Le cardinal Parolin en visite à Monaco, des relations bilatérales privilégiées
Delphine Allaire – Principauté de Monaco
Il y a 40 ans, en juillet 1981, le Saint-Siège et la Principauté de Monaco signait la Convention impliquant le renoncement du Prince à son droit de nomination in terna de l’archevêque du diocèse, celui-ci étant, depuis, désigné exclusivement par Rome. Le 30 juillet 1981, par la bulle Apostolica haec, le saint Pape Jean-Paul II élevait dont ainsi le siège épiscopal de Monaco au rang de siège archiépiscopal.
Le programme religieux de la visite
Pour célébrer ce 40e anniversaire, le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, effectue une visite officielle de trois jours dans la Principauté, second État le plus petit du monde après le Vatican, du samedi 17 au lundi 19 juillet.
Point culminant de cette visite inédite pour le cardinal et diplomate italien, un programme religieux dimanche 18 juillet: le Secrétaire d’État du Saint-Siège va présider une messe pontificale à 10h30 en la Cathédrale de Monaco, édifice romano-byzantin perché sur le Rocher, avant, dans l’après-midi, de rencontrer prêtres et fidèles du diocèse, et de célébrer l’office des Vêpres.
Depuis la signature au Vatican de cette Convention de 1981, le Saint-Siège et la Principauté ont conservé des relations très privilégiées, s’appuyant sur une histoire et des caractéristiques similaires.
Étroite collaboration entre sphères temporelles et spirituelles
Les deux micro-États souverains, d’une superficie de 0,44 km2 pour le Vatican et de 2 km2 pour Monaco, ont pour religion d’État le catholicisme. Une évidence pour le Saint-Siège, une originalité pour Monaco. Le catholicisme inscrit comme tel dans l’article 9 de la Constitution de Monaco est en effet un fait unique au monde, que Monaco partage avec la seule République de Malte, autre micro-État.
Mais la confessionnalité de l’État monégasque va au-delà des différents accords passés. «Elle est dans l’ADN des institutions monégasques», explique par exemple le vicaire général de Monaco, Mgr Guillaume Paris, sur la chaîne YouTube officielle du diocèse.
L’Église, fondement de l’État et des lois
Trait constitutif de l’identité monégasque, les principes de l’Église catholique sont ainsi adoptés comme fondements des institutions et de la législation. La liberté de conscience demeure, bien sûr, intacte pour les plus de 38 000 habitants.
Concrètement, cela signifie que la cité-État monégasque contribue à l’entretien et aux activités de l’Église. L’instruction religieuse fait partie des matières enseignées dans les écoles, aussi bien privées que publiques, de la Principauté. Monaco et le Saint-Siège ont aussi la même position concernant l'avortement, dans la mesure où les deux États défendent à valeur égale la vie de la mère enceinte et de l'enfant à naître.
En tête des Ordonnances souveraines figure toujours aussi la mention «Albert II, par la grâce de Dieu, Prince de Monaco», quant à la devise des Grimaldi, elle est éloquente: «Deo Juvante», «avec l’aide de Dieu», rappelle, toujours en vidéo, Mgr Paris.
Un attachement monégasque historique au siège de Pierre
L’Église monégasque a tissé des liens pluriséculaires avec les États pontificaux, remontant à la Saint-Nicolas de 1247 lorsque le Pape Innocent IV autorise l'édification d'une chapelle sur le Rocher, par la Bulle Pro Puritate. Le territoire relève encore alors de la république de Gênes dont les Grimaldi étaient l'une des familles patriciennes. Il est devenu relativement autonome depuis 1297, avant de passer sous différents protectorats: espagnol, franco-savoyard, sarde et français.
1887 et l’établissement des relations diplomatiques
Six siècles plus tard, le Bienheureux Pape Pie IX, sépare en 1868 la paroisse de Monaco du diocèse de Nice et l’érige en Abbaye «nullius diœcesis». Vingt ans plus tard, en 1887, le Pape Léon XIII crée par une bulle le diocèse de Monaco, directement soumis au Saint-Siège. Ceci marque précisément l'établissement de relations diplomatiques officielles entre Monaco et le Saint-Siège, alors que les États pontificaux viennent d'être envahis par les troupes nationalistes de Giuseppe Garibaldi.
Et c’est enfin par la Convention du 25 juillet 1981, que le diocèse de Monaco est élevé à la dignité de siège archiépiscopal, sous Jean-Paul II.
La Principauté et les «valeurs de l’Évangile»
La famille princière a régulièrement été l’hôte des Souverains pontifes; Rainier III et la princesse Grace sont reçus au Vatican par Pie XII en 1957, par Jean XXIII en 1959 et Paul VI en 1974. En 2005, le jeune Prince Albert II fait sa première apparition publique dans son nouveau rôle lors des funérailles du Pape polonais. L’année suivante, Benoît XVI nomme pour la première fois un nonce apostolique auprès du Prince Souverain et de la Principauté de Monaco.
Le Pape François a pour sa part, reçu en audience le Conseil national de Monaco, le 2 février 2019, louant la confessionnalité de la cité-État catholique en ces termes: «Les Monégasques peuvent s’appuyer sur les valeurs fondatrices de la Principauté inspirées par l’Évangile et par son message d’amour».
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