Mgr Gallagher: en temps de pandémie, attention à la protection des droits de l'Homme
Marine Henriot - Cité du Vatican
En jetant le doute sur nos systèmes économiques, sociaux et de santé, la pandémie a eu un impact sur tous les aspects de la vie, a débuté Mgr Gallagher dans un message vidéo partagé mardi 23 février lors de la 46ème session de Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Tout en affirmant leur pertinence, la pandémie a remis en cause «notre engagement en faveur de la protection et de la promotion des droits de l'homme universels», alors en tant que communauté mondiale «nous devons redécouvrir le fondement des droits de l'homme afin de les mettre en œuvre de manière authentique», a exhorté le secrétaire pour les Rapports avec les États, aux États membres. Comme le dit le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix. Un engagement malheureusement «plus facile à prononcer qu'à réaliser et à mettre en pratique», a déploré le chef de la diplomatie du Saint-Siège, car aujourd’hui, les objectifs en terme de droits de l’Homme sont encore «loin d'être reconnus, respectés, protégés et promus dans toutes les situations.»
Dans un tel contexte de droits dépourvus de valeurs, s’est inquiété Mgr Gallagher, «les institutions des droits de l'Homme deviennent sensibles aux modes, visions ou idéologies dominantes et peuvent imposer des obligations ou des sanctions qui n'ont jamais été envisagées par les États parties à ces droits, ce qui peut en fait, dans certains cas, contredire les valeurs qu'elles étaient censées promouvoir.» C’est le cas par exemple pour la vie, a-t-il détaillé. «Le contenu du droit à la vie a été progressivement étendu en luttant contre les actes de torture, les disparitions forcées et la peine de mort, et en protégeant les personnes âgées, les migrants, les enfants et la maternité». Ces développements sont des extensions raisonnables du droit à la vie, cependant, a noté Mgr Gallagher, «lorsque ce droit est séparé de son fondement fondamental, il y a un risque réel d'affaiblir la valeur qu'il est censé défendre.» Un précédent malheureux, selon le chef de la diplomatie vaticane, est l’observation générale n°36 du Comité des droits de l’Homme sur le droit à la vie, «qui, loin de protéger la vie et la dignité humaines, en détourne le sens pour impliquer le droit au suicide assisté et à mettre fin à la vie des enfants à naître».
Atteinte au libre exercice des droits de l’Homme
Sous couvert de protéger la santé publique, certaines mesures imposées par les autorités portent atteinte au libre exercice des droits de l’Homme, a ainsi dénoncé Mgr Gallagher. «Un certain nombre de personnes se trouvant dans des situations de vulnérabilité - comme les personnes âgées, les migrants, les réfugiés, les populations autochtones, les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et les enfants - ont été touchées de manière disproportionnée par la crise actuelle.» «Toute limitation de l'exercice des droits de l'Homme pour la protection de la santé publique doit découler d'une situation de stricte nécessité» a-t-il averti dans son message, et «ces limitations doivent être proportionnelles à la situation, appliquées de manière non discriminatoire et utilisées uniquement lorsqu'aucun autre moyen n'est disponible.»
C’est pour cela que le Saint-Siège souhaite réitérer «l'urgence de protéger le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion», en particulier la liberté religieuse. Mgr Gallagher a donc appelé à l’engagement des autorités politiques avec les chefs religieux, pour promouvoir la liberté de religion et de conscience, car, s’est-il inquiété, «La réponse mondiale à la pandémie de Covid-19 révèle que cette solide compréhension de la liberté religieuse est en train de s'éroder.»
Pour combattre les dangers qui nous guettent, il faut aller au-delà de ce qui nous divise, a conclu Mgr Gallagher, et l’invitation du Pape François dans sa dernière encyclique Fratelli tutti est de la plus haute pertinence: en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous pouvons alors «contribuer à la renaissance d'une aspiration universelle à la fraternité». Profitons de cette crise pour aborder le multilatéralisme, demande enfin le Secrétaire pour les Rapports avec les États, «comme l’expression d’un sens renouvelé de la responsabilité mondiale, d'une solidarité fondée sur la justice et la réalisation de la paix et de l'unité au sein de la famille humaine, qui est le plan de Dieu pour notre monde».
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