Exercices spirituels: dans la vocation, la surprise est la marque de Dieu
Michele Raviart - Cité du Vatican
La vocation est «la rencontre décisive dans laquelle Dieu nous a parlé» et où nous avons décidé d'obéir à son choix, a d’abord rappelé le père Pietro Bovati. Il s’agit du début d'une «nouvelle histoire», d'une «nouvelle naissance», par laquelle de nouvelles paternités et de nouvelles fraternités sont créées. Il est donc nécessaire de se souvenir de ce moment où nous avons obéi et d’«entendre à nouveau la voix du Seigneur», grâce à ce qui est le sens ultime de la prière.
Dieu appelle dans l'expérience vécue
Lors de cette deuxième méditation proposée à la Curie romaine à Ariccia, le prêtre jésuite est parti de la figure biblique de Moïse pour expliquer ce que signifie être appelé. Moïse est un pasteur et un serviteur. Il ne sait pas qu'il passera de la garde du troupeau de son beau-père à la conduite du troupeau du peuple d'Israël. «Parfois, a expliqué le théologien, l'Écriture présente l'appel, la vocation, comme une transformation de la profession: d'une occupation matérielle à un dévouement spirituel. Pour que ce qui a été vécu selon la chair puisse suggérer comme signe les valeurs de l'Esprit».
Dieu est toujours à l'œuvre pour guider la personne vers la découverte d'une dimension supérieure de sa vie, d'un don plus utile, d'un service plus utile pour les frères et sœurs. Dieu appelle dans la vie, dans une histoire concrète, avec sa recherche de sens et ses efforts. C’est une condition pour aspirer, peut-être inconsciemment, à une réalité supérieure : celle que Dieu, et Lui seul, est capable de révéler et d'accomplir.
L'inconscience de Moïse
Moïse ne sait pas où il va et ne se rend même pas compte qu'il s'approche d'un lieu sacré lorsqu'il est intrigué par le buisson ardent au mont Horeb. Il ne peut pas saisir le sens du buisson brûlé par le feu sans se consumer, ni imaginer ce qui lui sera révélé. «Ces différents aspects de l'ignorance, de la non-conscience, a souligné le père Bovati, constituent la matrice essentielle pour comprendre ce qu'est réellement la vocation dans sa dimension prophétique, c'est-à-dire qu'elle est toujours une révélation de Dieu, non une conscience lucide de soi, non une autodétermination». En fait, en l'appelant par son nom, Dieu demande à Moïse une disponibilité personnelle, à laquelle il répond en disant: “Me voici” et en “entreprenant un voyage de conscience et d'obéissance”.
Un événement inattendu
L'appel de Dieu a donc eu lieu «dans une condition humaine, dans une personne, non préparée; il se produit comme une surprise, comme un événement inattendu et il arrive apparemment de manière inattendue». En témoigne dans l’Ancien Testament le choix de David, un garçon qui joue de la cithare et non un guerrier, pour combattre Goliath ou celui de Jérémie, un jeune homme inexpérimenté appelé à prophétiser pour les nations.
La surprise est en fait la marque de Dieu, et aussi le décalage entre ce qui est considéré comme opportun et même nécessaire aux yeux des hommes, et celui que Dieu choisit comme médiateur, comme serviteur pour son œuvre salvatrice.
La signification du buisson ardent
Du buisson vient la voix de Dieu. Un signe, inexpliqué dans la Bible, que le prédicateur a interprété de deux façons. D'une part, le buisson est la représentation symbolique de Moïse: c'est un homme, une misérable réalité investie par le feu, «symbole privilégié du Dieu vivant». Une union qui «au lieu d'anéantir la créature faible et fragile, la promeut à une vitalité, à une tâche qui semble impossible à l'homme». D'autre part, le buisson est «la réalité souffrante du peuple d'Israël», tandis que le feu symbolise «la puissance cruelle de l'oppresseur égyptien, qui est incapable d'anéantir cette réalité fragile d'un peuple soumis, parce que Dieu est présent» auprès de lui.
La vocation naît dans le cœur de l'individu
Le Nouveau Testament, en revanche, montre la valeur spirituelle de la vocation pour ceux qui suivent déjà le Seigneur. Dans l'Évangile de Matthieu, Jésus demande aux disciples: «Pour vous qui suis-je ?», pour bien faire comprendre qu'Il n'est pas un des nombreux prophètes, mais qu'Il est «l'Unique, le Fils, le Messie», et non une attente ou une préparation. «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant», lui répond Pierre. Une réponse qui ne vient pas de la chair et du sang, des décisions humaines, mais qui passe par une révélation du Père. Une réponse qui n'est pas collective, mais individuelle.
La vocation est toujours un choix qui vient du cœur de l'individu et ne vient jamais de l'assentiment d’un groupe, de quelque chose qui est déterminé de manière collective, comme une sorte de vague à laquelle on participe sans responsabilité personnelle et décisive.
Pierre aussi est transformé par l'adhésion à Dieu. Non seulement dans son nom, mais aussi dans son identité profonde. «Lui, faible, incertain, devient le rocher sur lequel l'Église elle-même repose, il devient le principe de solidité dans la foi pour aider ses frères et sœurs à surmonter tous les pièges du diable, toutes les puissances du monde souterrain qui se déchaîneront».
Suivre vraiment le Seigneur
«À nous, a conclu le père Bovati en s'adressant à la Curie, il nous est donné d'être comme Pierre, mais nous devons suivre le Seigneur, le suivre vraiment» sur le chemin de la Passion et de la Croix. Le prédicateur a invité les prélats à prier pour demander le don de l'Esprit afin d'être vraiment des disciples du Seigneur. Un désir auquel fait écho le psaume 62, qui dit: «Ton amour vaut mieux que la vie […], Mon âme s'attache à toi, ta main droite me soutient».
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