L'avenir de l'alimentation réside dans les systèmes alimentaires indigènes
Alessandro di Bussolo - Cité du Vatican
Afin d'augmenter la production alimentaire mondiale de plus de 50% et d'approvisionner ainsi les plus de 9 milliards de personnes qui devraient peupler la planète d'ici 2050, «il est nécessaire de promouvoir les systèmes alimentaires autochtones». Pour cela, il faut établir «un dialogue permanent sur les connaissances avec les peuples indigènes/traditionnels du monde entier, qui permettra de concevoir des politiques publiques mondiales valorisant les petits producteurs indigènes et traditionnels en tant qu'acteurs clés de l'effort mondial de lutte contre la pauvreté alimentaire».
Telles sont les grandes lignes de l’intervention du cardinal Peter Turkson mardi 27 juillet lors du pré-sommet sur l’alimentation organisé par l’ONU à Rome. Le Préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral a expliqué que l'utilisation de ces systèmes alimentaires, appelés «agro-écosystèmes», sera particulièrement utile «dans les pays dont les systèmes agricoles sont sensibles au changement climatique (par exemple, variabilité des précipitations, des températures, sécheresse, inondations)».
Les régions socioculturelles identifiées par la FAO
C'est pourquoi, a rappelé le cardinal Turkson, la FAO, l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture, a identifié des régions socioculturelles pour représenter les peuples autochtones du monde : l'Afrique ; l'Asie ; l'Amérique centrale, l'Amérique du Sud et les Caraïbes ; l'Arctique ; l'Europe centrale et orientale, la Fédération de Russie, l'Asie centrale et la Transcaucasie ; l'Amérique du Nord et le Pacifique. Une prochaine étape, pour le préfet du dicastère du Vatican, «serait d'organiser les systèmes alimentaires de ces régions au fur et à mesure de leur évolution dans le temps».
Les institutions indigènes supprimées doivent être rétablies
Étant donné qu'une grande partie des terres du monde «sont des espaces autochtones», a conclu le cardinal Turkson, «la restauration de systèmes efficaces de gestion des ressources bioculturelles dans le monde doit inclure le maintien, et dans certains cas le rétablissement, des institutions autochtones à de multiples niveaux».
Dans ses remarques, le cardinal ghanéen a rappelé que «de nombreuses recherches et études sur la production alimentaire indigène ont montré son potentiel, même en cas de changements dans l'utilisation des sols et du climat», et la grande valeur de leur restauration à l'avenir. Les peuples indigènes ont pu protéger les connaissances qui ont permis la perpétuation de leurs systèmes agroalimentaires au fil du temps, a-t-il précisé, et ces connaissances peuvent être utilisées dans les territoires où sévit la pauvreté alimentaire.
L'agriculture intensive est préjudiciable aux espèces alimentaires indigènes
Citant des études sur la production alimentaire indigène à Hawaï et en Australie, le cardinal Turkson a souligné que l'utilisation de techniques traditionnelles s'est avérée cruciale pour la viabilité et la résilience des cultures et des espèces alimentaires indigènes, tandis que l'introduction d'espèces étrangères, accompagnée d'engrais, de pesticides et d'herbicides, «compromet gravement cette viabilité». L'agriculture indigène traditionnelle en Afrique le démontre, a-t-il souligné.
Engrais chimiques, pesticides ou machines agricoles sur de grandes surfaces cultivées sont des méthodes, «inefficaces ou même nuisibles sur des sols fertiles, des cultures saines et des petites semences locales» selon le Préfet du dicastère du Vatican, mais «les intérêts économiques sont à l'origine de certaines de ces pratiques écocides!», a-t-il regretté.
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