Saint-Siège: le racisme doit être vaincu par une culture de la rencontre
L’ONU organisait ce 22 septembre une réunion de commémoration de l’adoption, en 2001, de la Déclaration et du programme d’action de Durban, document visant à lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance dans le monde.
L’évènement qui s’est déroulé à New York était construit autour du thème "Réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d'ascendance africaine".
Rien ne justifie de violer les droits de l’Homme des minorités
Mgr Paul Richard Gallagher a d’abord rappelé l’engagement du Saint-Siège en la matière, en tant que partie à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Reprenant les mots du Pape François dans sa dernière encyclique Fratelli tutti, Mgr Gallagher a regretté que le racisme soit encore répandu. Le «progrès de la société n'est pas si réel et n'est pas assuré une fois pour toutes», a-t-il déclaré, dénonçant notamment la situation des «nombreuses personnes d'origine africaine», migrantes ou réfugiées, qui se retrouvent mis à l’écart et non pas soutenues dans leur pays d’accueil.
«Les droits de l'Homme universels sont indivisibles et interdépendants et ne peuvent donc pas exister en opposition. Les lois et règlements qui visent à éradiquer la discrimination et l'intolérance doivent donc respecter le droit à la liberté d'opinion, de pensée, de religion et de conscience», a ensuite rappelé le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États. Ainsi, «la surveillance, les enquêtes et les poursuites concernant les cas de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance qui y est associée pour les États ne devraient jamais devenir une justification pour violer les droits de l'Homme des minorités ou censurer les opinions des minorités», a-t-il souligné.
Trop de croyants encore discriminés
Mgr Gallagher a ensuite affirmé que le «racisme peut et doit être vaincu par une culture de la rencontre, de la fraternité et de la solidarité». La Déclaration de Durban constitue donc «une étape importante et nécessaire», mais doit aussi déboucher sur des changements concrets de la part des gouvernements, dans le domaine de l’éducation et de l’information. Les médias ne devraient donc pas «promouvoir une mentalité de division du type "nous contre eux"».
Le prélat a poursuivi en évoquant les situations de discriminations et de violences religieuses. «Le manque de respect du droit à la liberté de religion et de foi entraîne la violation d'autres droits de l'Homme. Ces dernières années, nous avons assisté à une augmentation générale des persécutions religieuses par des acteurs étatiques et non étatiques. Des individus et des populations entières sont discriminés en raison de leur foi, tandis que les auteurs de ces actes jouissent souvent de l'impunité», a-t-il pointé, signalant que les chrétiens sont «le groupe le plus persécuté au niveau mondial».
Lutter contre un eugénisme insidieux
«Une autre forme de discrimination est la pratique insidieuse de l'eugénisme» s’est aussi inquiété Mgr Gallagher. Une mentalité qui se cache souvent «derrière les techniques de procréation assistée et les côtés sombres du diagnostic prénatal». Ce phénomène «incarne des principes de discrimination en contradiction flagrante avec la Déclaration de Durban», et ne peut être ignoré, a-t-il estimé.
Chaque religion a sa mission à remplir dans la lutte contre le racisme et les autres formes de discrimination. Une législation et des «institutions efficaces» sont également indispensables, a conclu Mgr Gallagher, «mais en fin de compte, "le racisme ne disparaîtra... que lorsqu'il mourra dans le cœur des gens"» (cf. Conseil pontifical Justice et Paix, L'Église face au racisme. Pour une société plus fraternelle, Cité du Vatican, 2001, 29).
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