Francesca di Giovanni: «la pandémie rend le multilatéralisme plus nécessaire que jamais»
Salvatore Cernuzio-Citté du Vatican
Il est certain que la pandémie a créé de nouveaux déséquilibres et de nouvelles crises dans les domaines sanitaire, économique, humanitaire, politique et social, tout en creusant des fossés préexistants. Les objectifs de lutte contre la faim, par exemple, que la communauté internationale s'était fixés pour 2030, sont désormais sérieusement compromis. Considérons que dans la même période où 2,5 millions de personnes sont mortes du Covid-19, 7 millions sont mortes de la faim. Ces crises rendent le multilatéralisme encore plus nécessaire, même si des obstacles, des fermetures et des intérêts nationalistes et idéologiques parviennent malheureusement à lui barrer la route aujourd'hui. Certains veulent revenir en arrière et chercher des raccourcis et des accords à plus court terme avec des pays qui ont les mêmes idées politiques et économiques, en prétendant que ces accords sont moins coûteux et plus efficaces que d'autres qui cherchent à impliquer l'ensemble de la communauté internationale.
Les paroles du Pape François reviennent à l'esprit : «Nous sommes tous dans le même bateau» et «personne ne peut y arriver seul»...
Aucun pays ne peut faire face seul aux problèmes mondiaux, mais aussi les problèmes qui semblent circonscrits à un pays ont des répercussions et des conséquences importantes sur l'équilibre de régions entières, quand ce n'est pas sur l'ensemble de la communauté internationale. La pandémie en est un triste exemple, mais nous avons aussi un changement climatique très rapide, une grande augmentation de la faim dans le monde, des déplacements causés par une violence généralisée, un fondamentalisme croissant, une violence aveugle contre les femmes et les enfants. Ce sont des problèmes qui nécessitent des réponses urgentes et cohérentes. C'est pourquoi la coopération au niveau multilatéral est la seule réponse adéquate et a une fonction fondamentale.
Dans ce contexte, quel est le rôle du Saint-Siège ? Comment contribue-t-il à la paix et à la diplomatie ?
Le Saint-Siège est un sujet souverain, reconnu au niveau international, qui n'est pas lié à des intérêts commerciaux ou militaires, et encore moins à une expansion territoriale. Il est ainsi plus libre de porter un message de paix et de solidarité entre les peuples et leurs gouvernants. Un message que le Pape François résume dans le mot «fraternité», un modèle à atteindre, bien que difficilement, mais en même temps un chemin concret pour les Nations, puisque - comme le Souverain Pontife l'a noté lors l'audience générale du 12 août 2020 - les droits ne sont pas seulement individuels, mais aussi sociaux, ceux des peuples. Ce respect de la personne humaine est porté par le Saint-Siège, inspiré par l'Évangile, dans les forums internationaux, car il considère comme une obligation morale d'aider la communauté internationale dans la recherche de la paix, pour le développement intégral de l'être humain, l'éradication de la pauvreté et la lutte contre la dégradation de l'environnement.
Comment cela se traduit-il concrètement ?
Concrètement, le Saint-Siège ne se lasse pas de porter son plus haut message, malgré les revers, les vetos idéologiques et politiques, à travers une participation la plus attentive et active possible, en essayant d'être «la voix des sans-voix».
Quelles sont les initiatives à venir pour le processus multilatéral ?
Pour le présent et l'avenir immédiat, les thèmes les plus importants sont ceux de la lutte contre le changement climatique, pour la sauvegarde de la biodiversité, des systèmes alimentaires, pour la non-prolifération nucléaire, ou encore l'engagement à défendre la dignité des femmes et bien d'autres encore.
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