Journée de la Shoah: les Papes rappellent l’importance de la mémoire
«Il est nécessaire de faire mémoire de l'extermination de millions de Juifs et de personnes de différentes nationalités et confessions religieuses. Cette cruauté indicible ne doit jamais être répétée», a affirmé le Pape François depuis la Salle Paul VI du Vatican ce mercredi, veille du 77e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau par l’armée soviétique. Le Souverain Pontife a lancé un appel aux éducateurs et aux familles à cultiver chez les nouvelles générations «la conscience de l’horreur de cette page noire de l’histoire» ; «elle ne doit pas être oubliée, afin de pouvoir construire un avenir où la dignité humaine ne soit plus piétinée».
À de nombreuses reprises, le Pape François a insisté sur ce «devoir de mémoire», se plaçant dans le sillage de son prédécesseur, saint Jean-Paul II, lequel avait rédigé une lettre pour la publication de la déclaration “Souvenons-nous : une réflexion sur la Shoah” (le 12 mars 1998). Le Pape polonais, contemporain de ces tragiques événements, y rappelait le rôle que devait jouer la mémoire «dans l’édification d’un avenir où jamais plus l’indicible injustice de la Shoah ne sera possible». «Sans mémoire nous anéantissons le futur», avait pour sa part déclaré François en janvier 2020, s’inquiétant des «recrudescences barbares de l’antisémitisme» prospérant sur le terreau de «l’indifférence égoïste».
Purification de la mémoire
Avant lui, en 2006, Benoît XVI avait abordé cette question précise lors de sa visite très symbolique à Auschwitz, lieu de la mémoire par excellence: «le passé n'est jamais uniquement le passé, affirmait-il. Il nous concerne et nous indique les chemins à ne pas suivre et ceux à suivre». Parlant des stèles où figurent les noms des victimes mortes sur ce «Golgotha du monde contemporain» (Jean-Paul II), le Pape allemand disait encore: «derrière ces stèles se cache le destin d'innombrables êtres humains. Ceux-ci ébranlent notre mémoire, ébranlent notre cœur. Ils ne veulent pas provoquer la haine en nous: ils nous démontrent au contraire combien l'œuvre de la haine est terrible. Ils veulent conduire la raison à reconnaître le mal comme mal et à le rejeter; ils veulent susciter en nous le courage du bien, de la résistance contre le mal».
Dans cette optique de «purification de la mémoire», François souligne l’importance vitale pour les catholiques et les Juifs de s’appuyer sur leur patrimoine commun au service de l’humanité: «nous avons besoin d'une mémoire commune, vivante et fidèle, qui ne doit pas rester emprisonnée dans le ressentiment mais, bien que déchirée par la nuit de la douleur, s'ouvrir à l'espoir d'une nouvelle aube», exhortait le Pape argentin l’année dernière, souhaitant que l’Église «se souvienne et marche aux côtés de ses frères juifs».
En 1998, la prière de saint Jean-Paul II portait en elle les mêmes vœux: «puisse le Seigneur de l’histoire guider les efforts des catholiques et des juifs, ainsi que de tous les hommes et femmes de bonne volonté, dans leur œuvre commune en vue d’un monde véritablement respectueux de la vie et de la dignité de chaque être humain, car tous ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu».
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