La mission de Mgr Gugerotti à Londres, après 20 ans en Europe de l’Est
Entretien réalisé par Gabriella Ceraso – Cité du Vatican
«Ce fut une rencontre très intense» qui a marqué une période de transition «spirituellement importante». C’est ainsi que Mgr Claudio Gugerotti évoque l’audience que lui a accordé le Pape François jeudi dernier, quelques jours avant son départ pour Londres. Après seize ans au Vatican au service des Églises orientales, puis une vingtaine d’années dans les pays de l’Est, le nonce apostolique s’apprête à prendre ses fonctions en Grande-Bretagne, où il sera la «voix du Pape».
L’affection du Pape pour les églises catholiques d’Ukraine
Le prélat se fait l’écho de l'affection du Souverain Pontife pour l'ensemble du monde ukrainien et en particulier pour les Églises catholiques de la région qui connaissent des difficultés mais témoignent également d’un grand enthousiasme. Il parle d’une Église à la foi «forte et limpide». «Prier avec eux, en particulier avec les jeunes qui sont en profonde recherche de Dieu, était un exercice spirituel permanent», confie-t-il.
L'Ukraine, «si chère au Pape», reste un pays en guerre. Le Saint-Père, explique-t-il, manifeste un grand intérêt pour «la paix, la concorde et le dialogue comme conditions minimums et indispensables» afin que ce conflit initié en 2014 prenne fin dans l’Est. La pays est par ailleurs «saigné» par la Covid-19. Il a besoin de l'implication et de l'engagement des pays environnants et de l'Union européenne, mais «l’espoir ne manque pas» assure l’ancien nonce à Kiev.
Une mission évangélisatrice, un «don de Dieu»
Lorsqu’il revient sur ses 20 ans en Europe de l’Est, Mgr Claudio Gugerotti parle d’un «don de Dieu », d’une occasion d’expérimenter la beauté de la mission évangélisatrice alors que s’ouvraient «les catacombes». Être le représentant du Pape a été «un privilège énorme» dans une période où le Vatican et le Souverain Pontife ont arrêté d’être considérés comme «le grand ennemi» pour devenir la source «d’un enseignement moral de valeur» et, parfois un médiateur «afin de résoudre des problèmes internes à la société qui tente de se reconstruire et de créer un futur de progrès.
Éthique: que catholiques et anglicans parlent d'une même voix
Interrogé sur sa mission à venir à Londres, le nonce se fait l’écho des préoccupations du Saint-Père pour l’Europe, qu’il s’agisse des privations liées à la Covid-19 ou des fractures politiques ou sociales dues au Brexit. À cet égard, le Pape lui a recommandé de «maintenir et favoriser autant que possible» une relation avec la reine Elisabeth II, chef de l’Église anglicane, mais également avec l’archevêque de Canterbury que François considère comme un ami personnel, depuis leur travail commun, notamment, pour tenter d’établir la paix au Soudan du Sud.
Le Pape a demandé à Mgr Gugerotti de travailler aux bonnes relations entre catholiques et anglicans en mettant en évidence les points communs de la foi en Jésus-Christ, afin que la voix chrétienne puisse «résonner fortement dans les choix éthiques du pays».
Conséquences du Brexit
Dans son cœur, le Pape connaît le risque des «conflits idéologiques» pouvant «réveiller d’anciens montres». Ils peuvent avoir selon lui «des conséquences pires» que les guerres. Le Saint-Père est attentif à la souffrance et la marginalisation des plus fragiles.
Enfin, souligne le nonce, «il ne faut pas oublier que de nombreuses communautés catholiques sont largement composées de citoyens étrangers» au Royaume-Uni. Le Brexit pourrait les pousser à partir et leur départ «serait une grande blessure pour l'Église catholique et au-delà». Il assure que sa mission sera ainsi que faire tout son possible pour que les conséquences de cette période de transition «ne dégénèrent pas en de nouvelles difficultés pour les gens, pour l'Europe et pour le monde».
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