De jeunes communicants étoffent leur formation auprès du Vatican
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Il aura fallu plus de quatre mois pour que les jeunes participants à ce projet puissent enfin se rencontrer. Depuis le 7 juin dernier, ils sont à Rome pour leur première semaine de formation intensive, davantage axée sur la connaissance de soi, la créativité, et la transmission de la foi via les moyens de communication numériques.
Leur parcours, d’une durée d’un an, a commencé le 20 février dernier, et consistait jusqu’à présent en des rencontres hebdomadaires sur Zoom, qui reprendront après l’expérience romaine. Un second séjour dans la Ville éternelle aura peut-être lieu en novembre ou décembre prochain, si les conditions sanitaires le permettent.
L'objectif final de ce projet pilote est d'élaborer des «bonnes pratiques» qui permettront aux jeunes communicants de mieux répondre aux défis que comportent leur mission, menée au sein d’organisations et institutions catholiques, de provinces ecclésiales ou de congrégations.
Mais si l’enjeu est d’actualité, la proposition n’est pas dépourvue d’un ancrage dans le passé, qui peut se révéler inspirant. Les participants sont ainsi appelés à étudier de plus près les œuvres d’art que recèlent les quatre basiliques romaines, afin de comprendre quelle leçon les artistes d’hier peuvent donner aux communicants d’aujourd’hui en matière d’évangélisation.
Marybel Mayorga, bientôt 33 ans, “édimestre“ du diocèse de Montréal, suit avec enthousiasme le parcours Faith Communication in the Digital World. Nous l’avons rencontrée.
Pourquoi as-tu choisi de suivre cette formation?
C’est un concours que le Dicastère pour la communication a lancé au niveau mondial. J’ai postulé grâce à des personnes qui m’ont soutenue, et j’ai aussi senti cet appel. Un appel, puisque j’étudie moi aussi en communication. Je voulais aider, humblement, et transmettre cette foi, puisque je ne peux pas la garder pour moi, il faut que je la partage, et pas seulement aux jeunes, mais au monde entier si possible. Je suis un simple messager, qui apprend en même temps, mais qui veut partager son expérience.
Qu’attends-tu de cette formation?
C’est une formation vocationnelle, mais je souhaite aussi apprendre à partir des arts, par exemple des mosaïques, des peintures… Comment leurs auteurs ont-ils transmis leur foi à travers ces moyens-là, qui faisaient aussi leur propre vie. Comment peut-on faire pareil? Comment transmettre leur message au peuple de Dieu?
Qu’est-ce que cela t’apporte de vivre cette expérience à Rome ?
Je suis excitée, fébrile. Cela m’apporte beaucoup de joie, de bonheur, et de confirmations de la part de Dieu. J’ai pu lire la première lecture juste en face de la tombe de Saint Pierre; cela m’a permis d’aller directement à la racine, vers nos racines. C’est aussi une invitation à croire et à faire confiance à Dieu, dans tous nos projets. Sans cette confiance, on ne peut pas aller de l’avant. Mettre toute sa confiance en Dieu, cela peut apporter beaucoup de joie.
Ce n’est pas un mouvement facile aujourd’hui, de mettre toute sa confiance en Dieu, alors que l’on est si souvent incités à tout mener soi-même…
Oui, et c’est aussi un défi pour les réseaux sociaux, dans le monde digital. C’est pour cela que le Dicastère pour la communication a choisi de jeunes communicants, qui ont la foi, pour qu’ils aillent proclamer et partager cette foi. Pas seulement à notre petit cercle: il faut agrandir ce cercle vers l’extérieur, pas seulement à notre propre culture, mais aussi vers d’autres cultures, vers le monde entier.
Les jeunes participants à ce projet viennent justement d’autres pays. Comment vis-tu cette dimension interculturelle?
C’est magnifique, parce qu’on comprend la réalité de l’Église dans chaque pays. Elle est si différente d’un pays à l’autre, au Kenya, au Canada par exemple… En mettant cela ensemble, pour un but commun, on apprend beaucoup. Je trouve cela magnifique de se rassembler ici – même si l’on est très protégés, vu la situation! Mais c’est une formidable expérience.
Au Canada où tu travailles, quels sont les défis de la communication ecclésiale?
Au Canada, notre foi doit rester présente et beaucoup grandir. Le défi est donc que l’Église reste présente, et à l’affut de ce que les gens, les catholiques ressentent. Toujours les accompagner à travers le cheminement, leur foi, leur vie. Je peux parler du Québec car j’y vis, et ce n’est pas comme dans les pays d’Amérique latine où la foi est très vivante. Malheureusement chez nous ce n’est pas le cas. Donc notre grand défi est d’aller témoigner de la Bonne nouvelle aux autres personnes, et de les accompagner.
Une fois que tu auras terminé cette formation, quel rêve aimerais-tu réaliser?
Travailler ici en Italie, au Vatican! (Rires) Mais ce n’est pas moi qui décide, c’est Dieu qui décidera. En tous cas, après cela, je veux donner ma vie, me rendre utile. Je pense que Dieu m’a guidée sur ce chemin-là, à travers la communication. J’ai étudié tard la communication, je ne pensais pas me diriger vers ce domaine. Avant, ma vie se passait dans le domaine artistique. J’étais une danseuse professionnelle, une artiste, et j’accompagnais les artistes dans leur tournée, en Europe, au Canada… Ma vocation c’était cela, jusqu’au jour où je ne me suis pas sentie bien. Il y a eu un appel de Dieu. J’étais vraiment malade, et c’était pendant une tournée. Lorsque je suis revenue au Canada, j’ai senti que Dieu me disait «Tu peux donner plus, j’ai besoin que tu donnes plus». J’ai donc étudié tard, j’ai fini mon bac à 30 ans, avec un enfant, en allaitant… Mais regardez où cela m’a menée! Je suis vraiment contente d’être dans l’équipe de ces jeunes en formation.
Je souhaite donc à tous les jeunes de ne pas avoir peur de proclamer leur foi, de le faire avec beaucoup d’humilité, et de vraiment croire en leurs rêves.
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