Cardinal Parolin: éduquer à la culture du soin pour orienter l'économie
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Depuis la dernière conférence internationale portant sur l’encyclique du Pape Laudato si’ en juin 2019, le monde a été bouleversé par la pandémie de Covid-19 qui a causé des centaines de milliers de victimes, mettant à jour «nos fausses sécurités» et «notre fragilité de créature finie» relève le secrétaire d’État du Saint-Siège. La pandémie a changé nos habitudes de vie et soulevé de nombreuses perplexités sur les systèmes économiques de nos sociétés.
À la suite du Pape, le cardinal Parolin invite les participants à la rencontre promue par la Fondation Centesimus Annus à profiter de ce moment d’épreuve pour faire des choix, et «réinitialiser la route de notre barque vers le Seigneur et vers les autres, en collaborant, construisant, en s’engageant ensemble, redécouvrant notre appartenance commune en tant que frères et sœurs». C’est ce à quoi les engage le thème choisi pour cette conférence : «les jalons d’une écologie intégrale pour une économie humaine»
Le cardinal Parolin s’arrête dans son message vidéo sur les deux concepts clé de cet intitulé : « écologie intégrale » et « économie humaine ».
Écologie intégrale, une nouvelle vision du monde…
L’écologie intégrale est centrale dans l’encyclique Laudato si’ et le Pape propose avec elle, «une nouvelle vision du monde», une réflexion qui va au-delà de la dimension environnementale et se propose d’analyser les différentes questions qui interrogent l’humanité, affirme le cardinal Parolin. Pour lui, l’écologie intégrale est un «concept complexe et multidimensionnel, qui se déploie sur une longue période». Il reprend l’image chère au Pape de polyèdre qui a plusieurs facettes mais où le tout est supérieur à la partie.
… centrée sur la personne humaine
Parce qu’elle est centrée sur la personne humaine, l’écologie intégrale implique la promotion d’une culture du soin, à l’opposé de la culture du rejet qui touche aujourd’hui les hommes comme les choses et qui se manifeste par exemple, explique le cardinal Parolin, par «l’obsession de réduire les coûts du travail, perdant ainsi le sens de la valeur du droit au travail qui représente pourtant un élément essentiel pour la réalisation tant de la personnalité de toute personne que du devoir de solidarité au sein des communautés sociales, qui s’étend aussi aux générations futures».
Une conversion qui passe par l’éducation
Le secrétaire d’État du Saint-Siège estime qu’un changement de route vers une écologie intégrale nécessite des outils techniques, économiques et scientifiques mais aussi de l’instruction et de la formation, en somme «une dimension éthico-sociale». Les solutions politiques et techniques doivent s’accompagner d’un processus éducatif, «une pédagogie qui touche l’esprit, les mains et le cœur de chacun», pour que soit adoptée une culture du soin, de soi, de l’autre, de l’environnement, et ainsi une économie qui permette un «développement durable authentiquement intégral en faveur de tous les peuples de la terre et en particulier des plus pauvres».
Une économie humaine…
«L’état de santé écologique de la planète» et la «crise culturelle et morale de l’homme» requiert «évidemment, pour le cardinal Parolin, un discernement moral en faveur d'une réflexion nouvelle et approfondie sur le sens de l'économie et ses finalités, ainsi qu'une révision profonde et prévoyante du modèle de développement, pour en corriger les dysfonctionnements et les distorsions.»
L’écologie intégrale exige une conception économique plus humaine basée sur les préceptes suivants : protéger et cultiver. Il faut améliorer le monde et non le détruire, affirme le prélat qui oppose aux dynamiques perverses de la culture du rejet «les modèles circulaires de production et de consommation».
… crée des emplois et ne les détruit pas
S’il défend l’activité entrepreneurial, le cardinal Parolin souligne qu’il s’agit d’un don de Dieu et que la production de richesses doit clairement viser au progrès du plus grand nombre et à l’éradication de la misère, grâce à la création d’emploi… et non sa réduction. Il s’inquiète des progrès de la robotique et de toute forme d’automatisation et cite la dernière encyclique du Pape François Fratelli tutti : «Il faut garantir à chacun la possibilité de faire germer les semences que le Seigneur a mises en lui (…) Dans une société réellement développée, le travail est une dimension inaliénable de la vie sociale, car il n’est pas seulement un moyen de gagner sa vie, mais aussi une voie pour l’épanouissement personnel, en vue d’établir des relations saines, de se réaliser, de partager des dons, de se sentir coresponsable de l’amélioration du monde et en définitive de vivre comme peuple» (163).
Nécessité d'un dialogue entre les nations
Enfin le cardinal Parolin attaché à «la logique de la responsabilité, de la gratuité et de la justice» estime qu’une économie humaine se soucie de la solidarité au sein d'une génération et entre les générations, et nécessite «une nouvelle éthique et une nouvelle dynamique des relations internationales». Le secrétaire d’État du Saint-Siège plaide pour un «ordre juridique, politique et économique mondial accru» qui «oriente la collaboration internationale vers le développement solidaire de tous les peuples, en sachant que seuls des efforts conjoints permettront d'apporter des réponses efficaces à des problèmes qui dépassent les frontières nationales», comme c’est le cas avec la pandémie ou le réchauffement climatique. Un dialogue constructif pour le bien commun universel est l’unique voie si l’on veut construire ensemble, estime-til.
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