur nous-mêmes, invitant chacun «à se sentir impliqué non seulement dans un engagement extérieur qui concerne les autres, mais aussi dans un travail personnel en chacun de nous: notre conversion personnelle. C'est la seule justice qui génère la justice !»
La justice seule ne suffit pas, a poursuivi François, mais doit par ailleurs s'accompagner des trois autres vertus cardinales: prudence, tempérance et force d'âme. «La prudence, en effet, nous donne la capacité de distinguer le vrai du faux et nous permet d'attribuer à chacun le sien. La tempérance comme élément de modération et d'équilibre dans l'évaluation des faits et des situations nous rend libres de décider en fonction de notre conscience. La force d'âme nous permet de surmonter les difficultés que nous rencontrons, en résistant aux pressions et aux passions.»
La miséricorde, accomplissement de la justice
Le Pape a aussi invité à prendre en compte les personnes qui ont «faim et soif de justice», rappelant au passage le sens de la miséricorde: «en creusant dans la complexité des affaires humaines, vous qui devez donner les bonnes réponses, en combinant la justesse des lois avec la plus grande miséricorde que nous a enseignée Jésus. En effet, la miséricorde n'est pas la suspension de la justice, mais son accomplissement».
Si François a salué «les réformes appréciables introduites au fil du temps et qui donnent des résultats concrets», elles n'en restent pas moins dépendantes d'un travail humain. Il est donc important, a t-il rappelé, que soient assurées la qualité et la rectitude des personnes, en premier lieu des juges. «Engagez-vous à prendre conscience de vos importantes responsabilités» a conclu le Pape à l'adresse du personnel juridique du Vatican, affirmant être sûr que cet engagement sera honoré.
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