Mgr Gallagher: la diplomatie vaticane lutte contre les pauvretés spirituelle et matérielle
Le discours prononcé hier par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, à l'occasion du 40ème anniversaire de la signature de l'accord entre le Saint-Siège et le Pérou, conclu à Lima le 19 juillet 1980, était entièrement consacré à la diplomatie du Saint-Siège, précisant ses objectifs et son approche intégrale.
«L'action diplomatique du Saint-Siège ne se contente pas d'observer les événements ni d'en évaluer la portée; elle ne peut pas non plus rester seulement une sorte de voix critique de la conscience». L'archevêque en poste depuis 2014 à la Secrétairerie d’État a donc souligné combien «le Saint-Siège est appelé à agir pour faciliter la coexistence entre les différentes nations, pour promouvoir la fraternité entre les peuples, la coopération véritable, concordante et ordonnée, dans une solidarité structurée au profit du bien commun et de celui des individus».
Priorité aux droits humains des plus vulnérables
C'est bien sûr le Pape François qui demande au Saint-Siège d'intervenir sur la scène internationale, «non pour garantir une sécurité générique, rendue plus difficile que jamais en cette période d'instabilité permanente», mais pour «soutenir une idée de paix, comme fruit de relations justes, c'est-à-dire du respect des normes internationales, de la protection des droits humains fondamentaux, à commencer par ceux des derniers, les plus vulnérables».
La fonction «ecclésiale» de la diplomatie «comme instrument de communion qui unit le Souverain Pontife avec les évêques et les Églises locales respectives, est aussi la voie particulière par laquelle le Pape peut concrètement atteindre les "périphéries" spirituelles et matérielles de l'humanité», a précisé Mgr Gallagher.
En relation diplomatique avec 183 États
Le secrétaire aux relations avec les États a rappelé que le réseau diplomatique du Saint-Siège a des relations bilatérales avec 183 États, auxquels il faut ajouter l'Union européenne et l'Ordre souverain de Malte. «Il entretient également des relations multilatérales stables avec de nombreuses autres institutions intergouvernementales, compétentes dans les différents secteurs dans lesquels s'articule la structure de la gouvernance internationale», a ajouté le diplomate britannique, originaire de Liverpool.
La paix selon le Saint-Siège, ne s’arrête pas au droit international
De ce fait, selon Mgr Gallagher, «l'idée de paix dont le Saint-Siège est porteur ne s'arrête pas à celle que les nations expriment dans le droit international contemporain. Travailler pour la paix ne signifie pas seulement déterminer un système de sécurité internationale et, peut-être, respecter ses obligations. Elle est également nécessaire pour prévenir les causes qui peuvent déclencher un conflit de guerre, ainsi que pour éliminer les situations culturelles, sociales, ethniques et religieuses qui peuvent rouvrir des guerres sanglantes qui viennent de se terminer».
Garantir la justice avant la légalité
En ce sens, le droit international «doit continuer à se doter d'institutions juridiques et d'instruments réglementaires, capables de gérer les conflits conclus ou les situations dans lesquelles les efforts diplomatiques ont forcé les armes à se taire». Un passage important de l'intervention du secrétaire aux relations avec les États est ainsi consacré à la phase post-conflit: «La tâche dans la phase du post-conflit ne se limite pas à réorganiser les territoires, à reconnaître une souveraineté nouvelle ou modifiée, ou encore à garantir par la force armée les nouveaux équilibres obtenus. Elle doit plutôt clarifier la dimension humaine de la paix, en éliminant toute raison possible qui pourrait à nouveau compromettre la condition de ceux qui ont vécu les horreurs de la guerre, et qui attendent et espèrent maintenant, selon la justice, un avenir différent. Traduit dans le langage de la diplomatie, cela signifie donner la priorité à la force du droit sur l'imposition des armes, en garantissant la justice avant même la légalité».
Briser les mécanismes de l'indifférence
Mgr Gallagher a ensuite dénoncé la «propagation de l'indifférence» qui ne concerne pas seulement les lieux de conflit et de guerre, peut-être géographiquement éloignés. «Aujourd'hui, elle remet également en question chacun d'entre nous qui, volontairement ou non, sommes touchés dans notre vie quotidienne par une vague continue de nouvelles et d'informations, qui nous relie virtuellement au reste du monde et nous montre des otages de la souffrance, des sans-abri, des nombreuses victimes de guerres forcées à émigrer, des personnes sans défense, de celles qui ont perdu leur emploi et des plus vulnérables». L'archevêque s'est ainsi dit convaincu qu'aujourd'hui, plus que jamais, il est nécessaire «de briser ces mécanismes d'indifférence, de briser la coquille protectrice de notre égoïsme, passant ainsi des théorèmes sur la paix possible, à des expériences concrètes de paix vécue, même si elle est souffrante».
Lutter contre la pauvreté matérielle et spirituelle
La voie principale, souligne-t-il encore, est celle indiquée par le Pape François. C'est-à-dire la lutte contre la pauvreté, tant matérielle que spirituelle, la construction de la paix, et, enfin, être des bâtisseurs de ponts par le dialogue.
«Ce sont aussi trois points de référence qui indiquent un chemin personnel, social et global auquel le Pape a invité tout le monde, dès les premiers jours de son service comme évêque de Rome», a rappelé Mgr Gallagher, ajoutant que l’appel de François reste pressant et exigeant, surtout aujourd'hui.
«Il nous demande d'être très courageux et de laisser derrière nous les certitudes faciles que nous avons acquises, nous engageant dans une authentique conversion du cœur, des priorités, des modes de vie, en nous exposant à la rencontre de l'autre, même lorsque nous avons l'impression de ne pas le connaître suffisamment, de venir de mondes culturels et religieux trop différents ou de parler des langues encore si différentes».
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