Le Pape François signe l'encyclique Fratelli tutti sur la tombe de saint François d'Assise, le 3 octobre 2020 à Assise en Italie. Le Pape François signe l'encyclique Fratelli tutti sur la tombe de saint François d'Assise, le 3 octobre 2020 à Assise en Italie.  

Mgr Jurkovič: Fratelli tutti renforce l'unité de la famille humaine

L’encyclique du Pape François consacrée à la fraternité et l’amitié sociale est présentée jeudi 15 avril à Genève aux représentants de grandes institutions internationales et de chefs religieux. Entretien avec l'observateur permanent du Saint-Siège à Genève, Mgr Ivan Jurkovic.

Michele Raviart - Cité du Vatican

Fraternité, multilatéralisme et paix. C'est sur ces thèmes que porte l'événement promu par le Saint-Siège à Genève jeudi 15 avril, au cours duquel l'encyclique Fratelli tutti du Pape François va être présentée à des institutions telles que l'Organisation mondiale de la Santé, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l'Organisation internationale du travail (OIT).

L'événement –à suivre sur la chaîne YouTube de la Mission du Saint-Siège à Genève, en anglais, italien, français et espagnol à partir de 15h00, heure de Rome- sera inauguré par un discours du Secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, qui proposera quelques réflexions sur la manière dont le concept de «fraternité humaine» peut affecter la coopération au sein de la communauté internationale.

Dialogue interreligieux et justice sociale

Dans la deuxième partie, les thèmes du dialogue interreligieux et de la justice sociale seront explorés. Le cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le prince jordanien El Hassan bin Talal, le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises Ioan Sauca et le rabbin argentin Abraham Skorka, grand ami du Pape François, en discuteront. 

 

Unis dans une «famille humaine»

Nous sommes tous liés en tant que «famille humaine», lit-on dans l'encyclique du Saint-Père paru en octobre 2020. Une prise de conscience devenue évidente lors de cette année de pandémie, qui a mis en relief l'importance de la collaboration entre les pays, comme l'explique à Vatican News, Mgr Ivan Jurkovič, observateur du Saint-Siège auprès de l'Office des Nations unies à Genève et modérateur de cette réunion.

Mgr Jurkovic - Du point de vue de Genève, nous voyons exactement cela: la complexité est la variété de la famille humaine. Au début, nous avions l'impression que les exemples de solidarité entre les États étaient plus visibles, alors que maintenant nous voyons aussi qu'il y a des moments d'incertitude. Les inégalités et les divisions croissantes entre les États sont de plus en plus visibles, et nous pouvons également constater que les plus vulnérables sont moins pris en considération. Cela est également très visible dans la course à l'accumulation des doses de vaccins sur le marché, à tel point que certains États en ont même trop et que d'autres manquent totalement de ces ressources. C'est le «virus de l'individualisme radical» que le Saint-Père a attaqué dans l'un de ses discours qui a incité le Saint-Siège à présenter l'encyclique à ce niveau, à travers un événement sur le thème de la fraternité, du multilatéralisme et de la paix. Ce sont trois mots qui vont très bien ensemble à Genève, parce que la fraternité est l'inspiration des Nations Unies -et aussi du Pape-, le multilatéralisme est une question qui a tant souffert et qui a toujours besoin de soutien, et Genève est aussi un centre de négociations pour le désarmement et la paix.

À cet événement seront présentes les organisations internationales qui s'occupent en général de la dignité humaine: l'Organisation internationale du Travail, l'OMS, le Haut-Commissariat aux Réfugiés. De quelle manière l’encyclique Fratelli tutti peut-elle être un guide pour ces institutions?

- Il me semble très utile de rappeler le premier article de la Déclaration universelle des droits de l'homme: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont dotés de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.» Il est intéressant de noter que les premiers mots de la charte contiennent déjà le mot fraternité. Il nous a semblé très important de voir que l'inspiration du Saint-Père arrive aussi exactement au bon endroit, Genève, où il y a toujours un besoin de réveiller et de redécouvrir les valeurs et les idéaux qui sont si essentiels à notre activité ici.

Il convient de noter que 39 organisations internationales sont hébergées à Genève, du désarmement au commerce, des droits de l'homme à la migration. Tout cela signifie un énorme capital de droits de l'homme et de dignité humaine. Genève a besoin, comme nous, de croire non seulement aux inspirations, mais aussi à la force du dialogue, qui a besoin de structures. On peut critiquer les Nations unies -et il est facile de les critiquer, peut-être même nécessaire- mais il faut dire que le monde d'aujourd'hui serait probablement bien pire sans les Nations unies, et qu'il est impensable de s'en passer. Les grandes idées et les grandes inspirations ont également besoin de structures et c'est ce que nous essayons de souligner et de soutenir également en tant que présence de la mission du Saint-Siège.

La deuxième partie de l'événement est consacrée au dialogue interreligieux. Comment les religions peuvent-elles contribuer à la paix et au développement de la famille humaine dans cette phase historique marquée par la pandémie?

-  Je dirais qu'il y a un besoin de dialogue au sein de la religion. On peut trouver les mots les plus appropriés pour le définir, mais des deux côtés, il est une nécessité et notre perception est que cette conviction devient de plus en plus profonde et de plus en plus réelle. Ce ne sont pas des mots, c'est une véritable nécessité. Le monde doit marcher sur la voie du dialogue entre les religions. Nous sommes proches et l'avenir du monde dépend de nous, surtout parmi les grandes religions, qui représentent facilement plus de la moitié de l'humanité. Cela signifie que de la qualité du dialogue de deux ou trois grandes religions dépend l'avenir de plus de la moitié de l'humanité.

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15 avril 2021, 08:54