Communautés nouvelles: l'approbation du Saint-Siège nécessaire pour les Églises orientales
Alessandro De Carolis et Gabriella Ceraso - Cité du Vatican
Avec la Lettre Apostolique sous forme de Motu proprio Ab initio, le Pape établit la règle d’une approbation préalable de la part du Siège Apostolique pour toute décision relative à la reconnaissance officielle des communautés de vie consacrée nouvellement créées. Ce document est analogue, dans la forme et le fond, à celui qui a été rendu public le 4 novembre dernier, Authenticum charismatis, par lequel François avait abordé la même question en ce qui concerne le Code de droit canonique de l'Église latine.
Il est rappelé que les évêques gardent la responsabilité de reconnaître des communautés, en veillant à ce qu’elles constituent des «formes de vie stables» et en évitant que «des instituts inutiles ou insuffisamment vigoureux ne surgissent imprudemment», mais le Motu proprio affirme que «le Siège Apostolique est responsable à la fois de l'accompagnement des Pasteurs dans le processus de discernement conduisant à la reconnaissance ecclésiale d'un nouvel Institut ou d'une nouvelle Société de droit éparchial, et du jugement final pour vérifier l'authenticité de la finalité inspiratrice». (Les éparchies sont l’équivalent oriental des diocèses latins, et le droit éparchial correspond donc au droit diocésain.)
Interrogé par la section italienne de Vatican News, le Secrétaire de la Congrégation pour les Églises Orientales, Mgr Giorgio Demetrio Gallaro, explique le sens de cette modification normative.
Quelle est la signification de la modification apportée au Code de droit canonique pour les Églises orientales?
Avec la publication de la Lettre Apostolique Authenticum Charismatis qui modifie certains des canons du Code latin de 1983 - canons encore en vigueur jusqu'à ce nouveau Motu proprio - le Pape a établi que pour la constitution d'un nouvel institut de vie consacrée, l'autorisation préalable du Saint-Siège est nécessaire. Considérant qu'il est urgent et opportun que les Églises catholiques orientales disposent également d'un tel instrument législatif, le Saint-Père a prévu, par la lettre apostolique Ab Initio, de mettre sur la même ligne la législation de toute l'Église catholique, d'Orient et d'Occident.
C'est le but de ce Motu Proprio dédié aux Eglises orientales, afin de ne pas créer de situations différentes. Il faut dire aussi qu'à partir du Concile Vatican II, il y a eu beaucoup de nouvelles formes de vie consacrée, d'Instituts, parfois aussi des doublons. Par conséquent, pour éviter cela, il faudra désormais obtenir l'autorisation préalable du Siège Apostolique par l'intermédiaire, dans notre cas, de la Congrégation pour les Églises orientales, et pour l'Église latine, par l'intermédiaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique. C'est la raison principale de cette modification des canons.
Quelle est l'ampleur du phénomène des nouvelles formes de vie consacrée dans les Églises orientales?
Dans les Églises orientales catholiques, elle est un peu moins répandue que l'Église latine, l'Église de tradition romaine, pour le simple fait que si les Églises orientales sont au nombre d'une vingtaine, 22-23, ces formes sont un peu moins répandues. Jusque dans les années 1950, par exemple, nous avions une présence monastique plus prononcée dans les Églises catholiques orientales, puis Pie XII a promulgué un Motu Proprio concernant la vie religieuse et malheureusement, à mon avis, beaucoup de ces Instituts monastiques orientaux ont opté pour une forme de vie religieuse, de vie consacrée, à l'instar de l'Église occidentale.
Mais, comme pour dire, il y a eu aussi, surtout après Vatican II, une prolifération de ces Instituts, mais il y a un certain nombre d'Instituts de vie consacrée, donc dans ce sens il faut une approche normative, canonique, qui ne crée pas de différences. C'est ce que l'on peut dire des innovations des canons pertinents pour cette législation, tant le code latin de 1983 que le code oriental des années 1990. Comme le Pontife romain est le seul législateur, nous ne sommes pas détachés des normes canoniques.
Alors, est-ce une mesure d’ordre et de simplification?
Oui, toujours dans le respect de la variété des charismes et en harmonie avec Vatican II et les documents post-conciliaires. Par exemple, le décret sur Perfectae Caritatis, où il souligne que l'Église accueille les différentes formes de vie consacrée comme une manifestation de la richesse des dons de l'Esprit Saint. L'autorité ecclésiastique, donc, tant au niveau papal qu'épiscopal, doit interpréter ces conciles, en réglementer la pratique et constituer des formes stables de vie consacrée, en évitant l'émergence d'instituts peu utiles et manquant de cette vigueur ecclésiale suffisante. Tel est donc l'objectif des changements.
Il faut également tenir compte de ce qu'a dit Jean-Paul II, le législateur des deux codes, qui avait précisé lors de leur adoption que les normes servent le bien de l'Église et peuvent être modifiées en cas de besoin. C'est pourquoi le Saint-Père François ne fait rien d'autre que de retoucher ici et là certaines normes canoniques, selon les demandes et les besoins.
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