L'Année de la Famille, une occasion pour encourager la créativité pastorale
L'Année de la famille-Amoris Laetitia, qui démarre ce vendredi 19 mars, et qui se prolongera jusqu'à la Rencontre mondiale des Familles prévue à Rome en juin 2022, vise à maintenir vivante la dynamique du document avec lequel le Pape François avait tiré les conclusions des deux Synodes de 2014 et 2015, afin de relancer la pastorale du mariage et de la famille.
«Les cinq années écoulées depuis la publication d'Amoris Laetitia peuvent être un stimulant pour toute l'Église à reprendre cet important document, résultat d'un long parcours synodal.» Le cardinal américain Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, l'a déclaré ce jeudi lors d'une conférence de presse retransmise depuis la Salle de Presse du Saint-Siège. Il a expliqué que «l'Année de la famille - Amoris Laetitia sera une bonne occasion pour faire mûrir encore davantage les fruits de ce parcours, non seulement dans les différents secteurs de l'Église, mais aussi dans les familles elles-mêmes.»
Un texte à relire et à redécouvrir
Contrairement à certains documents théologiques plus arides et difficiles à comprendre pour le grand public, Amoris Laetitia est un texte dépourvu de toute aigreur, agréable à lire, chargé même, à certains passages, d'un certain accent poétique.
Le cardinal Farrell espère donc qu'une relecture du texte entraînera un «changement de mentalité». «Nous devrions cesser de considérer les familles comme de simples objets de soins pastoraux pour les considérer comme des sujets. Les familles sont pleines de possibilités et de dons pour toute la société et pour l'Église, c'est pourquoi elles doivent devenir des acteurs dans les paroisses et les diocèses... Il faut donner plus d'espace aux familles. Ils sont un message d'espérance pour le monde entier et surtout pour les jeunes», a-t-il souligné.
Dans ce document, le Pape écrit aussi sur les fractures et les imperfections de la famille, avec les thèmes délicats de la séparation, du divorce, du remariage, et aussi la question sensible de l'homosexualité. C'est pourquoi Amoris Laetitia avec son ton de base positif, mérite une nouvelle lecture.
Encourager la créativité pastorale
«En tant qu'épouse et mère, comme tout le monde, je vis les difficultés de cette époque en ce qui concerne le mariage et la famille», a déclaré la sous-secrétaire du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, Gabriella Gambino. «Mais je dois dire qu'il est émouvant de lire à mon bureau les courriels et les lettres du monde entier qui expriment beaucoup de gratitude et d'espoir envers l'Église.»
«Ces dernières années, on a beaucoup écrit et réfléchi sur Amoris Laetitia, a déclaré Mme Gambino. Il est maintenant temps d'agir. Amoris laetitia a beaucoup à nous dire. Il contient des stratégies et des conseils pastoraux que nous découvrons avec intelligence et créativité pastorale entre les lignes. Le Pape a dit à plusieurs reprises que nous ne devions pas lire le texte uniquement à travers le prisme de "ce qui est permis et ce qui ne l'est pas". Malheureusement, ces dernières années, le débat s'est concentré sur une seule partie du document», a-t-elle remarqué.
Il s'agit de la fameuse note de bas de page 351, dans laquelle François déclare que les divorcés remariés pourraient également recevoir l'aide des sacrements dans certaines circonstances. Ces lignes du chapitre 8 d'Amoris Laetitia ont suscité une discussion animée; plusieurs cardinaux ont communiqué par écrit leurs doutes ("dubia") au Pape. En s'appuyant notamment sur un document pastoral des évêques maltais, le Vatican a ensuite précisé que l'ouverture prudente de François sur ce point relevait du «magistère authentique».
«Cette année, nous devrions lire "Amoris Laetitia" dans son ensemble, a conseillé Gabriella Gambino. Nous devrions examiner tous les aspects spirituels et pastoraux du document; on en a peu parlé, et pourtant ils préoccupent davantage la grande majorité des familles. Pensons aux réflexions sur les éléments émotionnels, affectifs et sexuels de l'amour; sur l'ouverture à la vie, sur les différents types de relations que l'on vit dans la famille; sur les conseils concernant l'éducation morale, spirituelle et sexuelle des enfants. Toutes ces questions sont d'un grand intérêt pour les familles», a-t-elle insisté.
Valoriser la dimension de l'église domestique
Un couple italien, Valentina et Leonardo Nepi, venus d'Arezzo, qui ont une fille de cinq ans et un engagement dans les activités de post-confirmation de la paroisse ont parlé des défis de l'amour conjugal. Conscients de l'importance de mots et de gestes apparemment simples pour exprimer au quotidien le respect, la patience, la confiance et le pardon mutuel, comme le Pape François y invite les catholiques, ils souhaitent que cette Année spéciale soit avant tout un moment propice pour cultiver de bonnes relations conjugales et familiales.
«Nous souhaitons également que la famille puisse être davantage valorisée dans la société: promouvoir la dimension sociale de la famille, sa capacité à éduquer les enfants, à animer les lieux et les communautés avec des valeurs positives et génératives, à cultiver le dialogue entre les générations.» La période d'éloignement forcé que nous vivons à cause de la crise sanitaire peut être vécue en recourant à la créativité grâce aussi à la technologie qui permet d'éviter l'isolement et de partager des résonances sur la Parole de Dieu. Faire l'expérience de la dimension d'une église domestique et favoriser le lien entre les générations, entre les personnes âgées et les grands-parents, est également un point crucial.
Le mariage en tant que sacrement est distinct des unions civiles
Répondant à la question d'un journaliste concernant les réactions à la récente déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi interdisant la bénédiction des unions homosexuelles, le cardinal Farrell a fermement indiqué que «la vie pastorale de l'Église est ouverte à toutes les personnes. Il est important que les gens comprennent que nous ouvrons nos bras pour accueillir tout le monde, dans différents états de vie et quelle que soit la condition dans laquelle ils se trouvent», a insisté le cardinal, qui a toutefois redit qu'une distinction doit être faite: l'Église parle du mariage comme d'un sacrement, et non comme d'une union civile.
Ne pas pouvoir bénéficier d'une pleine participation à l'Eglise ne signifie pas ne pas pouvoir bénéficier d'un accompagnement. «Au cours de cette année spéciale, nous rencontrerons de nombreux diocèses dans le monde qui s'occupent des couples homosexuels. Il y a des situations dans lesquelles il y a des divorcés et des remariés, l'Église continue à les accompagner», a assuré le cardinal américain.
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