Décès du cardinal polonais Zenon Grocholewski
Gabriella Ceraso - Cité du Vatican
Le cardinal polonais Zenon Grocholewski, préfet émérite de la Congrégation pour l'Éducation catholique, décédé aujourd'hui à l'âge de 80 ans, s’était retiré en 2015 pour limite d'âge, après 16 ans à la tête de ce dicastère qu’il aura donc conduit sous trois pontificats différents. Le droit canonique et l'éducation furent les deux principaux piliers de son engagement au service de la Curie romaine.
De la Pologne à Rome
Troisième des quatre fils de Stanislaw et Joséphine Stawińska, il est né le 11 octobre 1939 à Bródki en Pologne, dans l'archidiocèse de Poznań, où il a commencé ses études de philosophie et de théologie au séminaire de l'archevêché et où il a été ordonné prêtre le 27 mai 1963.
Trois ans plus tard, il s'installe à Rome, obtient sa licence et son doctorat avec mention en droit canonique à l'Université pontificale grégorienne, avec une thèse en latin sur le thème du droit matrimonial et ensuite un diplôme d'avocat au Tribunal de la Rote romaine. D'octobre 1972 à novembre 1999, il a principalement travaillé au Tribunal suprême de la Signature apostolique, en tant que notaire, chancelier, puis en tant que préfet par nomination de son compatriote Jean-Paul II.
Nommé aumônier de Sa Sainteté par Paul VI en 1977, il a été consacré évêque par Jean-Paul II le 6 janvier 1983, et été élevé à la dignité d'archevêque le 16 décembre 1991.
Le 15 novembre 1999, Jean-Paul II l’a nommé préfet de la Congrégation pour l'Éducation catholique et Grand Chancelier de l'Université pontificale grégorienne, de l'Institut biblique pontifical, de l'Institut pontifical de musique sacrée, de l'Institut pontifical d'études arabes et islamiques et de l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne.
Créé cardinal par St Jean-Paul II au consistoire du 21 février 2001, le cardinal a participé au conclave d'avril 2005, qui a élu le Pape Benoît XVI, et au conclave de mars 2013, qui a élu le Pape François. Deux ans plus tard, ayant dépassé la limite d'âge de 75 ans, il démissionne de son poste de préfet de la Congrégation pour l'éducation catholique, accepté par François. Il était alors le dernier chef de dicastère en poste à avoir été nommé par Jean-Paul II.
Son attention pour le monde de l'école et de l'éducation
En présentant en 2007 un document sur l'éducation dans les écoles catholiques, le cardinal avait encouragé à répondre avec des «compétences renouvelées» aux défis posés par l'école dans la vie des jeunes, et avait décrit les difficultés rencontrées dans l'environnement scolaire qui semblent encore tout à fait actuelles aujourd'hui.
«Le contexte actuel de l'école, avait affirmé le cardinal Grocholewski, est marqué par un profond malaise. Dans le monde scolaire, en particulier en Occident, on constate également une fatigue généralisée chez les enseignants, qui se sentent démotivés et voient souvent leur tâche éducative frustrée. Parmi les signes très inquiétants, il y a aussi l'augmentation de la violence dans les écoles et chez les adolescents, ainsi que la difficulté des familles (...) à participer activement à la communauté éducative scolaire. Il y a aussi une perte de sens dans l'éducation, étroitement liée à la perte de valeurs, notamment celles qui soutiennent les choix de vie, la famille, le travail, les choix moraux.»
Auteur de centaines d’articles sur l’éducation et sur le droit canonique, intervenant dans de nombreux colloques universitaires, il fut également impliqué dans l’élaboration du Code de droit canonique de 1983.
Condoléances du Pape
Apprenant la nouvelle, le Pape François a envoyé un télégramme de condoléances au frère du défunt cardinal dans lequel il rappelle l’œuvre accomplie en tant que professeur de droit canon dans les universités pontificales grégorienne et du Latran et auteur de nombreuses publications scientifiques.
Il évoque également le service rendu au Saint-Siège en tant que secrétaire et préfet du Suprême Tribunal de la Signature apostolique, puis en tant que préfet de congrégation pour l'Éducation catholique. «Dans ces milieux, il a rendu témoignage d'un zèle sacerdotal, d'une fidélité à l'Évangile et à l'édification de l'Église» écrit François.
Les funérailles célébrées en la Basilique Saint-Pierre
La cérémonie des funérailles du cardinal Grocholewski s'est déroulée ce samedi 18 juillet en la Basilique Saint-Pierre, à l'autel de la chaire. Elle était présidée par le cardinal Leonardo Sandri, vice-doyen du Collège cardinalice, qui a salué dans son homélie un homme «pèlerin de la foi et dans la foi», donné dans son sacerdoce, un érudit - on lui doit plus de 550 publications - au caractère cordial, souriant, ayant su reconnaître des semences de sainteté dans l'Église à différentes périodes.
Confiant l'âme du défunt à la Miséricorde divine, à la Vierge noire de Czestochowa et à l'intercession de saint Jean-Paul II, le cardinal Sandri à lu un extrait du testament spirituel du cardinal Grocholewski:
«À Dieu, dans la Très Sainte Trinité, j'exprime ma profonde gratitude et mon hommage pour le don de la vie, le sacerdoce et toutes les grâces reçues. Dieu soit béni. Profondément convaincu que le seul mode de vie correct sur terre et que la seule vraie grandeur de l'homme est la sainteté et en même temps conscient de mes faiblesses, de mes négligences et de mes péchés, je m'humilie devant la divine Majesté en ayant confiance en Son infinie Miséricorde. Seigneur, aie pitié de moi, pécheur. À tous, je demande de prier pour moi. Au-revoir, dans la maison du Père».
Le Pape François a célébré, à la fin de la messe, le rite de l'Ultima Commendatio et de la Valedictio.
Après le décès du cardinal polonais, le Sacré-Collège compte désormais 221 membres, parmi lesquels 122 cardinaux électeurs et 99 non électeurs (de plus de 80 ans).
(article mis à jour le 18 juillet 2020 à 13h40)
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici