CIASE : le cardinal 0’Malley demande de passer de la «cruelle indifférence» à une culture de protection
Cyprien Viet – Cité du Vatican
Dans un communiqué diffusé ce mercredi, le cardinal O’Malley reconnaît que ce rapport constitue une mise en accusation des manquements des dirigeants de l'Église en France et de ceux qui ont la responsabilité de prendre soin et de protéger les fidèles. Le travail de la CIASE a permis de montrer «comment des personnes innocentes ont pu souffrir si terriblement et comment leurs voix ont été ignorées pendant si longtemps», souligne-t-il.
Il appelle donc à une pleine collaboration avec les autorités civiles et les forces de l’ordre, afin de «rechercher la guérison et la justice pour les survivants». «Les mesures globales présentées par les responsables de l'Église de France au début de l'année, qui illustrent concrètement comment la "cruelle indifférence" dont les survivants ont fait l'expérience au sein de l'Église peut être transformée en soins et en protection, doivent être saluées et intégrées à tous les niveaux d'autorité», précise-t-il.
Ce rapport est aussi un outil fondamental pour le diagnostic des défaillances du système ecclésial et pour prendre une nouvelle direction. «Il n'y a absolument aucune place dans le ministère pour ceux qui abusent des mineurs ou des adultes vulnérables», insiste le cardinal en citant le Pape François. «Nous ne pouvons pas permettre qu'un seul survivant ne soit pas reconnu ou qu'une seule personne soit en danger d'abus par un membre de l'Église».
Une demande de pardon face aux «actions destructrices de certains membres de l’Église»
«Au nom de la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs, j'exprime notre profonde tristesse et demande humblement le pardon de la part de tous ceux qui ont été lésés par ces crimes et ces violations répréhensibles de la dignité humaine. Nous nous engageons à défendre vigoureusement les droits des survivants, ainsi que l'éducation à la prévention des abus, la transparence, la responsabilité et la tolérance zéro. Il nous reste un long chemin à parcourir pour faire face aux abus dans notre Église et dans la société en général. Nous ne nous lasserons pas de ce voyage», assure-t-il.
«Enfin, et surtout, nos pensées et nos prières vont aux survivants d'abus sexuels. Je regrette profondément tout ce que ces survivants ont enduré à cause des actions destructrices de certains membres de l'Église», s’attriste le cardinal O’Malley.
«Ce rapport est un nouvel appel à l'Église du monde entier à faire de la sauvegarde et de la protection des enfants et des adultes vulnérables sa priorité absolue», martèle enfin le cardinal américain.
L'expérience de purification menée par le cardinal 0'Malley
L’archevêque de Boston a pris ses fonctions dans ce vaste diocèse du Massachusetts en 2002, en pleine tourmente. Il est connu pour sa grande rigueur dans la lutte contre les affaires d’abus sexuels qui s'étaient multipliées sous les mandats de ses prédécesseurs, jusqu'à ce que l’enquête du collectif journalistique "Spotlight", objet d'un film quelques années plus tard, n'en révèle l'ampleur systémique, menant à la démission du cardinal Law, l'archevêque de Boston à l'époque. Son successeur a dû mener une purge dans le clergé local, en écartant de nombreux prêtres coupables d'abus ou de complicités.
Tout en demeurant en fonction aux États-Unis, le cardinal O'Malley a été appelé par le Pape François en 2014 à la présidence de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, dont la composition inclut notamment des experts et des victimes d’abus. Cet organisme a essentiellement un rôle de prévention et de sensibilisation.
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