Indulgences: «Un grand manteau de miséricorde est répandu»
Andrea Tornielli – Cité du Vatican
«Un grand manteau de miséricorde est répandu sur tous ceux qui souhaitent la recevoir». Ainsi, le cardinal italien Mauro Piacenza, pénitencier majeur de l’Église catholique qualifie la portée du décret paru vendredi 20 mars sur l'indulgence plénière offerte aux malades, soignants et fidèles, à l'occasion de l'urgence pandémique.
Pouvez-vous expliquer l'origine du décret sur l'indulgence en cette période d'urgence face au Covid-19?
La loi suprême de l'Église est le salut des âmes. L'Église se tient devant le monde pour proclamer l'Évangile et offrir les sacrements, c'est-à-dire la surabondance de dons et de la grâce divine qui sont mis à la disposition de tous. La crise que nous traversons en ce moment, malheureusement maintenant dans de nombreux pays du monde, est évidente pour chacun d'entre nous. Nous vivons dans une situation d'urgence: il y a des hôpitaux qui risquent de ne plus pouvoir accueillir les malades, il y a des malades qui sont obligés de vivre dans l'isolement, et malheureusement aussi de mourir sans le confort et la proximité de leurs proches, il y a des malades qui n'ont pas la proximité d'un prêtre pour l'onction des malades et la confession. Il y a beaucoup de personnes en quarantaine et des villes entières où la population doit rester enfermée chez elle à cause des règlements émis par les autorités pour contenir la contagion.
Quels sont les besoins les plus urgents?
L'extraordinaire de cette époque exige des mesures extraordinaires pour aider, pour être proche, pour réconforter, pour assister, pour ne jamais laisser personne manquer la caresse de Dieu face à la souffrance et à la perspective d'une mort imminente. C'est pourquoi la Pénitencerie apostolique, agissant au service du Pape et avec son autorité, a publié ce décret sur les indulgences.
Pouvez-vous énumérer les particularités de cette mesure?
Tout d'abord, une indulgence plénière est offerte à tous les patients atteints du coronavirus qui sont à l'hôpital ou en quarantaine à domicile. Elle est également proposée, dans les mêmes conditions, aux travailleurs de la santé, aux membres de la famille et à ceux qui aident les malades. En outre, l'indulgence est également offerte à tous ceux qui, à l'occasion de cette pandémie, prient pour qu'elle cesse, prient pour ceux qui souffrent et pour ceux que le Seigneur a appelés à Lui.
Quelles sont les conditions pour recevoir le don d'indulgence?
Elles sont très simples. Il est demandé aux malades et à leurs soignants de s'unir spirituellement, si possible par le biais des médias, à la célébration de la messe ou à la récitation du chapelet ou du chemin de croix ou à d'autres formes de dévotion. Si cela n'est pas possible, on leur demande de réciter le Credo, le Notre Père et une invocation à Marie. Tous les autres, ceux qui offrent des prières pour les âmes des morts, pour ceux qui souffrent, et invoquent la fin de la pandémie, sont invités - lorsque cela est possible - à se rendre au Saint-Sacrement ou à l'adoration eucharistique. Ou encore, à la lecture des Saintes Écritures pendant au moins une demi-heure, ou la récitation du Rosaire ou du Chemin de croix. Comme chacun le sait, la récitation des prières et la lecture de la Bible peuvent se faire sans quitter la maison.
Et ceux qui sont sur le point de mourir?
Ceux qui sont sur le point de mourir et qui ne peuvent recevoir l'Onction des malades, ni se confesser ou communiquer, sont confiés à la Miséricorde Divine. Chacun d'entre eux bénéficie de l'indulgence plénière, à condition qu'il soit dûment disposé et qu'il ait eu l'habitude de réciter des prières au cours de sa vie. Comme on peut le voir, un grand manteau de miséricorde est répandu sur tous ceux qui souhaitent la recevoir.
Le décret de la Pénitencerie parle des personnes malades atteintes du Coronavirus. Cela signifie-t-il que l'indulgence n'est pas offerte aux autres malades ?
N'oublions jamais le bien des âmes: le décret présente des mesures extraordinaires en raison de l'urgence générale que nous connaissons. Elle s'étend à tous les malades, car tous les malades qui se trouvent aujourd'hui dans les hôpitaux subissent d'une manière ou d'une autre les conséquences de l'urgence de la pandémie.
Parlons du sacrement de la confession. D'autres formes que la confession individuelle sont-elles possibles, en face à face avec le prêtre?
L'absolution collective, sans confession individuelle, peut toujours être donnée en cas de danger imminent de mort, ou en cas - le Code de droit canonique le précise - de "grave nécessité". Nous avons clairement indiqué que, surtout dans les endroits les plus touchés par la contagion et jusqu'à ce que le phénomène soit retenu, les cas de grave nécessité se reproduisent. Les évêques diocésains peuvent donc, pour le bien des âmes, prendre des décisions dans ce sens, comme ils peuvent le faire en cas de nécessité soudaine.
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