Les Églises orientales, des communautés vivantes au-delà de l'encens

Avec la promulgation de la constitution apostolique «Praedicate Evangelium», les structures de certains organismes du Vatican changent : le nouveau dicastère change son ancien nom de congrégation, dont nous avons présenté ces derniers mois l’histoire, les objectifs et le «bilan de sa mission».

Il ne s'agit pas seulement d'icônes et de fumée de bougies s'élevant dans des rituels anciens. Il y a la chair du Christ, souvent blessée, comme le dit le Pape François, derrière le travail de la Congrégation pour les Églises orientales.

L'horizon dans lequel s'inscrivent les responsabilités de ce dicastère comprend le monde de la Terre Sainte, qui tisse la sacralité la plus intense avec des drames humains de longue date, l'univers des Églises en diaspora, la coexistence naturelle dans le tissu ecclésial des prêtres célibataires et mariés – deux "pôles" au centre de nombreux débats en Occident - et bien d'autres particularités d'une mosaïque aujourd'hui liée au destin mondial d'une pandémie qui ne montre aucun signe de résolution.

Un monde, explique le cardinal Leonardo Sandri qui dirige la Congrégation, dans lequel l'unité autour du Vicaire du Christ «se manifeste dans sa diversité».

Jusqu'à la réforme de la Curie romaine en 1967, le poste de Préfet de la Congrégation était réservé au Pontife lui-même, ce qui démontre l'importance accordée au soin des Églises orientales. De quelle manière cette préoccupation pour les communautés de l'Orient chrétien s'exprime-t-elle aujourd'hui?

Je crois qu'il est bon pour nous de revenir à l'image de quelques instants avant la messe du début du pontificat du Pape François, lorsqu'il est allé prier à l'autel de la Confession de la basilique Saint-Pierre, près des reliques de l'Apôtre, et a voulu être entouré de tous les patriarches et archevêques majeurs des Églises catholiques orientales, pour manifester visiblement la profonde unité au sein de l'Église catholique.

L'Église latine est l'une des Églises sui iuris et le Pape, en tant qu'évêque de Rome, bien qu'il soit un évêque latin, exerce sa sollicitude en respectant et en prenant soin de toutes les Églises catholiques orientales, du Moyen-Orient à l'Europe de l'Est, en passant par l'Inde, et de toutes les communautés filles de ces Églises répandues dans de nombreux territoires de la diaspora sur le continent américain ainsi qu'en Europe, en Australie et en Océanie.

Quelle est l'importance de la diaspora?

Elle est une caractéristique de la sollicitude pour les Églises orientales des Pontifes qui, bien que n'étant plus préfets de la Congrégation, continuent à exercer à travers elle leur attention particulière aux fidèles orientaux. Le fait même que dans des territoires à prédominance latine, comme par exemple en Europe et aux États-Unis, les Papes aient choisi d'ériger des éparchies ou des exarchats pour le soin des fidèles catholiques orientaux, prouve l'importance et le profond respect de leur identité et de leur tradition.

Là où ils se rendent dans le monde en constituant des communautés structurées, d’une certaine consistance, le Siège Apostolique leur reconnaît la possibilité de continuer à se gouverner selon leur propre tradition, leurs propres particularités liturgiques, disciplinaires, spirituelles, en prévoyant la nomination d'évêques et l'érection d'éparchies et de circonscriptions afin qu'ils puissent continuer à vivre leur appartenance au Seigneur dans l'Église catholique à travers ce visage singulier de leur propre Église d'origine.

Ces fidèles fuient souvent les guerres, la violence, la pauvreté...

Oui, l'attention portée aux fidèles orientaux de la diaspora est aussi une façon particulière de vivre ce soin de la réalité des migrants et des réfugiés, si chère au cœur du Pape François. Les Orientaux de la diaspora sont les enfants de ces populations qui, pour échapper à la guerre et à la violence ou pour des raisons économiques, ont émigré de leur patrie et ont établi des communautés pour continuer à vivre leur foi dans le lien avec leur mère patrie et avec l'Église à laquelle ils appartiennent.

L'attention du Pape François à la réalité de la migration se concrétise également à travers notre dicastère, dans la pastorale de ces fidèles migrants, où qu'ils soient venus dans le passé et aujourd'hui, et où qu'ils viendront dans le futur. Il ne s'agit bien sûr pas d'encourager un processus de vidange des chrétiens, par exemple au Moyen-Orient, qui sert peut-être les intérêts de certaines puissances internationales puissantes, mais plutôt de voir le Pape en première ligne pour revendiquer le droit des chrétiens à rester, à vivre et à professer leur foi.

La présence des chrétiens dans un Moyen-Orient que nous voudrions voir enfin réconcilié, sans plus de guerres, est une contribution fondamentale à la coexistence pacifique selon un modèle de fraternité humaine, en dépassant les schémas historiques d'opposition ou de sujétion mutuelle qui ont caractérisé les décennies et les siècles passés dans ces territoires.

Le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.
Le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.

Quand on parle des Églises orientales, les premières images qui viennent à l'esprit sont celles d'anciens lieux qui gardent des trésors artistiques et des rites chargés de sens. Quels autres éléments caractérisent l'identité spécifique des communautés ecclésiales de l'Orient?

Il est vrai qu'il ne faut pas perdre la particularité de quelque chose d'ancien, de précieux, d'un trésor de sagesse, de beauté, d'art, de couleurs car c'est l'expérience que l'on fait quand on entre dans une église orientale n'importe où dans le monde: on est fasciné par les prières, les chants, les hymnes, le parfum de l'encens, la lumière des bougies, les vêtements... mais tout cela n'est pas quelque chose qui appartient à un musée!

Ce sont des communautés vivantes qui, avec des paramètres différents des nôtres - pensez aussi à tout le débat au sein de l'Église latine sur l'orientation de la prière liturgique - continuent à vivre leur foi d'une manière profondément catholique, même si elle est différente de ce à quoi nous sommes habitués.

Une des particularités est un thème qui est très proche du cœur du Pape, celui de la synodalité.

Le Saint-Père a demandé, et continue de demander à toute l'Église, une réflexion sur ce que signifie l'exercice de la collégialité et de la "synodalité". Cette perspective synodale caractérise immédiatement la vie des Églises catholiques orientales car, d'une manière particulière, les Églises patriarcales et les archevéchés majeurs sont structurées autour d'un patriarche ou d'un archevêque majeur, qui exerce la direction de l'Église avec le Synode des évêques, dans une voie de communion et de collégialité. 

La synodalité est donc évidente dans la pratique relative aux élections des évêques pour les sièges des territoires propres aux Églises catholiques orientales. Le Saint-Père est en effet appelé à exprimer son assentiment sur la dignité de l'épiscopat d'un candidat, mais l'affectation à un Siège plutôt qu'à un autre sur le territoire approprié relève de la responsabilité du Synode des Évêques.

Ou encore, pensons à la question très débattue des prêtres mariés. Certaines Églises catholiques orientales ont conservé cette pratique (également présente dans le monde orthodoxe) qui consiste à avoir des prêtres célibataires et des prêtres mariés. Suite à la plénière de cette congrégation en 2013, le Pape François leur a donné la possibilité d'exercer un ministère pour leurs fidèles en dehors de leurs territoires traditionnels, ce qui n'était pas autorisé auparavant, voire explicitement interdit, comme par exemple aux États-Unis pour l'Église ruthène à partir de la fin du XIXe siècle. Ces thèmes, celui de la synodalité et celui de l'exercice du sacerdoce, tant célibataire que marié, souvent objet de réflexion et de débat à notre époque, sont en fait des expériences déjà concrètement vécues dans les Églises catholiques orientales.

Pensons également à la façon dont les pontifes ont voulu, au fil des décennies, présenter la tradition orientale comme une manière particulière de donner une perception authentiquement catholique de l'Église, avec une attention portée aux réalités concrètes, comme celle du Liban (Synode spécial de 1996) ou celle de tout le Moyen-Orient (Synode spécial des évêques de 2010), mais aussi avec des interventions législatives, comme la promulgation du Code des Canons des Églises orientales en 1990 par saint Jean-Paul II, et son attention pour le monde de l'Europe de l'Est, avec la mention des Saints Cyrille et Méthode.

L'histoire des Églises orientales a été et reste marquée par des conflits et des violences qui, au fil des ans, ont décimé la présence des minorités chrétiennes et ont contraint des populations entières à un exode qui semble sans fin. Quelles sont actuellement les situations d'urgence les plus explosives dans les domaines de compétence de la Congrégation?

À l'occasion du Synode pour le Moyen-Orient en 2010, de nombreux prélats de ces pays ont demandé que le concept de minorité ne soit pas utilisé, mais de présence, pour dire que le concept de minorité et de majorité - même s'il est compréhensible au niveau statistique - n'est pas la clé pour lire leur existence au Moyen-Orient. Parce qu'en fait, nous parlons d'une présence chrétienne ininterrompue dans ces pays, mais qui, numériquement, a toujours été symbolique par rapport à l'écrasante majorité de la population, à l'exception des tout premiers siècles... une présence qui est, cependant, et qui veut continuer à être, un témoignage. 

Il est certain que les fronts sur lesquels vivent nos fidèles orientaux sont particulièrement dramatiques, nous avons maintenant atteint la 10e année du conflit syrien et aucune solution ne semble se profiler à l'horizon. Il y a sur ce dossier différentes positions et sensibilités, mais une seule certitude: des millions de personnes (y compris celles appartenant aux secteurs les plus faibles de la population, comme les jeunes, les enfants, les femmes et les personnes âgées) privées d'un foyer, d'une école, parfois d'un endroit pour se soigner, d'un endroit pour grandir, où elles peuvent jouer, où elles peuvent espérer, un endroit où elles peuvent vivre et aimer.

Quelles sont les situations les plus dramatiques aujourd'hui?

Pensons aux millions de personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie et aux millions de personnes déplacées hors de Syrie, au Liban voisin, en Jordanie, mais aussi en Europe ou aux États-Unis... Le front syrien est une blessure qui continue de saigner et qui semble incapable de cicatriser, avec la culpabilité de tous ceux qui, bien qu'ils le puissent, restent inertes face au cri de douleur, comme le Pape François l'a très clairement indiqué à plusieurs reprises. J'aime particulièrement rappeler l'image de Bari le 7 juillet 2018 et ses paroles, ce cri de douleur qui monte des terres du Moyen-Orient et particulièrement de la Syrie.

L'Irak, où le prochain voyage du Pape est programmé du 5 au 8 mars, reste un lieu de forte instabilité, une terre non pacifiée aussi en raison des lourdes conséquences de l'invasion de l'État dit islamique, et il est difficile de penser que ceux qui sont partis à l'étranger puissent revenir. Mais nous pensons aussi à la grande question de la vie au Liban, dévasté en août de l'an dernier par les conséquences de la grave explosion du port de Beyrouth, mais qui connaissait déjà depuis des mois une forte instabilité, une crise économique profonde avec des milliers de personnes sous le seuil de pauvreté.

La situation, également politique, de ce pays semble porter atteinte à l'existence même d'un "pays-message" dans lequel la coexistence entre les chrétiens et les fidèles des différentes confessions musulmanes semble être un fait qui en fait un lieu privilégié dans tout le Moyen-Orient. Avant la guerre des dernières décennies, le Liban était considéré comme la Suisse du Moyen-Orient en raison de sa beauté et de sa richesse, mais nous pourrions ajouter, également comme un lieu singulier de coexistence pacifique entre les différentes composantes de la population. Mais nous ne voulons pas oublier d'autres réalités, les défis de la chrétienté dans l'Inde d'aujourd'hui, ainsi que les tensions persistantes et les souffrances qui en découlent pour les populations de l'est de l'Ukraine.

Le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.
Le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.

En quoi le dicastère offre-t-il un apport d'action concrète pour faire face au drame des personnes déplacées, surtout à un moment où les difficultés endémiques s'ajoutent à celles causées par le Covid-19?

Le drame du Covid a particulièrement touché le monde entier et nous demande une attention et des soins supplémentaires pour nos populations. Sauvegardant les compétences de coopération internationale des gouvernements et celles de la Curie romaine elle-même (d'organismes tels que Caritas Internationalis, ou le Dicastère pour le développement humain intégral), la Congrégation, après en avoir informé le Saint-Père et avoir reçu son approbation, a l'intention d'établir un fonds d'urgence pour les Églises catholiques orientales, explicitement destiné à ce moment à gérer les urgences liées à la pandémie.

Les fonds utilisés proviennent de la Collecte pour la Terre Sainte et d'autres petits bienfaiteurs qui se sont mis à disposition pour aider. Le Dicastère a déployé des moyens de plus de 700 000 dollars, destinés à l'achat de matériel hygiénique et sanitaire de prévention et de traitement (comme des ventilateurs pulmonaires) pour Jérusalem, Gaza, la Syrie, le Liban, l'Éthiopie, l'Érythrée, l'Irak... Et surtout, un mécanisme "synodal" vertueux a été mis en place par le biais de certaines Agences liées à la ROACO, auxquelles ont été transmises les demandes d'aide liées à cette crise du coronavirus, émanant de diverses circonscriptions ecclésiastiques relevant de la compétence du Dicastère, et qui ont reçu une réponse des autres agences.

La présence de chrétiens d'Orient dans les pays à majorité musulmane pose la question de l'engagement commun contre le fondamentalisme, tel que réitéré il y a un an par la "Déclaration d'Abou Dhabi". Quel rôle la Congrégation joue-t-elle dans la promotion de la "fraternité humaine" promue par François et le Grand Imam d'Al-Azhar?

La Congrégation a accueilli avec étonnement et joie le geste que le Pape François a souhaité faire avec son voyage apostolique à Abou Dhabi. En tant que préfet, j'ai eu la joie de pouvoir l'accompagner et d'être témoin de cet événement historique. Les chrétiens du Moyen-Orient d'une manière particulière (mais aussi de l'Inde, avec une présence si importante des fidèles syro-malabars et syro-malankars sur un territoire à forte majorité hindoue), représentent en eux-mêmes une vocation à la coexistence et au dialogue, dans le respect mutuel des droits espérés et dans le désir de construire le bien commun en tant que citoyens d'un peuple, d'un pays dont le bien est souhaité. Les Églises catholiques orientales ont donc vu, dans ce passage, presque une reconnaissance d'un désir et aussi d'une pratique de la vie qu'elles ont essayé - même parmi mille difficultés et souffrances - de proposer et de vivre dans leur expérience millénaire en tant d'endroits du Moyen-Orient.

Pouvez-vous donner un exemple concret de cette vocation à la coexistence?

Ce que j'ai mentionné précédemment à propos du Liban est l'exemple le plus concret: nous sommes en 2020, à 100 ans de ce que l'on appelle le "grand Liban" et de la perspective d'une nation qui se constituerait et reconnaîtrait presque comme une charte fondamentale de son identité, celle de la reconnaissance mutuelle et de la coexistence pacifique entre les différentes confessions et croyances, en apprenant à se réjouir des célébrations et des témoignages de communion de chacun.

Pensons par exemple à ce que la célébration de la solennité de l'Annonciation le 25 mars est devenue au fil des ans, avant même le message d'Abou Dhabi: une fête véritablement partagée, avec, au centre, la figure de Marie comme annonce du salut du genre humain pour nous, chrétiens, mais aussi comme annonce de la naissance de l'un des prophètes selon la tradition musulmane.

Une icône de Marie au sein de la Congrégation pour les Églises orientales.
Une icône de Marie au sein de la Congrégation pour les Églises orientales.

Comment la Congrégation a-t-elle agi pour que la Déclaration porte ses fruits?

En réponse à ce que le Saint-Père nous a demandé, immédiatement après notre retour d'Abou Dhabi, la Congrégation a écrit en son nom à tous les chefs des Églises catholiques orientales, leur envoyant une copie du message et demandant que ce message fasse l'objet d'une lecture, d'une étude, d'un approfondissement et d'un débat, dans le cadre des programmes de formation (par exemple, parmi les candidats au sacerdoce et à la vie religieuse), mais aussi dans les paroisses, les universités et les instituts culturels. En ce sens, les Églises orientales et le Dicastère se sont sentis les destinataires, d'une manière particulière, du désir du Saint-Père que ce message soit connu et diffusé.

Certes, certaines expériences de vie nous disent que ce message indique un horizon large, beau et partageable, mais qu'il ne trouve pas toujours de correspondance dans la réalité, ce qui ne doit pas décourager ou diminuer la valeur du document si, à certains moments de l'histoire ou du présent, il semble ignoré. L'espoir est que le désir et l'engagement personnel de chacun pour la promotion de la "fraternité humaine" puisse hâter le moment de son accomplissement...

La contribution de la Roaco (Réunion des Œuvres d’Aide aux Églises orientales) à l'activité de la Congrégation constitue une forme originale de collaboration "synodale" entre un département de la Curie romaine et les organismes caritatifs de divers pays du monde. Pourquoi est-ce important?

Je suis heureux de voir dans la question une mise en évidence de cette dimension que vous avez mentionnée précédemment, de la dimension "synodale", c'est-à-dire que le préfet de la congrégation est le président de la Roaco, mais la Roaco depuis sa création - plus de 50 ans ont passé - est en fait une réalité dans laquelle le dicastère se propose comme table de coordination, la connexion et le partage d'informations, de ressources et de projets entre un organe de la Curie romaine qui supervise la vie des Églises catholiques orientales dans le monde et toutes ces réalités qui font l'objet d'une attention particulière, en particulier la vie des Églises catholiques orientales qui sont apparues au fil des ans dans les différentes nations et pour exprimer une solidarité, une proximité concrète avec la vie de ces nos frères et sœurs.

Je pense à des réalités telles que la Cnewa aux Etats-Unis et au Canada, je pense à la réalité de l'Œuvre d'Orient en France, je pense à la réalité de Missio, de Misereor en Allemagne ou à des entités telles que celles liées aux grands diocèses d'Allemagne, en particulier à l'archidiocèse de Cologne, je pense à la Conférence épiscopale italienne et à l'Office de coopération missionnaire.  Il existe donc un premier niveau dans cet esprit de "synodalité".

Comment cette collaboration est-elle mise en œuvre?

La modalité est un espace de contact qui, surtout au cours des derniers mois, également grâce aux nouvelles technologies et un peu forcé par la crise du Covid, est devenu un espace de plus en plus permanent avec des visioconférences, des réunions (au cours de l'été nous en avons déjà eu deux), de manière à faire circuler l'information, à faire circuler les demandes d'aide, à faire circuler les demandes de clarification également.

La structure "synodale" s'exprime ainsi : une réalité qui peut être un diocèse, une éparchie, un ordre religieux, une paroisse ou une entité présente un projet en essayant de le structurer d'une manière qui soit également claire, compréhensible, bien planifiée, qui prévoie une partie de la contribution locale, en incluant également une présentation du projet selon les critères de transparence et de reddition de comptes.

Ceci est présenté et approuvé par l'évêque donc par l'autorité ecclésiale sur place, qui nous est transmise avec l'approbation de l'avis de la nonciature apostolique, donc il y a déjà une chaîne de connexion et non de supervision, mais de cette façon l'accompagnement dans la communion de ces réalités, arrive à la Roaco, à notre table de coordination, la table de coordination le distribue entre les différentes agences en exprimant aussi son propre avis et en en faisant l'objet de discussion en deux moments d'une manière particulière: au sein de la Plénière (qui est normalement prévue en juin, avec quelques jours de présence à Rome des représentants de toutes les agences où il y a normalement une audience avec le Saint-Père) et ensuite une deuxième fois en janvier au sein du Comité directeur de la Roaco, ce qui est une réalité plus facile, avec seulement quelques agences présentes et qui permet d'étudier certains dossiers ainsi que de planifier les travaux de la Plénière de juin.

La fresque située sur l'abside de la chapelle de la Congrégation pour les Églises orientales.
La fresque située sur l'abside de la chapelle de la Congrégation pour les Églises orientales.

Pouvez-vous également nous donner quelques chiffres?

Pour la seule période de 2015 à 2020, le financement total reçu a été de 15 millions d'euros pour environ 290 projets. Permettez-moi de citer quelques chiffres: Israël a reçu un soutien pour 37 projets pour près de 2 millions d'euros; Chypre 2 projets pour 250 000 euros; la Palestine 31 projets pour près de 1 700 000 euros; la Jordanie 12 projets, pour près de 700 000 euros; l’Égypte 6 projets pour près de 500 000 euros; le Liban 33 projets pour 1 800 000 euros; la Syrie 18 projets pour 1,5 million d'euros; l’Ukraine 23 projets pour 1,2 million d'euros, l’Inde 78 projets pour deux millions d’euros, l’Éthiopie 11 projets pour plus d’un million d’euros, la Turquie trois projets pour près de 500 000 euros, et ainsi de suite.

L'Irak n'a bénéficié que de trois projets pour environ 400 000 euros, mais comprenons bien que c'est au cours de ces années où nous avons dû faire face à la réalité de Daech qu'il fallait d'abord gérer une situation de destruction et de fuite, plutôt qu'une véritable reconstruction. Il s'agit de fonds fournis uniquement et uniquement dans le cadre de projets explicitement présentés à la Roaco. Cela ne signifie pas que des organisations telles que "Aide à l'Église en détresse", l'Ordre du Saint-Sépulcre, celles déjà mentionnées plus haut, même sans passer par la Roaco, ont fait d'autres interventions significatives pour soutenir toutes ces situations que nous avons mentionnées.

Peut-on également parler d'un "budget de mission" pour votre Congrégation qui place les postes de dépenses et de coûts dans la perspective de la mission du Pape? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets?

Le Dicastère a beaucoup apprécié l'introduction de cette catégorie de "budget de mission", dans le sens où, d'une part, il était juste d'intervenir ces dernières années avec des mesures de correction pour uniformiser d'une manière ou d'une autre, par exemple, la pratique de présentation des états financiers ou les critères d'audit par les organes du Saint-Siège comme notre Dicastère, mais d'autre part, cependant, de comprendre ce travail de plus grande clarté, transparence, comme un lieu pour faire ressortir les ressources qui sont reçues, le fruit de la charité de tant de personnes.

Un lieu pour exprimer la gratitude de notre dicastère d'une manière spéciale à de très nombreux bienfaiteurs qui, par exemple, à travers la Collecte pour la Terre Sainte, dont le Dicastère reçoit 35% par an (le reste va aux Frères de la Custodie de Terre Sainte), représentent un petit pourcentage de la collecte missionnaire mondiale. Autant de personnes plutôt que de bienfaiteurs institutionnels qui peuvent donner peu mais constamment, et nous permettent ainsi de travailler de manière formidable pour nos frères et sœurs des Églises catholiques orientales.

Quelle est l'importance de ces petits bienfaiteurs?

Lors d'une des audiences, le Pape a défini et apprécié l'intervention de tant de petits bienfaiteurs comme l'offrande de la veuve qui donne tout ce qu'elle a pour vivre et qui est louée par Jésus précisément parce qu'elle n'a pas donné le superflu, mais ce qui est essentiel pour sa propre vie, et donc cette opération de transparence et de responsabilité a permis de faire ressortir de manière plus consciente le potentiel de bien que la Congrégation reçoit de beaucoup pour pouvoir aider et, d'autre part, de mettre en évidence tout le bien que le Dicastère, par déférence pour ce qu'il reçoit, selon l'esprit des bienfaiteurs, est capable de donner pour la vie concrète et quotidienne des Églises catholiques orientales.

De quelle manière votre dicastère investit-il dans la formation?

La Congrégation gère huit collèges à Rome où sont accueillis chaque année entre 200 et 300 étudiants, selon les années (cette année, il y a eu une baisse en raison de la situation de pandémie). Pour eux, les bourses prévoient le maintien de la vie du collège, les frais de scolarité, la vie concrète et cet investissement dans la formation est un investissement qui est inévitablement comme un investissement dans l'avenir ainsi que dans le présent des Églises orientales car en formant des prêtres, des séminaristes et des religieux, certains fidèles laïcs qualifiés aux universités de Rome, non seulement la formation académique la plus excellente possible leur est garantie, mais on le fait aussi sub umbra Petri, proche du Pape, pour former aussi ces personnes dans un souffle catholique.

Entre les droits d'inscription, la pension, le logement, les frais universitaires, l'argent de poche ainsi que l'entretien ordinaire et extraordinaire des structures, les dépenses annuelles s'élèvent à environ trois millions d'euros. Une autre réalité est l'Institut Pontifical Oriental qui forme, par le biais de la Faculté de Droit Canon et de celle des Sciences Ecclésiastiques Orientales, de nombreux futurs pasteurs des Églises Catholiques Orientales dans le monde: un million d'euros lui est alloué sur le budget annuel.

Le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.
Le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.

De quelle manière la Congrégation soutient-elle directement les Églises locales?

Un autre point est celui des subventions ordinaires que la Congrégation garantit chaque année aux diocèses du territoire de manière à ce qu'ils puissent garantir un minimum d'activités de la vie ecclésiale de l'annonce de l'Évangile de la Charité. Le total annuel est d'environ 4 millions d'euros. Il y a eu quelques interventions de nature plus extraordinaire concernant le maintien des prêtres dans des territoires où il n'est pas possible d'apporter une autre forme de soutien, comme par exemple en Italie avec le mécanisme des 8 pour mille, pour lequel des subventions extraordinaires ont été accordées à plusieurs reprises pour la vie des prêtres en Syrie afin qu'ils puissent continuer à assurer leur témoignage aux côtés de la population qui souffre.

Pensons à l'intervention concernant l'Université de Bethléem, une réalité qui est née de la visite de saint Paul VI en Terre Sainte et qui est constituée comme un centre de formation à Bethléem qui accueille des populations chrétiennes et musulmanes et les forme grâce au travail des Frères des Ecoles Chrétiennes (les "Lasalliens"). C'est une réalité précieuse sur laquelle le Dicastère investit plus d'un million de dollars par an.

Mais pensons aussi aux subventions pour les écoles, celles du Secrétariat de la solidarité à Jérusalem et celles du Patriarcat latin: souvent, ces écoles sont vraiment des lieux de croissance, de formation à la coexistence pacifique, mais elles servent parfois aussi à préserver de formes de discrimination qui, malheureusement, dans certains contextes, dans les écoles publiques, affectent nos chrétiens. Près de 2 millions de dollars par an leur reviennent.

Un autre point est représenté par des interventions extraordinaires. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?

Pensons aux interventions du Saint-Père, comme la récente contribution accordée pour des bourses d'études dans les écoles catholiques du Liban, à laquelle la Congrégation a contribué à hauteur de 100 000 dollars au nom du Saint-Père, ou les interventions extraordinaires pour préserver certains lieux particuliers de la vie de l'Église et en plus d'être le patrimoine de l'humanité, et nous pensons à la contribution accordée pour la restauration de la Basilique de la Nativité à Bethléem, qui a été récemment conclue, et celle du sanctuaire du bord de la route du Saint-Sépulcre et maintenant de l'ensemble du Saint-Sépulcre, pour laquelle le montant mis à disposition au fil des ans a dépassé le demi-million de dollars.

Comme on peut le constater, les dépenses ont été nombreuses, parfois à la limite de ce que les recettes permettent, mais toujours en tenant compte de l'expression de saint Paul «il y a plus de joie à donner qu'à recevoir», même sous l'œil attentif du Secrétariat pour l'Économie: chaque geste de générosité se fonde sur la certitude que le Seigneur ne laissera pas manquer de ce qui est nécessaire pour aider et montrer le visage de la charité de son Église.

 

 

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15 février 2021, 13:01