Des membres du monde agricole à Saint-Pierre pour la saint Antoine abbé

Tiziana Campisi - Cité du Vatican

«Un pacte d'alliance avec la création, avec les animaux et les plantes doit être renouvelé, parce que tous nous travaillons ensemble en vue de la même fin, du même bien». Telle fut la principale exhortation du cardinal Mauro Gambetti, vicaire général du Saint-Père pour la Cité du Vatican, lors de la messe célébrée ce lundi matin à l’autel de la chaire. Devant lui, quelques membres du monde agricole italien, éleveurs, agriculteurs ou responsables d’associations professionnelles. Des représentants militaires étaient également présents, notamment de la garde républicaine italienne.

Cette année encore, en raison de la pandémie de Covid-19, la traditionnelle «Ferme sous le ciel» n’a pas été installée sur la place Saint-Pierre, comme c’était le cas auparavant. L'impressionnant défilé de chevaux qui avait lieu à cette occasion le long de la Via della Conciliazione a également été annulé. Mais la messe n’était pas pour autant exempte d’une note pittoresque : des produits typiques de régions italiennes ont été amenés lors de la procession des offrandes.

Ne pas se laisser conduire par le marché

Dans son homélie, le cardinal franciscain a aussi rappelé combien le respect, le soin et l'amour sont nécessaires dans les activités agricoles et d'élevage. Il a invité les fidèles à ne pas entrer dans une logique d’exploitation, mais à choisir plutôt celle du don, «qui conduit à recevoir, accueillir, soigner et valoriser ce que Dieu a mis à la disposition, en particulier de l'homme, avec la création». L’archiprêtre de la Basilique Saint-Pierre a ensuite souligné qu'il est nécessaire de valoriser les produits sans esprit consumériste, plaidant pour «un pacte renouvelé entre la politique et le marché» par lequel les associations professionnelles et les politiques guident le marché, et non l'inverse.

Écoute de Dieu dans le réel

Il existe une obéissance due à Dieu en écoutant la nature et les animaux, lesquels ne doivent être sacrifiés ni à l'homme, ni au marché, a poursuivi le cardinal Gambetti, «sinon il arrive que le marché ou l'homme prennent la place de Dieu et exigent des sacrifices en leur honneur». Au contraire, l'obéissance à la réalité, à la nature, à la création, est une sage attitude de l'agriculteur ou de l'éleveur qui reconnaît la création, la nature et l'environnement comme «l'expression d'un don de Dieu dans lequel nous sommes insérés». L'homme et la création sont liés dans une même expérience de vie, de sorte que la création a quelque chose à enseigner à l'homme et vice versa. L'écoute de ce que Dieu dit à travers la création et l'œuvre de l'homme est également essentielle. Enfin, a mis en garde le cardinal italien, «tout ne doit pas être laissé à l'instinct», qui pousse «à rechercher des moyens courts et simplifiés pour réaliser quelque chose».

L'engagement des agriculteurs

«Notre saint patron, Saint Antoine abbé, est notre guide et notre espoir», a déclaré ce 17 janvier Roberto Nocentini, président de l'Association italienne des éleveurs (AIA), venu à cette messe à Saint-Pierre. «Les difficultés persistantes dues à l'urgence pandémique ne nous découragent pas et nous sommes ici pour confirmer notre foi et notre rôle important de gardiens de la Création, garants de l'harmonie entre les hommes et les animaux de la ferme», a-t-il assuré. La fête de saint Antoine, anachorète égyptien né vers 250 après J.-C., est encore aujourd'hui un jour important de festivité et de dévotion pour les éleveurs de la péninsule italienne.